Syrie: Une trentaine de juristes demandent à l'ONU d'imposer le passage de convois humanitaires

Publié par Dknews le 29-04-2014, 16h19 | 30

Une trentaine d'éminents juristes internationaux ont adressé mardi une lettre ouverte à l'ONU lui demandant d'imposer le passage vers la Syrie de convois humanitaires venant de pays frontaliers pour secourir plus rapidement les civils syriens. 

Le Conseil de sécurité a adopté en février la résolution 2139 qui demande au gouvernement syrien d'autoriser ces opérations de secours transfrontalières. Les signataires considèrent que l'ONU a le droit d'imposer ce passage transfrontalier au nom du droit humanitaire. Ils déplorent que l'ONU «ne procède pas à ces opérations vitales de crainte que certains Etats membres ne les jugent illégales» et ils critiquent «une interprétation trop prudente du droit international humanitaire».  

Le Conseil doit examiner mercredi un rapport du secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon soulignant que la résolution 2139 n'est pas appliquée, ni par l'opposition ni par le gouvernement syrien, et qui demande au Conseil d'agir. «L'ONU et d'autres agences humanitaires affirment depuis longtemps qu'il n'est possible d'accéder à des centaines de milliers de civils qu'à partir de pays voisins tels que la Turquie et la Jordanie», souligne la lettre ouverte.

«Nous jugeons qu'il n'existe aucun obstacle juridique empêchant l'ONU de procéder directement à des opérations humanitaires transfrontalières et d'apporter son soutien aux ONG afin qu'elles en effectuent également», ont ajouté les signataires.

Ils font valoir en particulier «que les parties ne peuvent refuser leur consentement que pour des motifs légaux valables», comme des opérations militaires sur le trajet proposé pour l'acheminement de l'aide. «Elles ne peuvent dès lors légitimement refuser leur consentement pour affaiblir la résistance de l'ennemi, réduire les civils à la famine ou empêcher la délivrance de soins médicaux», ont-ils expliqué.

La lettre est adressée à Ban Ki-moon, aux Etats membres de l'ONU et aux principales agences humanitaires (Unicef, PAM, OMS, HCR, UNRWA). Parmi les signataires figurent Richard Goldstone (Afrique du sud), ancien procureur du Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie et le Rwanda, l'ancien ministre de la justice canadien Irwin Cotler, et l'Américaine Leila Nadya Sadat, conseillère spéciale auprès de la procureure de la Cour pénale internationale.