
La ville libyenne de Syrte a été totalement libérée du groupe terroriste autoproclamé «Etat islamique» (Daech/EI) par les forces du gouvernement d'union nationale (GNA), qui pourrait profiter de cette victoire pour renforcer sa position et asseoir son autorité dans le pays.
La «victoire» à Syrte a été annoncée lundi par le GNA, qui a salué «le retour» de la ville dans le giron de l'Etat.
«Nos forces ont repris le contrôle total de Syrte», a précisé un porte-parole de l'opération militaire, faisant état d'«un effondrement total» des terroristes, dont des «dizaines» se sont rendus.
La ville portuaire de Syrte, située à 450 km à l'est de Tripoli, avait été prise en juin 2015 par l'EI quand le groupe terroriste avait été chassé de Derna, son premier fief libyen, à l'issue d'affrontements avec des milices armés dans la région.
Près d'une année plus tard, les forces du GNA lancent une vaste offensive pour reprendre Syrte et le 9 juin, elles entrent dans la ville et assiègent les terroristes.
Début août, les Etats-Unis débutent, à la demande du GNA, une campagne de frappes aériennes: plus de 470 ont été effectuées au 1er décembre par des avions, des drones ou des hélicoptères, selon l'armée américaine.
Les combats pour la reprise de la ville ont fait près de 700 morts et 3.000 blessés dans les rangs des forces progouvernementales, selon des chiffres officiels. Le nombre de terroristes tué n'est pas connu.
Volonté du GNA de renforcer sa position.
Cette victoire contre Daech est l'occasion pour le GNA du Premier ministre Fayez al-Sarraj d'asseoir son autorité dans un pays dévasté par les conflits depuis la chute de Maammar El Gueddafi en 2011.
Soutenu par la communauté internationale, cet exécutif d'union installé dans la capitale Tripoli, devait remplacer les deux «gouvernements» qui se disputaient le pouvoir en Libye depuis près de deux ans, l'un basé dans l'Est et l'autre à Tripoli.
Mais le GNA reste contesté par des autorités parallèles, particulièrement par le général controversé libyen Khalifa Haftar.
Il s'agit également pour le gouvernement d'union nationale libyen d'éviter que la crise politique et les luttes entre factions et milices dans le pays puisse bénéficier une deuxième fois au groupe Daech pour s'implanter ailleurs dans le pays.
Le nombre de terroristes de l'EI encore en Libye est inconnu. Néanmoins, des sources concordantes affirment qu'ils étaient entre 5.000 et 7.000 il y a quelques mois et qu'ils ne dépassaient pas le millier lors de l'offensive sur Syrte.
Appels répétés à une issue politique de la crise libyenne
La communauté internationale a régulièrement appelé à privilégier les voies du dialogue pour un règlement de la crise politique et sécuritaire en Libye.
Pour sa part, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, s'est dit mardi «profondément préoccupé par la lenteur des progrès accomplis» dans l'application de l'Accord politique libyen qui a entraîné une détérioration des conditions de sécurité.
Dans son rapport sur la Mission d'appui des Nations Unies en Libye (Manul) qui doit être présenté au Conseil de sécurité, il relève que «l'occasion créée par cet accord risque bientôt d'échapper», à la communauté internationale.
Ban Ki-moon a lancé un appel à toutes les parties prenantes libyennes, en particulier celles qui ne participent pas pleinement au processus, pour collaborer avec le Conseil de la présidence afin de régler les questions en suspens.
Vendredi, l'émissaire de l'ONU pour la Libye, Martin Kobler, avait appelé à la fin des combats entre milices rivales à Tripoli, où les violences ont fait au moins huit morts en vingt-quatre heures, notant qu'«il est tout à fait inacceptable que les groupes armés se battent pour faire valoir leur intérêt et leur influence, en particulier dans les zones résidentielles, terrorisant la population».
Des affrontements quasi-quotidiens opposent des groupes armés qui se livrent depuis 2011 à une lutte d'influence empêchant les gouvernements successifs de rétablir l'ordre dans le pays.
Le même jour, le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, déclarait que la solution en Libye ne peut être que diplomatique, relevant que «plusieurs pays» ont déployé ces derniers mois d»'importants efforts» pour «persuader» le général Haftar de s'asseoir à la table de négociations.
Le département d'Etat réagissait à la visite éclair de Haftar à Moscou dans une tentative de chercher le «soutien miliaire» de la Russie, en réaffirmant que le gouvernement d'union nationale libyen était le seul bénéficiaire légitime de l'aide sécuritaire internationale tel que souligné dans l'accord de Vienne autorisant une exemption de l'embargo sur la livraison d'armes à la Libye.
L'Algérie, à l'instar d'autres pays, prône aussi «la solution politique, le dialogue et la réconciliation nationale» pour le règlement du dossier libyen.
Le ministre des Affaires maghrébines, de l'Union africaine et de la Ligue des Etats arabes, Abdelkader Messahel, avait souligné lors d'une rencontre en octobre avec Martin Kobler, que «le peuple libyen était en mesure de résoudre ses problèmes à la faveur d'un véritable dialogue loin de toute ingérence».
Il a également mis à profit un entretien avec le chef du gouvernement libyen Faïz al-Serradj au 4ème sommet Afrique-Monde arabe à Malabo, pour réitéré «la position constante» de l'Algérie «à la dynamique de paix initiée dans ce pays frère et voisin, fondée sur la solution politique, le dialogue inclusif et la réconciliation nationale dans le cadre du respect de sa souveraineté nationale, de son intégrité territoriale et de sa cohésion nationale».