Après l'adoption d'une nouvelle Constitution : La Côte d'Ivoire s'apprête à entrer dans sa 3e République

Publié par DKNews le 02-11-2016, 16h38 | 31

Les Ivoiriens ont adopté à une très large majorité de 93.42% le projet de nouvelle Constitution soumis à référendum, un texte qui devrait permettre à la Côte d'Ivoire de tourner la page d'une décennie de crise politico-militaire et d'entrer dans sa 3e République.Malgré le boycottage de l'opposition, le «Oui» à la nouvelle constitution ivoirienne a remporté une victoire écrasante avec 93,42% des suffrages au référendum de dimanche qui a recueilli un taux de participation moyen de 42,42%, selon les chiffres de la Commission électorale.

Les partisans du «Non» ont quant à eux récolté 6.58 % des suffrages, d'après la même source.
La Côte d'Ivoire va donc entrer dans sa 3e République, une fois les résultats validés par le Conseil Constitutionnel.

En août 2000, six mois après le coup d'Etat de 1999, la deuxième Constitution ivoirienne avait recueilli 87% de «oui» pour un taux de participation de 56% (le scrutin s'était déroulé sur deux jours).
Fin de l'«ivoirité»

Voulue par le président Alassane Ouattara, la nouvelle Constitution devait permettre, selon le pouvoir, de tourner la page d'une décennie de crise politico militaire notamment en évacuant le concept d'«ivoirité», permettant de clarifier les conditions d'éligibilité du président. Le projet prévoit aussi la création d'un poste de vice-président.

En outre, ce texte crée un Sénat, institutionnalise la Chambre des rois et chefs traditionnels et étend le domaine de compétence du Conseil économique et social à l'environnement. Ses détracteurs avaient reproché à M. Ouattara son origine burkinabè et contesté son éligibilité (il n'avait pu se présenter que grâce à un décret).

Ce concept d'«ivoirité», qui visait les étrangers, notamment ceux originaires du Burkina Faso, a miné la stabilité du pays pendant plus de dix ans. Le pouvoir «fier», l'opposition invoque des «cas de corruption»

«Plus de 90%! C'est un sentiment de joie et de fierté. Les Ivoiriens ont compris qu'il fallait tourner la page de nos turpitudes, qu'on sorte de cette Constitution qui nous a amené la guerre pour entrer dans la 3e République pleins d'espoir», a réagi Joël N'Guessan, le porte-parole du Rassemblement des républicains (RDR), le parti du président Ouattara.

«Je dis bravo aux Ivoiriens: le score de 42% (de participation) est honorable», a-t-il ajouté, réfutant fermement l'opposition qui avait annoncé des chiffres de participation inférieurs à 10%: «Ce sont des chiffres sortis de leur laboratoire à mensonges!».

De son côté, Pascal Affi Nguessan, le président du principal parti d'opposition, le Front populaire ivoirien (FPI) fondé par l'ancien président Laurent Gbagbo, a lui déclaré: «Ce sont des chiffres manifestement truqués qui ne correspondent pas à la réalité.

Nous avons tous été témoins du désert électoral (de dimanche)». «Il a évoqué des cas de «corruption et de bourrage d'urnes», assurant que ce «résultat ne nous concerne pas. La participation ne dépasse pas 10%.

La bataille à venir c'est de mobiliser pour conquérir l'Assemblée nationale (lors des législatives à venir, dont la date n'est encore non fixée mais avant la fin de l'année) pour abroger» la nouvelle Constitution «et faire rempart à l'exécutif».

Lundi, la Plateforme des organisations de la société civile pour l'observation des élections en Côte d'Ivoire (POECI) a estimé que «l'élection s'est globalement bien déroulée en dépit de quelques incidents signalés par les observateurs».

Des groupes de jeunes ont toutefois perturbé le processus de vote, saccagé ou emporté du matériel électoral dans plusieurs villes.

Le ministre ivoirien de l'Intérieur, Hamed Bakayoko, avait parlé dimanche d'incidents dans une «centaine de bureaux de votes» sur un total de quelque 20.000.