L'emploi des jeunes en milieu rural nécessite plus d'attention

Publié par DKNews le 14-10-2016, 18h49 | 47

La prise en charge de la problématique de l'emploi de jeunes en milieu rural est «insuffisante» ont estimé jeudi à Alger des experts qui recommandent de lancer une réflexion nationale pour faciliter l'accès de cette frange de la population à un emploi décent.

Les jeunes ruraux font face à la précarité de l'emploi et au problème de sous-emploi, constatent des experts nationaux ayant réalisé une étude diagnostic dans le cadre d'un projet régional encadré par la FAO sur «la promotion de l'emploi agricole décent des jeunes en milieu rural dans les pays du Maghreb», présentée lors d'un atelier national.

Le taux de chômage des jeunes ruraux (15-24ans) a atteint 7,5% en 2015 en Algérie.
«C'est une catégorie ignorée par les dispositifs de soutien à l'emploi», regrette Saïb Musette, sociologue et directeur de recherche au Centre de recherche en économie appliquée pour le développement (CREAD).

Or, cette population pourrait constituer une main d'oeuvre pour réussir le développement de l'agriculture et la diversification de l'économie nationale, estime ce chercheur mettant exergue la faiblesse des agences d'intermédiation en milieu rural.

Le taux de chômage en milieu rural est de 8,2% en Algérie, a-t-on indiqué lors des travaux de cette rencontre.

L'instabilité de l'emploi, l'absence de la couverture sociale sont parmi les facteurs qui poussent les jeunes à quitter leur travail, alors que 70% de ces jeunes ruraux travaillent dans l'informel.
Autre fait «inquiétant» relevé par les chercheurs, le taux élevé des jeunes ruraux inactifs.

D'après les statistiques présentées dans cette étude, 27,1% des jeunes (15-24ans) sont inactifs, c'est-à dire, ne sont ni à l'école, ni en formation ni sur le marché du travail.
A l'échelle nationale, ce taux se situe à 21,5% dont 34,6% sont des femmes.

Ce segment de la population est considéré comme étant un facteur nuisible à la société et à l'économie, selon ce chercheur.

«C'est une population à risque en plus elle ne bénéficie pas de couverture sociale ni médicale.
Pour moi c'est un danger», a indiqué M. Musette, soulignant que ce problème devient de plus en plus inquiétant pour beaucoup de pays dans le monde.

«Il est nécessaire de lancer une réflexion et une concertation nationale entre tous les secteurs sur l'amélioration de l'employabilité des jeunes en milieu rural», estime-t-il.

Comment attirer les jeunes vers l'agriculture

Bien que l'agriculture en Algérie est un secteur d'opportunité pour les jeunes, ces derniers fuient cette activité en raison de son caractère informel, des conditions de travail difficiles et parfois dangereuses, l'absence de couverture sociale et l'instabilité.

Pourtant, cette jeunesse devrait être le moteur du développement de l'agriculture, un secteur classé prioritaire dans la politique de diversification de l'économie nationale.

«Nous avons besoin des études de recherche pour expliquer les raisons qui poussent nos jeunes à se désintéresser du secteur agricole», suggère un représentant de l'Union nationale des paysans algériens (UNPA).

Il propose dans ce sens la création de conditions de travail adéquates aux jeunes en prenant en compte les évolutions technologiques que connaît la société en matière de communication.
Les participants à cet atelier ont mis l'accent aussi sur l'importance de la formation des jeunes en milieu rural et le suivi des diplômés sur le marché du travail.

Le défi de l'emploi et de l'inclusion des jeunes dans la vie économique et sociale «est l'un des plus importants défis communs aux quatre pays du Maghreb (Algérie, Tunisie, Maroc et Mauritanie)», estime Nabil Assaf, représentant de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) à Alger.

Le projet régional encadré par la FAO sur l'emploi agricole décent des jeunes dans les pays du Maghreb initié par la FAO à la demande de l'UMA vise à faire un état des lieux sur la problématique de l'emploi dans le milieu rural, puisque les chiffres montrent que l'emploi agricole en milieu rural nécessite plus d'attention, a expliqué M. Assaf.

D'après Saïd Helal, expert dans le bureau sous-régional de la FAO, la situation de l'emploi de jeunes en milieu rural est semblable dans les quatre pays de l'UMA.
La Tunisie affiche le taux de chômage des jeunes le plus élevé (plus de 31%), l'Algérie (25%), le Maroc (21%) et 18% en Mauritanie.

«Nous voulons connaître la problématique et essayer d'inciter les différentes institutions à réfléchir ensemble afin de dégager de nouvelles opportunités qui attirent les jeunes dans le milieu agricole en utilisant les technologies nouvelles», a indiqué M. Helal.

Ce dernier regrette la «banalisation du secteur agricole par rapport aux autres secteurs» et suggère aux institution de faire preuve d'innovation sociale pour valoriser le potentiel des régions rurales.

La prochaine étape du projet sera l'organisation d'un atelier régional pour valider les études diagnostic de tous les pays concernés avant d'appliquer les méthodes et outils de mise en oeuvre des recommandations de ces ateliers.