Primaire de gauche : Avec Benoît Hamon et Manuel Valls, deux «gauches» au deuxième tour

Publié par DKnews le 23-01-2017, 16h44 | 37

Avec la victoire surprise de l’ancien ministre de l’Education, Benoît Hamon, et celle attendue de l’ancien Premier ministre Manuel Valls, au premier tour dimanche de l’élection primaire de la gauche, le second tour verra l’affrontement de deux visions de la gauche dans un contexte ou cette tendance politique semble perdre son âme, de l’avis de nombreux observateurs.

Après un quinquennat «éprouvant» occasionnant des dissensions et fissures importantes autour de la gestion publique du pays, la gauche française a connu à quelques mois de la présidentielle d’avril-mai une situation de «sauve qui peut», à commencer par Jean-Luc Mélenchon (France insoumise) qui s’est révolté de la «droitisation» de la gauche et Emmanuel Macron (En Marche !), un jeune ambitieux qui a refusé le jeu du système.

Mais le grand aura été le renoncement du président François Hollande à briguer un deuxième mandat qui a bien mesuré, selon des observateurs, l’ampleur de la crise de sa famille politique et les dégâts de son impopularité.

Cette décision inédite d’un chef d’Etat français a laissé une gauche sans leadership en quête d’une recomposition, voire une refondation.

C’est dans ce contexte que les deux qualifiés du premier tour de la primaire de la gauche devront tenter de convaincre de ce qui reste de son électorat et tout semble indiquer que le peuple français, vu le taux de participation aux deux primaires, a déjà choisi son candidat (François Fillon), en attendant bien sûr la candidate de l’extrême droite Marine Le Pen et la pochette surprise du phénomène Macron.

En tout état de cause, le candidat de la gauche qui sortira vainqueur dimanche prochain n’aura pas la tâche facile durant la campagne présidentielle, mais, en attendant, ce sont deux «gauches» qui vont exposer leurs deux visions à un électorat très faible par rapport à la primaire de la droite.

Benoît Hamon incarne le besoin d’un renouveau d’une gauche «souillée» et «malmenée» par un quinquennat qui a semé la discorde, notamment l’utilisation «abusive» de l’article 49.3 donnant au Premier ministre de faire passer des lois sans vote, et Manuel Valls défend son quinquennat en faisant valoir qu’il incarne une gauche qui «reste forte dans le monde d'aujourd'hui par rapport aux grands défis, je pense bien sûr au terrorisme, au défi que nous lance Trump, au défi tout simplement de la planète».

Dans son édition de lundi, la presse française voit, dans ce duel pour le second tour, le «choc de deux gauches». Pour Libération, le Parti socialiste, «ce succès (de la primaire) montre que la gauche perd son âme si elle ne convainc pas ses électeurs qu'elle veut changer la société, en dépit de toutes les difficultés du gouvernement», alors que Le Figaro a estimé «la victoire de Benoît Hamon ou de Manuel Valls dimanche prochain ne réglera évidemment rien pour le PS».

Pour sa part, Le Parisien a écrit que le PS «doit trancher une fois pour toutes entre deux lignes qui ne se rejoignent que pour des alliances d'opportunité».

Mais tout le monde s’accorde, dans les milieux politico-médiatiques, que le deuxième tour sera «périlleux» pour l’ancien Premier ministre de François Hollande, lui qui a un bilan à defendre.