Yémen : La solution au conflit "n’est pas militaire", affirme Londres

Publié par DKNews le 09-10-2016, 17h35 | 54

La solution au conflit au Yémen "n’est pas militaire", a affirmé dimanche le ministère britannique des Affaires étrangères après un bombardement, samedi, dans la capitale yéménite, Sanaa, qui a fait 140 morts et des centaines de blessés.

"Il ne peut y avoir de solution militaire à ce conflit. Nous exhortons toutes les parties à réengager des pourparlers politiques et de mettre en £uvre une cessation des hostilités", a déclaré le ministre britannique pour le Nord Afrique et le Moyen-Orient, Tobias Ellwood, selon un communiqué du Foreign Office. Se disant préoccupé à la suite du bombardement dans le sud de Sanaa, le ministre a indiqué qu’il allait soulever la question avec l'ambassadeur d'Arabie Saoudite à Londres.

M. Ellwood qui s’est également dit consterné par les "scènes choquantes" provoquées par le raid, a demandé que ce dernier bombardement soit traité "en urgence" dans le cadre de l'enquête annoncée par la coalition arabe dirigée par Ryadh.

Un raid aérien de la coalition arabe a fait 140 morts et plus de 500 blessés samedi lors d'une veillée funèbre dans le sud de la capitale yéménite, ont annoncé diverses sources. La coalition menée par Ryadh a nié toute implication.

Les victimes étaient rassemblées pour veiller le corps du père du ministre de l'Intérieur proche des Houthis, Djalal al Roueïchane, mort de causes naturelles, a déclaré Ghazi Ismaïl, ministre de la Santé par intérim.

Le bombardement est l'un des plus meurtriers depuis l'entrée en lice de la coalition menée par l'Arabie Saoudite formée pour enrayer la progression des Houthis et rétablir le président Abd Rabbo Mansour Hadi dans ses fonctions.

Des parlementaires britanniques ont déjà demandé au gouvernement de cesser de vendre des armes à l’Arabie Saoudite, après que des ONG, notamment Amnesty International, aient déclaré avoir des preuves que "les armes de Londres sont utilisées contre les civiles" au Yémen.


Frappes de la coalition arabe au Yémen : Washington menace de revoir sa coopération sécuritaire avec Ryadh

Les Etats-Unis ont annoncé "un examen immédiat" de leur soutien à la coalition arabe chapeauté par le royaume d'Arabie saoudite, accusé par les rebelles Houthis d'avoir sciemment bombardé la foule et semble-t-il, ciblé le ministre de l'Intérieur yéménite proche des Houthis lors des funérailles de son père dans le sud de la capitale Sanaa.

"La coopération sécuritaire avec l'Arabie saoudite n'est pas un chèque en blanc", a déclaré Ned Price, porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche.

"Nous avons débuté un examen immédiat de notre soutien, déjà fortement réduit, à la coalition emmenée par l'Arabie saoudite" au Yémen, a-t-il affirmé.

La coalition emmenée par Ryadh a nié en premier lieu toute implication dans les bombardements qui ont fait 140 morts et 525 blessés samedi, lors d'une veillée funèbre dans le sud de la capitale yéménite, selon la presse.

Afin de prouver sa "bonne foi", la coalition s'est dite prête à associer les Etats-Unis à une enquête "immédiate" sur ces raids. Rassemblées pour veiller le corps du père du ministre de l'Intérieur proche des Houthis, Djalal al Roueïchane, mort de causes naturelles, les victimes ont été ciblées par les avions de la coalition arabe, avait indiqué à la presse Ghazi Ismaïl, ministre de la Santé par intérim.

Le bombardement le plus meurtrier et le plus dénoncé par la communauté internationale depuis le début du conflit et des frappes de la coalition conduite par l'Arabie Saoudite pour stoper la progression des Houthis armés et surtout remettre en selle le président yéménite Abd Rabbo Mansour Hadi le rétablissant dans ses fonctions.

