Pakistan : Le Pakistan entame un recensement de sa population, le premier depuis 19 ans

Publié par DKnews le 13-03-2017, 15h49 | 27

Le Pakistan va entamer mercredi un recensement de sa population, le premier depuis 19 ans dans ce pays mastodonte à la démographie galopante.Considéré par l'ONU comme le sixième pays le plus peuplé du monde, avec une population estimée à quasiment 200 millions d'habitants, le Pakistan n'a pas effectué de recensement depuis 1998 alors que la Constitution prévoit que l'exercice soit décennal.

Plus de 300.000 personnes sont mobilisées, 55 millions de formulaires papier imprimés pour ce défi colossal, vu la démographie galopante du pays, dont la population officielle décomptée il y a 19 ans était de 134,7 millions.

Le Bureau des statistiques (PBS) va déployer 119.000 civils dont 84.000 recenseurs, des instituteurs ou fonctionnaires locaux qui feront du porte-à-porte pour compter dans un premier temps les foyers puis les individus.

Selon le PBS, l'armée pakistanaise a déployé 200.000 militaires -- dont 44.000 vont participer directement au recensement, qui intervient à un an des élections législatives. Avec l'exode rural, les puissants propriétaires terriens des provinces du Sindh (sud) ou du Pendjab (centre) pourraient voir fondre leur nombre de députés, selon les médias.

Le Pendjab, fief du parti au pouvoir qui détient la majorité des sièges et a la part du lion dans les fonds fédéraux, pourrait voir son hégémonie bousculée car sa population croît plus lentement qu'ailleurs. Cela fait dix ans que le Bureau des statistiques est dans les starting-blocks, et les dirigeants ont donné leur feu vert il y a moins de trois mois.

Un délai court pour former les dizaines de milliers de recenseurs et rassurer partis et communautés.
«Il n'y a pas eu beaucoup de temps pour convaincre tout le monde», regrette Hassan Mohtashami, du Fonds des Nations unies pour la Population (UNFPA).

Certains sont notamment inquiets du poids des quelque 2 millions de réfugiés afghans, qu'il est quasiment impossible de distinguer des citoyens pakistanais vu les irrégularités dans l'attribution de cartes d'identité.

Le parti au pouvoir dans la plus grande ville du pays, Karachi, a réclamé un report jusqu'au départ des réfugiés.

Au Baloutchistan, vaste province instable et peu peuplée, un parti nationaliste a rejeté un recensement qui équivaudrait à un «suicide», en attestant du poids des populations pachtounes, dont les Afghans, et en faisant des Baloutches «une minorité dans leur propre province».

Le recensement va aussi permettre de mesurer les minorités comme les hindous et chrétiens, qui affirment être plus nombreux que les 2 à 3 millions estimés pour chacun.

La moitié des districts seront recensés du 15 mars au 15 avril, l'autre moitié du 25 avril au 25 mai. Les premiers résultats sont attendus fin juillet.

Dans sa fiche parallèle, l'armée relèvera, outre le nombre total d'hommes et de femmes, la nationalité des personnes recensées.

Neuf langues sur 70  

Critère essentiel pour évaluer le poids politique des multiples ethnies composant le Pakistan, la langue maternelle sera précisée -- mais seuls neuf idiomes sont listés, au grand dam de certains.

Les experts estiment que le pays compte quelque 70 langues. Sont notamment décomptés l'ourdou, langue nationale, le pachtou, commun aux habitants de l'ouest du Pakistan et aux Afghans, et les deux langues parlées par les Baloutches dont certains réclament l'autonomie de leur province marginalisée.

Le recensement est l'occasion d'avoir un aperçu précis du poids des minorités, notamment chrétiennes et hindoues, dont les estimations sont très approximatives et contestées: de 2 à plus de 10 millions de chrétiens, de 2,5 à 4,5 millions pour les hindous.

Les citoyens du pays peuvent se déclarer «musulmans, chrétiens, hindous ou ahmadis». A défaut, ils sont soit «membre des basses castes», c'est-à-dire de familles hindoues, soit «autre» -- ce qui inclut baha'i, sikhs, zoroastriens ou bouddhistes entre autres.

Pour les étrangers, le recensement prévoit deux cases: Pakistanais ou étranger. L'armée, qui effectue un décompte parallèle, pourrait recenser la nationalité précise des personnes recensées. Un détail épineux en raison de la présence controversée de centaines de milliers de réfugiés afghans.

En revanche, les quelque six millions de Pakistanais travaillant à l'étranger ne seront pas recensés. Aucune information ne sera collectée non plus sur la fertilité ni les migrations internes (région d'origine).

Ces informations et d'autres feront l'objet d'une enquête ultérieure distincte basée sur un large échantillon de population, a assuré le Bureau des statistiques du Pakistan.