Airbus sous la menace judiciaire : Des centaines de millions d’euros de commissions occultes

Publié par DKnews le 29-07-2017, 15h28 | 42

Le principal concurrent de Boeing, le constructeur aéronautique européen Airbus se trouve sous la menace de la justice franco-britannique qui mène une enquête pour corruption sur des centaines de millions d’euros de commissions occultes, a révélé vendredi le journal électronique Médiapart.

Considérant que c’est le «gros scandale» depuis l’affaire Elf, il y a vingt ans, le journal a précisé que les révélations sur un système qui a prospéré pendant quinze ans menacent les plus hauts dirigeants du groupe aéronautique européen.

L'affaire Elf, rappelle-t-on, est un grand scandale politico-financier qui a éclaté en 1994 sur des détournements totalisant 504 millions de dollars.

Médiapart indique que le scandale d’Airbus porte sur des centaines de millions d’euros de commissions occultes présumées versées lors de ventes d'avions civils, mises au jour par des enquêtes internes du groupe, ajoutant que depuis le début, Airbus cherche à minimiser l’affaire, à l'ébruiter le moins possible.

Après le déclenchement de l’enquête en 2016, menée par le parquet national financier (PNF, France) et de son homologue britannique, le Serious Fraud Office (SFO), il a fallu attendre près d’un an pour qu’Airbus reconnaisse l’ampleur du scandale.

Dans son rapport annuel de 2016, publié en avril dernier, l’avionneur a avoué que l'affaire était peut-être «plus grave que prévu», reconnaissant qu’il risquait une lourde «amende financière» liée à l'enquête judiciaire franco-britannique.

Selon le journal, l’affaire pourrait même lui interdire l’accès à certains marchés publics, «endommager sa réputation, nuire à ses ventes, réduire ses financements», et même «pousser des actionnaires à engager des poursuites pour obtenir réparation du préjudice lié à la corruption présumée».

D’après des informations de Médiapart, dont il n’identifie pas ses sources, le conseil d'administration d'Airbus vient de missionner un cabinet d'avocats indépendant pour «mesurer l'ampleur des risques et les mesures à adopter».

On estime que cette affaire pourrait porter un «coup terrible» à ce fleuron stratégique de l’industrie européenne, détenu à 11 % chacun par les Etats français et allemand. Un groupe qui fabrique les Airbus pour l’aviation civile, et des chasseurs Eurofighter, des hélicoptères civils et militaires, des missiles, des satellites et la fusée Ariane.

Pour le moment, ni les enquêteurs ni Airbus n’ont voulu communiquer sur cette affaire même si l’avionneur se vante à mettre en avant sa nouvelle «politique anticorruption renforcée» depuis la découverte de l'affaire.