Discrimination : A Paris, Mohamed, Ali ou Kaddour se voient refuser des logements

Publié par DKnews le 03-03-2017, 15h56 | 37

Il vaut mieux avoir des noms de consonance hexagonale que Mohamed, Ali ou Kaddour qui se voient généralement refuser des logements à Paris, a révélé jeu i une étude du Centre national de la recherche scientifique (CNRS) basée sur un testing sur 504 annonces immobilières du parc locatif privé.

Le «testing» du CNRS a été élaboré en fonction d’un dispositif construit autour de quatre identités fictives de candidats à la location, deux d’entre elles suggèrent une origine française par la consonance de leur patronyme, les deux autres signalent une origine maghrébine.

Au sein de chaque paire de même origine, un individu envoie de surcroît un signal de stabilité financière en indiquant qu’il est fonctionnaire et l’autre individu ne fait quant à lui aucune mention de sa situation.

L’étude montre que les discriminations à l’encontre des individus d’origine maghrébine sont très fortes dans l’accès au logement parisien et qu’elles sont peu liées à la fragilité financière supposée des individus.

Pour la personne de référence d’origine française a un taux de réponse de 18,7 % à ses demandes de visites de logement, indiquent les résultats, alors que le Maghrébin, ce taux est de 12,9 %, «soit un tiers de chances en moins» de recevoir une issue favorable à sa demande de visite. Si le candidat maghrébin précise qu’il est fonctionnaire, son taux de réponse est de 15,5% ce qui reste inférieur au candidat d’origine française.

«Mais si c’est le candidat d’origine française qui envoie le même signal de stabilité, son taux de réponse atteint 42,9 %. Un signal de stabilité professionnelle et financière n’augmente fortement les chances d’accès au logement que pour les candidats d’origine française, ce qui suggère une forte discrimination (à) à l’encontre des candidats d’origine maghrébine», souligne l’étude, menée entre début avril et fin mais 2016, qui a été remise la ministre de l’Habitat, Emmanuelle Cosse.

Lors du lancement médiatique du document, le directeur de la fédération de recherche Travail, Emploi et Politiques Publiques du CNRS, Yannick L'Horty, a indiqué que ces résultats «soulignent une discrimination forte et ce n'est pas lié à la capacité de payer des candidats mais à une aversion pour leurs origines».

Un sondage avait montré, par ailleurs, que les travailleurs maghrébins, candidats à des postes de travail, sont discriminés par 30 % des grandes entreprises françaises.

Les résultats d’un testing, réalisé par le cabinet ISM Corum pour le ministère du Travail, avait indiqué en décembre 2016 qu’en France, les discriminations sur le marché du travail touchent d'abord les femmes, mais aussi les descendants d'immigrés ou encore des populations des départements d'outre-mer, un impact sur l'économie évalué à 150 milliards d'euros.

L’enquête avait révélé que sur 12 des 40 entreprises se sont rendues coupables de discrimination envers les candidatures maghrébines. Dans ces entreprises, le taux de réponses positives aux demandes d’embauche des ½Maghrébins» a été inférieur de 15 à 35 points à celui des «Hexagonaux».

Selon les résultats de l’enquête, toutes entreprises confondues, l'écart moyen s'est élevé à 11 points : 47 % des candidatures «hexagonales» ont décroché un entretien, contre seulement 36 % des candidatures «maghrébines».

L’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE) pointe chaque année, rappelle-t-on, le doigt sur le poids des inégalités sociales et des discriminations dans l’emploi des personnes, notamment d’origine étrangère.