Ouragan Matthew en Haïti : Le bilan partiel s'alourdit à 473 morts

Publié par DKNews le 12-10-2016, 15h00 | 64

L'ouragan Matthew a causé la mort d'au moins 473 personnes en Haïti lors de son passage la semaine dernière, selon un bilan encore provisoire de la protection civile diffusé mardi, alors qu'un deuil national de trois jours a été décrété à partir de dimanche.Le département de la Grande Anse, qui a été directement traversé par l'ouragan, est le plus touché: les autorités y ont recensé 244 morts et 97 blessés.

Selon la protection civile haïtienne, 75 personnes sont toujours portées disparues et plus de 330 personnes ont été blessées dans le pays.

Le précédent décompte, lundi matin, faisait état d'au moins 372 morts. Plus de 175.500 Haïtiens sinistrés sont encore aujourd'hui réfugiés dans des abris provisoires, dont de nombreuses écoles, ce qui a empêché près de 100.000 enfants de reprendre lundi les cours comme prévu par le ministère de l'Education.

Face à l'ampleur des pertes humaines et des destructions, le président provisoire de la République Jocelerme Privert a décrété samedi trois jours de deuil national à compter de dimanche.

Au moins 1,4 million de personnes, sur une population nationale estimée à 10,3 millions, ont besoin d'une assistance d'urgence, a relevé lundi Ban Ki-moon, secrétaire général de l'ONU.

Toute la partie méridionale du pays a été noyée sous des pluies diluviennes et secouée par des vents très violents, pendant de longues heures. Matthew était alors en catégorie 4, avec des vents de 230 km/h.

Au-delà des destructions, les autorités et organisations humanitaires redoutent une importante recrudescence du choléra en raison des grandes inondations et du cruel manque d'accès à l'eau potable et à des produits d'hygiène dans les zones sinistrées.
 
L'aide médicale extérieure n'est pas nécessaire après l'ouragan

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) demande un renforcement des structures sanitaires haïtiennes à la place d'une intervention médicale extérieure, estimée inutile pour gérer la crise humanitaire en Haïti après le passage de l'ouragan Matthew, a indiqué mardi son représentant en Haïti.

«Les meilleures personnes pour aider les Haïtiens ce sont les Haïtiens. Il y a des personnes qui sont sans travail dans le pays: encouragez à ce que ces personnes aient un emploi et puissent aider leur population», a déclaré Jean-Luc Poncelet lors d'une conférence de presse. Rétablir les structures de santé dans les zones affectées est la priorité.

Les hôpitaux de Jérémie et des Cayes ont été touchés mais peuvent néanmoins accueillir des patients. «Les équipes y fonctionnent mais dans des conditions extrêmement pénible avec des limitations en énergie électrique, en accès à l'eau et en intrants» (médicaments, pansements, etc), a témoigné M. Poncelet.

La crise humanitaire provoquée par le passage dévastateur de l'ouragan Matthew en Haïti suscite un élan de solidarité à l'échelle mondiale mais l'OMS veut rationaliser l'aide à hauteur des besoins réels.

«Les ONG sont présentes ici depuis de très nombreuses années: il faut donner priorité aux institutions qui travaillent déjà dans le pays. Elles parlent créole et français, elles connaissent les gens et donc elles sont les plus efficaces», a-t-il souligné.

Contrairement à la situation post-séisme en 2010, le pays est aujourd'hui en mesure de traiter les victimes, qu'il s'agisse des blessés pendant l'ouragan ou de l'action urgente pour éviter une flambée du choléra.

«Les médicaments mobilisés pour le moment sur demande du ministère de la Santé vont suffire pour les semaines qui viennent», a assuré M. Poncelet. Car, à cause des importantes inondations liées à l'ouragan, le choléra est la plus grande préoccupation des autorités et de la communauté humanitaire.
Près de 150 cas suspects ont été recensés dans le département de la Grande Anse, sur la trajectoire directe de Matthew, alors que le Sud a enregistré une cinquantaine de cas.

L'OMS a annoncé mardi l'envoi d'un million de doses de vaccin en Haïti. «Il n'y a pas de raison de vacciner l'entièreté de la population: c'est un vaccin qui est en quantité faible dans le monde et qu'on doit utiliser très précieusement», a précisé M. Poncelet.

La campagne de vaccination devrait débuter rapidement mais ne pourra suffire seule à endiguer l'épidémie. L'accès à l'eau potable est un impératif mais c'est un défi de taille car, selon l'ONU, 42% des Haïtiens n'avaient pas un accès sûr à l'eau potable avant Matthew.

Après l'ouragan, le président haïtien veut que l'aide soit temporaire

Le président provisoire haïtien Jocelerme Privert qualifie le passage de l'ouragan Matthew de «désastre écologique» et assure que les sinistrés vont être aidés, tout en estimant que la période d'urgence humanitaire doit être temporaire.

«Ce que j'ai constaté de visu à travers les trois survols que j'ai fait, c'est un véritable désastre écologique dans le département de la Grande Anse», a déclaré mardi Jocelerme Privert à plusieurs médias étrangers, dont l'AFP.

Situé sur la trajectoire directe de l'ouragan, ce département du sud-ouest d'Haïti a été le plus affecté: les autorités y ont recensé 244 morts et 97 blessés.

Au total, selon le dernier bilan mardi de la protection civile haïtienne, il y a au moins 473 morts et 75 disparus. A cause des très nombreuses maisons détruites et des inondations, plus de 175.500 sinistrés se trouvaient encore mardi dans des refuges temporaires. Ceci pile une semaine après l'arrivée de l'ouragan sur le pays.

«Les gens qui sont dans les abris, il faut les nourrir, leur donner de l'eau à boire. Il faut leur donner des médicaments pour éviter cette propagation du choléra», a affirmé M. Privert. Près de 150 cas suspects de choléra ont été recensés depuis une semaine dans le département de la Grande Anse, et une cinquantaine dans celui du Sud.

Le président provisoire a assuré que les populations sinistrées allaient recevoir de l'aide mais, dans le même temps, il a affirmé ne pas vouloir pérenniser l'assistance humanitaire.

«Si nous persistons à apporter de l'aide alimentaire urgente aux personnes victimes, sans prendre des mesures pour les recapitaliser, pour qu'il y ait une circulation d'argent dans les régions affectées, le risque d'un exode vers les grandes villes est toujours là», a prévenu M. Privert.