Les sessions de débat entre les sept candidats de la gauche se suivent mais ne se ressemblent pas. Première grande nouveauté, l’éclipse du président en exercice François Hollande ; après avoir suivi une grande partie de la première manche du débat depuis son bureau à l’Elysée, le 12 janvier dernier, pour le second débat du 15 janvier, il a préféré aller assister, flanqué de la ministre de la culture, à une dernière représentation d’une pièce de théâtre de Michel Drucker, au titre de circonstance : ‘’seul… avec tous’’.
Ce qui a fait réagir de nombreux observateurs, dont certains journalistes qui y ont vu au mieux, le souci de François Hollande de s’éviter une séance ennuyeuse, au pire l’inexistence du candidat de son choix parmi les sept débatteurs.
Hormis cela, on notera que la séance du dimanche dernier n’a pas été de tout repos pour l’ancien premier ministre Manuel Valls qui a pris pour son grade sur plusieurs dossiers, au point où certains analystes de la presse française ont cru comprendre que l’ambiance générale du débat était au ‘’tout sauf Valls’’.
Le journaliste du site du quotidien de gauche liberation.fr a relevé que, « sur leur définition de la gauche ou sur les questions de valeurs comme la laïcité ou l’accueil des migrants, Valls se retrouve mis en minorité par Montebourg, Peillon et Hamon », ajoutant que, coincé de toutes parts, l’ancien premier ministre, « fait assaut de détermination - il répète sept fois «je veux» dans sa conclusion - et parie que ses positions sont en phase avec celles des Français même si elles ne le placent pas au cœur de sa famille politique. »
Comme de nombreux observateurs des médias français liberation.fr a bien noté que « les concurrents socialistes de l’ancien Premier ministre, seul comptable du quinquennat, se sont alliés contre lui sur quasiment tous les sujets du deuxième débat télévisé ».
Premier à ouvrir les ‘’hostilités’’ avec Valls, Peillon lui reproche le relookage de sa posture politique pour ‘’gauchir son profil’’ avant de lui asséner que ‘’la vie, ce n’est pas une ardoise magique’’.
Les critiques fusent ensuite sur la manière gérer certains dossiers politiques, à commencer par la crise migratoire.
Tous se sont alors rappelé le fameux discours prononcé il y a un an en Allemagne, dans lequel Valls fait la leçon à la Chancelière allemande en s’opposant à un accueil systématique et massif des migrants.
Le même Peillon révélera alors ses ‘’désaccords profonds’’ avec Valls avant de faire part de son «sentiment que les Français étaient peut-être plus généreux que leurs dirigeants».
L’autre candidat, Benoit Hamon, ancien ministre de l’éducation s’enfonce dans la brèche et propose un ‘’visa humanitaire’’ comme solution à l’épineuse problématique des migrants ; «Les migrants ne sont pas des marchandises et nous n’avons pas été à la hauteur» laisse entendre Hamon dans un tacle à peine dissimulé à Manuel Valls.
Excédé par tant de piques, l’ancien premier ministre tente de prendre de la hauteur en se refugiant dans sa posture d’homme d’Etat : « J’en ai assez qu’ici, comme ailleurs, on mette sans cesse en cause la France. C’est à l’honneur de la France d’avoir tenu cette politique.
Quand on ouvre les frontières, on doit être capable de les maîtriser. » Une mise au point qui ne semble pas avoir fait de l’effet aux autres candidats, à l’instar de Peillon qui lui a rétorqué : « Critiquer tes discours, ce n’est pas critiquer la France.»