Khier Chouar et Guellouli Bensaâd, 2 nouvellistes algériens à découvrir

Publié par DK News le 02-11-2016, 14h28 | 55

Les écrivains Khier Chouar et Gellouli Bensâad offrent deux exemples de la manière d'aborder la nouvelle, un genre qui a été mis en avant par de nombreux éditeurs algériens au 21e Salon international du livre d'Alger (Sila). Dans son nouveau recueil en langue arabe «Moghlak Aw Kharidj Madjal At-Taghtia», Khier Chouar manie d'une main de maître l'art de la nouvelle, abordant des thèmes comme la folie et le rêve ou évoquant des textes de grands auteurs de la littérature universelle.

Dans ce recueil de douze nouvelles- paru chez Mim et dont le titre peut être traduit par «Eteint ou en dehors de la zone de couverture»- le nouvelliste raconte avec sobriété autant d'histoires, à la fois dramatiques et divertissantes, truffées de symboles et de délires hallucinatoires. Dialogue d'enfants, d'apparence innocent, mais à haute teneur politique, histoire cruelle de poupées animées, ou récit d'une folie empruntant son langage à la messagerie vocale téléphonique, autant de textes aux atmosphères étranges à découvrir dans ce recueil.

Les lecteurs avertis y apprécieront, par ailleurs, la maturité technique et linguistique que met en oeuvre l'écrivain pour conférer à ces nouvelles fluidité et simplicité, loin de toute expérimentation inutile ou rebondissements injustifiés. L'auteur réserve par ailleurs une part importante de son livre à l'évocation d'écrivains comme le Colombien Gabriel Garcia Marquez, l'Argentin Jorge Luis Borges et le Japonais Yasunari Kawabata.Il  fait dialoguer dans ces textes les oeuvres de ces auteurs qui ont légué à la postérité de grands recueils nouvelles, tout comme il invoque, dans d'autres, les personnages principaux des Mille et Une Nuits.

Journaliste culturel et collaborateur de presse en ligne, Khier Chouar a déjà publié des romans, des recueils de nouvelles et des écrits dans les médias. L'écrivain et critique Gellouli Bensaâd publie, lui, «Sadr El Hikaya», un recueil en langue arabe de nouvelles peuplées de marginaux, explorant l'univers de la campagne algérienne. Dans ce livre édité par «Dar El Kalima» et dont le titre peu être traduit par «Le coeur du récit», l'écrivain plonge dans les bas-fonds d'une ruralité décrite avec force détails et avec une attention particulière aux spécificités culturelles de l'environnement qu'il met en scène. Histoires de fous et d'illuminés détenteurs de la sagesse villageoise, d'amoureux trahis ou encore de femmes rejetées parce que violées durant les années de violence terroriste, autant de récits qui composent le recueil. Cette dernière période tragique de l'histoire de l'Algérie est également au coeur d'autres nouvelles du recueil qui réserve, par ailleurs, un place importante à l'évocation d'un passé plus lointain, convoqué par l'auteur lorsqu'il s'agit de parler de la cohabitation des religions en Algérie. Tous ces thèmes confèrent ainsi à «Sadr El Hikaya» des allures de critique sociale où le réalisme du récit et la profondeur psychologique des personnages servent à dénoncer la perte des valeurs les plus nobles et l'isolement existentiel des individus. Considéré comme un des critiques littéraires les plus actifs de la scène culturelle algérienne, Gellouli Bensaâd a déjà publié des essais, notamment sur la lecture et l'identité en plus de précédents recueils de nouvelles.
APS