Réactions unanimes

Cette attaque a été, entre autre, dénoncée par Washington, Téhéran, la Croix-Rouge et le coordinateur humanitaire de l'ONU pour le Yémen.

"Profondément troublés", les Etats-Unis, indéfectibles alliés de Ryadh, ont annoncé le réexamen de leur soutien à la coalition. "La coopération sécuritaire des Etats-Unis avec l'Arabie saoudite n'est pas un chèque en blanc", a affirmé Ned Price, porte-parole du Conseil de sécurité nationale à la Maison Blanche.

L'objectif de la coalition arabe est de rétablir l'autorité du gouvernement yéménite reconnu par la communauté internationale sur l'ensemble du pays, en partie contrôlé par les rebelles Houthis (chiites), qui se sont emparés de Sanaa il y a deux ans, ne cessent de rappeler la communauté internationale.

Depuis le début du conflit en mars 2015, des centaines de civils ont été des victimes collatérales de raids aériens attribués à la coalition sous commandement saoudien.

L'Iran "a condamné fermement les frappes" saoudiennes, les qualifiant de "crime épouvantable contre l'humanité", a insisté le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Bahram Ghasemi,
Le CICR (Comité international de la Croix-Rouge s'est dit, dans un communiqué, "horrifié" par ces nouvelles pertes "monstrueuses" de vies civiles. Robert Mardini, son directeur pour le Moyen-Orient, a indiqué que le CICR faisait son possible pour apporter des secours aux civiles.

Le coordinateur humanitaire de l'ONU au Yémen, Jamie McGoldrick, a pour sa part affirmé que "la communauté humanitaire du Yémen est choquée et scandalisée par les raids aériens qui ont visé une salle publique où des milliers de personnes participaient à une cérémonie funéraire".

Ces personnes étaient venues présenter leurs condoléances pour la mort du père du "ministre de l'Intérieur" proche des Houthis, Jalal al-Rouichène. Le maire de la capitale Sanaa, Abdel Qader Hilal, figure parmi les morts, a indiqué Al-Masirah, la chaîne TV contrôlée par les Houthis. Il n'est pas exclu que d'autres hauts responsables rebelles aient été tués samedi, selon la même source.

"Un avion a tiré un missile contre la salle, et quelques minutes après, un deuxième appareil a bombardé le site", a indiqué un témoin, qui s'est identifié par son prénom, Moujahid, cité par les médias. Le général Jalal al-Rouichène, qui avait été nommé ministre de l'Intérieur par le président Abd Rabbo Mansour Hadi, est resté en poste après la prise de contrôle par les rebelles de la capitale Sanaa en septembre 2014.

Les Houthis promettent de "répondre à ce crime"

L'attaque "ne restera pas impunie", a prévenu le "Conseil politique suprême", mis en place récemment par les Houthis et leurs soutiens, les partisans de l'ex-président Ali Abdallah Saleh. Il a appelé ses partisans à "user de tous les moyens pour répondre à ce crime".

Le Conseil a en outre appelé les Yéménites à participer dimanche à une manifestation populaire devant le bureau de l'ONU à Sanaa pour protester contre "les crimes de guerre" de la coalition. Le rassemblement a été baptisé "Volcan de la colère".

Gouvernement Abd Rabbo : en quête d'une autorité perdue

Le gouvernement yéménite, qui avait dû fuir le pays en février 2015, tente actuellement de regagner le terrain perdu, avec l'appui de la coalition arabe. Il a renforcé ses positions dans le sud, mais peine à reconquérir les régions du nord. Des tentatives de favoriser un règlement politique ont échoué en août dernier lors de pourparlers de paix inter-yéménites sous l'égide de l'ONU au Koweït.

Vendredi, le médiateur de l'ONU Ismaïl Ould Cheikh Ahmed avait évoqué la possibilité d'instaurer une trêve de 72 heures, mais c'était avant le carnage de Sanaa.