L'Irak en 2016: Daech affaibli, un pays face à de nombreux défis

Publié par Dk News le 22-12-2016, 15h01 | 40

L'année 2016 en Irak aura été celle du net recul de l'organisation terroriste Daech sur le terrain et de la reconquête de plusieurs villes stratégiques par Baghdad qui devra, toutefois, résoudre une multitude de défis aussi bien politiques et militaires qu'humanitaires.

Le groupe ultra-radical autoproclamé "Etat islamique" (EI, Daech) dont l'irruption violente avait surpris le monde en juin 2014, date à laquelle il a choisi Mossoul pour proclamer son califat, a continué cette année à perdre les territoires qu'il contrôlait, un déclin qui avait déjà été amorcé fin 2015 avec la perte de Ramadi, capitale de l'immense province occidentale d'Al-Anbar en Irak.

En plus de Ramadi, les terroristes de l'EI ont été repoussés hors de plusieurs villes, dont, Tikrit, Sinjar, Hit et en juin 2016, de Fallouja, dont la reprise a été la première victoire significative dans la guerre contre ce réseau terroriste, puisqu'il s'agit de la première ville à tomber aux mains de Daech (fin 2013).

Du fait de ces revers successifs essuyés face à l'armée irakienne, Daech a du mal à reconstituer ses forces surtout après avoir été privé, durant l'année qui s'écoule, d'une importante partie de ses sources de revenus pétrolières et de ses voies d'approvisionnement.

La multiplication des attentats au cours de l'année 2016 à travers le pays ainsi qu'à l'étranger, l'usage "intensif" des engins explosifs et mines pour piéger les villes, et l'utilisation des civils comme boucliers humains, confirment l'affaiblissement de cette organisation terroriste, estiment les observateurs.

 

Bataille de Mossoul, le front crucial

 

On estime que le groupe terroriste contrôle à présent seulement 10% du territoire irakien et il s'agit souvent de "territoires morcelés". Cependant le nombre de terroristes se trouvant actuellement à Mossoul est estimé entre 3.000 et 5.000, un chiffre important d'où la complexité de l'opération, lancée le 17 octobre, dans cette deuxième ville du pays située à quelque 400 km au nord de Baghdad.

Au cours de cette offensive militaire qui a dominé l'actualité en cette fin d'année en Irak, une résistance acharnée des terroristes a été enregistrée dans les villes et rues de Mossoul, leur grand et dernier fief en Irak alors que le gouvernement de Haider Al-Abadi s'était engagé à faire de 2016 "la dernière année d'existence de Daech en Irak".

Mais il s'est avéré que Baghdad s'était prononcé un peu trop tôt puisque la "difficile" bataille de Mossoul, a été déjà lancée tardivement et progresse lentement même si elle a permis de reprendre plusieurs territoires des mains des terroristes.

La coalition internationale dirigée par les Etats-Unis qui espéraient eux aussi libérer Mossoul "d'ici à la fin de l'année 2016", ont même reconnu que la tâche allait être compliquée et que l'opération, qui implique un plus grand nombre d'acteurs (armée irakienne, Kurdes et coalition anti-Daech) pourrait durer encore "des mois".

 

Crise humanitaire, blocage politique et fragilité économique

 

La menace du chaos humanitaire plane toujours sur l'Irak du fait de l'instabilité et l'insécurité qui y règnent. Ainsi, les autorités irakiennes ont redoublé d'efforts, cette année, afin d'éviter une catastrophe humanitaire consécutive à la guerre menée contre Daech notamment à Mossoul.

A cet effet, le gouvernement a lancé le 8 octobre un plan d'urgence humanitaire pour répondre à l'exode massif potentiel depuis cette ville qui compte environ 1,5 million d'habitants.

En chiffres, plus de 100.000 personnes ont été déplacées ces derniers mois fuyant les combats à Mossoul. Plus de 3.000 personnes par jour fuient actuellement leurs régions, selon le Croissant Rouge irakien, d'où la crainte d'un déplacement massif de plus d'un million de civils au fur et à mesure que les forces irakiennes avancent vers les zones les plus peuplées de Mossoul.

Outre le désastre humanitaire, l'Irak se trouvait en 2016 au coeur d'une crise politique sur fond de guerre de leadership pour le pouvoir:

Sous la pression de partisans sadristes, le Premier ministre Haider al-Abadi, a voulu, début 2016, remplacer les ministres affilés aux partis par des technocrates plus à même, selon lui, de mettre en oeuvre les réformes anti-corruption adoptées en 2015 dans la foulée des grandes manifestations populaires contre l'incurie et le clientélisme de la classe politique.

Toutefois, le chef du gouvernement n'a pas réussi à surmonter les résistances au sein de la classe politique et surtout de son propre camp chiite majoritaire au Parlement, hostile à la fin de quotas politiques (la répartition sur une base ethnique et confessionnelle des principaux postes clés du gouvernement).

Et le Parlement a été dans l'incapacité de procéder au vote requis pour investir les candidats aux différents portefeuilles ministériels faute de réunir le quorum.

Face à cette paralysie, le pays a connu en avril des manifestations devant la zone verte, quartier ultra-sécurisé de Baghdad, à l'appel du chef chiite Moqtada Sadr, qui a pris la tête du mouvement pro-réformes et multiplié les pressions pour la mise en place de ce nouveau gouvernement.

Les blocages politiques s'ajoutent aux difficultés économiques liées à l'impact de la chute des prix du pétrole sur le budget de l'Etat irakien.

En Irak, l'économie est fortement dépendante des hydrocarbures.  Le pétrole représente à lui seul la moitié du PIB du pays et près de 80pc des recettes de l'Etat. Par ailleurs, la guerre tant financière que

militaire contre Daech, couplée à la baisse des prix de l'or noir, a porté un coup sévère au déficit budgétaire du pays.