Crise pétrolière: le taux de change du dinar a joué le rôle d'amortisseur

Publié par DKnews le 30-06-2017, 17h09 | 43

Le taux de change de la monnaie nationale vis-à-vis du dollar américain a joué un rôle d'amortisseur et de première ligne de défense depuis le début de la chute des prix du pétrole, et ce, pour maintenir les équilibres macroéconomiques du pays, a indiqué jeudi à Alger le gouverneur de la Banque d’Algérie, Mohamed Loukal.

"Face à la détérioration des fondamentaux de l'économie nationale, la Banque d'Algérie a procédé à une dépréciation du taux de change du dinar vis-vis du dollar de près de 20%. Le taux de change a donc joué dans une large mesure son rôle d'amortisseur et de première ligne de défense", a souligné M. Loukal lors de son intervention à l'ouverture du Meeting africain sur l'économétrie qui se tient du 29 juin au 1er juillet à Alger qui rassemble des experts de la finance africains et d'autres pays.

Soulignant l'impact "assez significatif" de la crise pétrolière mondiale sur les équilibres macroéconomiques du pays, M. Loukal a précisé qu'à l'instar de la plupart des pays exportateurs des hydrocarbures, la forte chute des prix du brut, commencée à la mi-2014, avait eu un "impact  considérable"  sur les équilibres macro-économiques de l'Algérie en rappelant que les déficits budgétaires ont atteint 15,3% du PIB en 2015 et 13,7% en 2016.

Dans la sphère monétaire, les déficits de la balance des paiements se sont traduits par une contraction des ressources des banques, réduisant la liquidité bancaire de près de 67% en 2 ans, ce qui a amené la Banque d'Algérie à réactiver les instruments classiques de refinancement, a-t-il fait savoir.

Cependant, durant les années 2000, a-t-il rappelé, trois mesures-phares ont permis à l'Algérie de pouvoir développer une forte résilience aux chocs externes.

Cette "politique macroéconomique avisée" a permis la résorption de la dette extérieure par une politique de remboursement par anticipation en 2006, consolidant ainsi la position financière extérieure du pays, a poursuivi le gouverneur de la Banque d'Algérie lors de cette rencontre qui se tient annuellement dans un pays africain.

Pour la deuxième mesure, il a cité la constitution par l'Etat d'une épargne financière logée dans le Fonds de régulation des recettes (FRR) et qui avait atteint l'équivalent de 70 milliards de dollars à fin 2014.

Ce fonds a permis de financer la totalité des déficits de 2014 et de 2015 et partiellement ceux de 2016, a expliqué M. Loukal.

Il a également fait part de l'accumulation des réserves de change qui avaient atteint 194 milliards de dollars à fin 2013, correspondant à 35 mois d'importations.

A travers ces mesures, a-t-il poursuivi, l'économie algérienne a beaucoup mieux résisté à l'ampleur du choc externe par rapport à un grand nombre d'économies exportatrices de pétrole, sachant que l'activité économique est demeurée relativement soutenue, stimulée par un maintien élevé de la dépense publique, tandis que le PIB a continué à croître à un rythme appréciable de 3,8% en 2015 et de 3,5% en 2016.

Cependant, ce contexte a nécessité la mise en place de politiques monétaires adaptées et de mesures visant la consolidation de la croissance et la diversification de l'économie, a relevé M. Loukal.

Compte tenu des vulnérabilités de l'économie algérienne à travers la grande dépendance des recettes budgétaires de la fiscalité pétrolière, et des ressources en devises des exportations des hydrocarbures, ainsi que la faiblesse de la diversification de l'économie d'une part, et des perspectives du prix bas du pétrole à moyen terme, d'autre part, "l'économie algérienne fait face à un double défi: le premier est celui des ajustements pour rétablir les équilibres et la stabilité du cadre macroéconomique, alors que le second est celui de la diversification de l'économie, a-t-il noté.

Pour la Banque d'Algérie, le défi majeur est de mettre en oeuvre une politique monétaire qui soutient la croissance, notamment dans l'industrie hors hydrocarbures, les énergies et les services productifs marchands, et ce, en plus de ses deux principales missions qui sont la stabilité des prix et celle des finances publiques.

En matière d'ajustements, des efforts soutenus de consolidation budgétaire et de rationalisation des dépenses publiques, inscrits dans un cadre budgétaire à moyen termes 2017-2019, ont été entrepris, a précisé le premier responsable de la Banque centrale.

Dans un premier temps, et eu égard à la tendance baissière de la liquidité bancaire, la Banque d'Algérie a revu à la baisse les seuils, puis suspendu les opérations de ponction de la liquidité et le taux de réserves obligatoires.

Parallèlement, elle s'est appliquée à réactiver les instruments classiques de refinancement que sont le réescompte et l'open market, tout en privilégiant ce dernier instrument de marché dans la perspective de conforter le taux d'intérêt.

Cette politique menée par la Banque d'Algérie s'est appuyée sur un système bancaire et financier encore résilient, continuant à être rentable, et suffisamment capitalisé pour assurer, dans des conditions adéquates, la poursuite de son soutien à l'économie sous l'angle de la préservation de la  stabilité macroéconomique et de la croissance, a-t-il avancé.