Paludisme: Un nouveau marqueur associé à la résistance aux traitements actuels

Publié par DK News le 05-11-2016, 15h01 | 29

Des chercheurs ont trouvé un nouveau marqueur permettant de repérer les parasites du paludisme qui résistent à certains des médicaments les plus utilisés.
Provoqué par des parasites du genre Plasmodium, notamment Plasmodium falciparum, le plus mortel, le paludisme touche quelque 200 millions de personnes et est à l'origine de plus de 400.000 décès chaque année dans le monde, surtout en Afrique subsaharienne, selon des chiffres de l'Organisation mondiale de la santé (OMS).
Il n'existe pour l'instant aucun vaccin contre cette maladie et les patients sont généralement traités par des dérivés de l'artémisinine, administrés en combinaison avec d'autres médicaments anti-paludéens.
Près de trois ans après avoir découvert un marqueur capable de détecter la résistance à l'artémisinine, des chercheurs de l'Institut Pasteur se sont penchés sur la résistance à la pipéraquine, un traitement souvent utilisé en combinaison avec l'artémisinine.
Ils ont travaillé sur des formes très résistantes de paludisme apparues au Cambodge, où les traitements affichent des taux d'échecs pouvant atteindre jusqu'à 60% dans certaines régions.
Dans une étude publiée vendredi par une revue spécialisée, ils ont montré que la résistance à la pipéraquine était liée à la présence sur certains parasites du paludisme d'une signature moléculaire (se traduisant par l'augmentation du nombre de copies de deux gènes spécifiques).
Lorsque les parasites possédaient en plus la mutation du gène K13 qui les rend résistants à l'artémisinine, le risque d'échec des traitements était multiplié par 20, selon les chercheurs.
Une des principales craintes des scientifiques est que les parasites résistants aux traitements les plus récents contre le paludisme se propagent à l'Afrique subsaharienne, comme ce fut le cas dans le passé avec ceux résistants aux traitements à base de chloroquine. Pour l'instant les résistances se limitent à l'Asie du sud-est, et plus particulièrement au Cambodge et à la Thaïlande.
"Bien qu'elle soit actuellement limitée au Cambodge, la résistance à la pipéraquine est une source de préoccupation majeure parce que les patients qui souffrent du paludisme sont devenus pratiquement incurables", souligne le Dr Didier Ménart, de l'Institut Pasteur au Cambodge, qui a dirigé l'étude. "En surveillant le marqueur de la résistance à la pipéraquine en temps réel en Asie du sud-est, nous pourrons identifier les zones où les traitements combinés artémisinine-pipéraquine ne sont pas efficaces, ce qui permettrait de recommander immédiatement des thérapies alternatives comme l'artésunate-méfloquine", indique de son côté le Dr Rick Fairhurst, des Instituts nationaux de santé américains, qui a publié une étude similaire sur le sujet dans la même revue scientifique.