Migration : L'UE lance son nouveau corps de garde-frontières et garde-côtes pour mieux contrôler ses frontières

Publié par DKNews le 07-10-2016, 15h47 | 69

Le nouveau corps européen de garde-frontières et de garde-côtes a été mis en service jeudi à l'occasion d'une cérémonie inaugurale organisée à la frontière entre la Bulgarie et la Turquie, principale voie terrestre d'entrée des demandeurs d'asile.

Le commissaire européen pour la migration, les affaires intérieures et la citoyenneté, Dimitris Avramopoulos qui participait à l'inauguration au poste frontière de Kapitan-Andreevo, a affirmé que ½l'inauguration marque une étape importante dans l'histoire de la gestion des frontières de l'Europe".

C'est exactement la réponse européenne dont nous avons besoin pour faire face aux défis qui se posent en matière de sécurité et de migration au XXIe siècle", a-t-il ajouté lors de cette cérémonie transmise en direct à Bruxelles.

La création d'un corps européen de garde-frontières et de garde-côtes, annoncée par le président de la Commission européenne, Jean Claude Juncker dans son discours sur l'état de l'Union en 2015, fait partie des mesures prévues dans l'agenda européen en matière de migration pour renforcer la gestion et la sécurité des frontières extérieures de l'UE.

Conçu pour suivre les flux migratoires à destination et à l'intérieur de l'Union européenne et d'effectuer une analyse des risques et des évaluations obligatoires de vulnérabilité afin de repérer les points faibles et d'y remédier, ce nouveau corps européen regroupe une Agence européenne de gardes-frontières et de gardes-côtes, provenant des rangs de l'agence Frontex.

Le directeur exécutif de l'Agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes, Fabrice Leggeri, a qualifié la mise en place de ce nouveau corps de ½moment historique", soutenant que cette nouvelle agence ½est plus forte et mieux équipée pour affronter les défis que posent la migration et la sécurité aux frontières extérieures de l'Europe".

Il dispose, selon l'exécutif de l'Union, d'une réserve de gardes-frontières rapidement mobilisable et un parc d'équipements techniques et  pourra faire appel à au moins 1 500 experts qu'il sera possible de déployer en moins de 3 jours.

La mise en service de ce nouveau corps ne dispense pas les Etats membres de leurs responsabilités. Ces derniers continueront à assurer la gestion quotidienne de la frontière extérieure.

Lorsque un Etat membre subit une pression migratoire importante mettant en péril l'espace Schengen et qu'une mesure nationale n'est pas proposée ou n'est pas suffisante, la Commission pourra adopter une décision d'exécution établissant que la situation, sur une portion précise des frontières extérieures, exige une action urgente au niveau européen, a expliqué la Commission européenne.

Cela permettra à l'Agence, a-t-elle poursuivi, d'intervenir et de déployer les équipes du corps européen de gardes-frontières et de gardes-côtes afin de faire en sorte que l'action soit engagée sur le terrain même si l'Etat membre concerné ne peut ou ne souhaite pas prendre les mesures nécessaire.

Rétablir la libre circulation dans l'espace Schengen

Les Etats membres de l'UE ont enregistré un nombre record, de 1,25 millions, de demandeurs d'asile en 2015. Un afflux massif jamais enregistré depuis la seconde guerre mondiale et qui a fait vaciller l'UE et menace encore son unité.

L'afflux de réfugiés en Europe, engagé depuis des décennies, s'est brusquement accéléré avec la crise libyenne qui a ouvert l'accès de la Méditerranée centrale aux migrants africains. Il s'est encore amplifié avec la crise syrienne, ouvrant les routes des Balkans et de la Méditerranée orientale à un nouveau flux massif en provenance du Proche et du Moyen-Orient, mais également d'Afghanistan et du Pakistan.

Ce défi migratoire fait craindre aux Européens un déplacement masqué de criminels, de terroristes et de combattants étrangers qui profiteront de la situation pour se glisser en Europe.

C'est cette crainte qui a motivé la décision des dirigeants européens d'intégrer dans les prérogatives du nouveau corps européen la criminalité transfrontière et le terrorisme dans son analyse des risques. Ce corps doit, ainsi, coopérer à la prévention du terrorisme avec d'autres agences de l'Union et des organisations internationales.

Le nouveau corps européen de garde-frontières et de garde-côtes jouera également un rôle dans le renvoi des migrants en situation irrégulière avec le  déploiement prévu d'équipes d'intervention européennes pour les retours, composées d'escortes, d'observateurs et de spécialistes des questions de retour, qui  s'assureront du retour effectif des ressortissants de pays tiers en séjour irrégulier.

Des experts ont été, ainsi, déployés en Grèce pour aider au renvoi des migrants en situation irrégulière conformément aux dispositions de l'accord controversé UE-Turquie sur les migrants scellé en mars dernier.

La mise en £uvre de la déclaration UE-Turquie a donné de ½bons résultats ", a estimé mardi la Commission européenne qui en veut pour preuve la ½ très forte diminution " du nombre de traversées et de décès depuis l'entrée en vigueur de cette déclaration.

Cependant, le nombre d'arrivées en Italie depuis les côtes libyennes inquiètent, particulièrement, les dirigeants européens qui souhaitent un rétablissement de la libre circulation dans l'espace Schengen dans les plus brefs délais.

La crise inédite qui a frappé l'Europe en 2015 a contraint plusieurs pays, notamment ceux situés sur la route des Balkans à rétablir le contrôle aux frontières intérieures.

Le premier ministre slovaque, Robert Fico, qui exerce la présidence tournante du Conseil de l'UE , a  estimé que la mise en place de ce corps européen de garde-frontières et de garde-côtes, ½ aidera à rétablir l'espace Schengen".