Médéa : L'Art tunisien à l’honneur du 12e atelier de calligraphie arabe

Publié par DKNews le 29-10-2016, 17h10 | 53

La calligraphie tunisienne, qui s’est engagée depuis peu dans une quête d’identité patrimoniale destinée à valoriser le style d’écriture maghrébin, est à l’honneur du 12e atelier de calligraphie arabe, qui s’est ouvert samedi à la maison de la culture Hassan-el-Hassani de Médéa.

Huit membres de l’association tunisienne de calligraphie, parmi lesquels Abdeslam Bejaoui, son président, Rachida Dimassi, doctorante en science du patrimoine, Ameur Bendjadou, calligraphe et chercheur, et Mokhtar Ali, un calligraphe représentant la nouvelle génération d’artistes tunisien, ont fait le déplacement à Médéa pour exposer l’expérience de leur pays dans le domaine.  

La présence à cet atelier, décliné sous le slogan "passerelles calligraphiques et ornementales, entre l’Algérie et la Tunisie", est une opportunité, selon le président de l’association des calligraphes tunisiens pour renforcer, d’une part, les échanges entre les artistes des deux pays, et de vulgariser, d’autre part, des styles d’écriture, innovants et créatifs, expérimentés par des calligraphes tunisiens, tels que l’écriture en "une touche", inspirée du style américain "one stroke", ou la décoration calligraphique des objets.

L’atelier de calligraphie arabe, qui a regroupé, à l’occasion de cette édition, une soixantaine de calligraphes venus de vingt-deux régions différentes, est un cadre idéal pour la promotion du style "Koufi Kairaouani", que des calligraphes tunisiens tentent, depuis plusieurs années, de réintroduire à travers des recherches et des travaux qui mettent en valeur ce style, né vers le 4è siècle de l’hégire, a indiqué à l’APS le calligraphe et chercheur Ameur Bendjadou.  

Ce calligraphe, qui a consacré plusieurs années à effectuer des recherches sur le sujet, est parvenu, en 2006, à élaborer un manuel codifiant les techniques et les méthodes relatives au styles "Koufi Kairaouani", qui se distingue du style "Koufi" traditionnel, apparu durant la deuxième décade de l’ère islamique, et connu par ses proportions mathématiques et sa géométrie complexe.

A la base de cette longue quête d’identité patrimoniale, un ancien manuscrit du Saint Coran, exposé aujourd’hui à la mosquée Kaiaouane, écrit, selon les anciens chroniqueurs, par "Doura la scribe", une servante koreichite, venue s’installer dans la région vers le 4e siècle de l’hégire.

Ce manuscrit, considéré comme l’un des joyaux du patrimoine tunisien, sert de référence aux calligraphes tunisiens qui cherchent à valoriser ce style maghrébin et à mettre en exergue sa particularité esthétique, d’après Rachida Dimassi, doctorante en science du patrimoine, qui déplore la tendance des calligraphes à l’imitation des styles en vogue en Orient au lieu de valoriser et d’explorer le style d’écriture propre aux régions du Maghreb, qui offre plus de possibilité d’innovation et de créativité.