Le règlement de la situation à Alep sera difficile à atteindre si un distinguo entre opposition modérée et terroristes n'est pas effectué le plus rapidement possible, estiment les autorités russes qui voient dans cette démarche, un pas important vers l'instauration d'un cessez-le-feu permanent dans cette ville syrienne assiégée depuis près de trois mois.
Convaincue de sa démarche, Moscou a créé un groupe de spécialistes chargé justement de différencier entre ce qu'elle considère "combattants de l'opposition" modérée et ceux appelés terroristes en Syrie, a annoncé mardi soir le ministre de la Défense russe, Serguei Choigou.
Il s'agit d'un groupe d'experts russes chargés de faire ce distinguo, et qui commence ses travaux le 19 septembre à Genève. L'objectif à travers cette opération est de permettre d'évacuer les unités de l'opposition modérée bloquées dans la partie est d'Alep.
Auparavant, l'ambassadeur permanent de Russie auprès de l'Onu Vitali Tchourkine avait abondé dans le même sens en déclarant que le cessez-le-feu à Alep pourrait devenir permanent "si l'on réussissait à séparer les forces de l'opposition modérée au gouvernement syrien" des terroristes appartenant aux "organisations terroristes".
Sur le terrain, la situation demeure tendue.
Même si L'Etat-major général des Forces armées russes a annoncé le début d'une pause humanitaire à Alep le 20 octobre prochain.
Ce mercredi, la porte parole du ministère russe des Affaires étrangères Maria Zakharova a dénoncé "une frappe effectuée récemment dans la province d’Alep où opérait l’aviation belge, contre la localité syrienne de Hassadjek, qui a fait six morts et plusieurs blessés".
"Nous nous attendons à des déclarations du Département d'Etat condamnant fermement ces frappes qui ont tué des civils et causé des dommages.
A mon avis, il ne devrait pas être difficile d'obtenir des photos des victimes afin de lancer une campagne appropriée sur la chaîne CNN", a publié Mme Zakharova sur sa page Facebook.
Sur plan diplomatique, une réunion de travail sur la Syrie est prévue aujourd'hui mercredi à Berlin entre les présidents français et russe François Hollande et Vladimir Poutine et la chancelière allemande Angela Merkel mercredi à Berlin.
Cette réunion intervient dans le sillage de l'annonce, lundi dernier, par l'Etat-major général des Forces armées russes d’une pause humanitaire à Alep le 20 octobre prochain, de 8 à 16 heures (heure locale).
Cette décision a été prise par Moscou et Damas "avant tout pour permettre aux civils de quitter (la ville) en toute liberté, pour évacuer les malades et les blessés et assurer le retrait des rebelles armés".
Deux couloirs humanitaires, dont un passant sur la route du Castello, devraient être ouverts jeudi pour le retrait des combattants, et six autres pour l'évacuation des civils, selon le général Roudskoi qui a assuré que l'armée russe était "prête à cesser le feu à n'importe quel moment, dès la première demande des organisations humanitaires, pour assurer un accès sans entrave pour le personnel médical dans la ville" ravagée.
Le général russe avait également dénoncé des tirs "systématiques" des groupes armés visant des écoles, des mosquées et des marchés à Alep, qui ont fait "plus de 130 morts parmi les enfants depuis début septembre", selon l'armée russe.
Alep, deuxième ville de Syrie et un enjeu majeur du conflit, est divisée depuis 2012 entre des quartiers Est tenus par les opposants et des quartiers ouest sous contrôle gouvernemental.
Les quartiers rebelles et leurs quelque 250.000 habitants sont soumis depuis le 22 septembre à un déluge de bombardements aériens. La guerre en Syrie a fait 300.000 morts depuis son déclenchement en mars 2011.