Le Parquet guatémaltèque et une commission des Nations unies ont appelé vendredi à la levée de l'immunité du président du Guatemala Jimmy Morales, soupçonné d'irrégularités financières durant la campagne présidentielle 2015.
«Une demande de pré-procès (ndlr : levée de l'immunité) a été faite à l'encontre de Monsieur Jimmy Morales Cabrera», a déclaré vendredi Ivan Velasquez, ancien magistrat colombien désormais membre de la Commission internationale contre l'impunité au Guatemala, commission inscrite à l'ONU et en pointe avec le Parquet guatémaltèque dans la lutte contre la corruption dans ce pays.
Le président Morales est soupçonné de financement électoral illicite pour avoir reçu des contributions anonymes interdites par la loi pour son parti FCN-Nacion. De plus, il n'aurait pas mentionné certains frais de campagne au Tribunal électoral suprême.
Thelma Aldana, procureure générale du Guatemala, a de son côté déclaré espérer que la Cour suprême de justice lèvera bien l'immunité de M. Morales, afin qu'une «enquête en profondeur» puisse avoir lieu.
Novice en politique, l'acteur comique Jimmy Morales, 48 ans, avait été élu en 2015 sur la promesse d'éradiquer la corruption. Mais les vieux démons du Guatemala ont vite semblé de retour: fin mai, la justice a ainsi annoncé l'ouverture prochaine d'un procès à l'encontre d'un fils et d'un frère de M.Morales, accusés de fraude à la propriété.
Et des voix montent pour critiquer l'influence sur le président, au pouvoir depuis janvier 2016, de son cercle proche, constitué de militaires dénoncés comme corrompus et de politiciens faisant partie de la vieille garde.
En termes de perception de la corruption, le Guatemala est très mal noté: en 2016 il figurait au 136e rang sur 176 du classement mondial de Transparency International, ayant dégringolé de presque 20 places en deux ans.