Selon une étude : Une bactérie du moustique pour lutter contre le paludisme

Publié par DKnews le 02-10-2017, 16h32 | 19

Une bactérie du tube digestif du moustique pourrait empêcher la propagation du paludisme, après une modification génétique, selon deux études publiées dans le journal américain Science.

Il s'agit selon ces études de mise en place de deux procédés différents qui permettent de propager facilement une résistance au parasite du paludisme chez les moustiques qui cause la mort de 400.000 enfants de moins de cinq ans en Afrique sub-saharienne.

Ces conclusions ouvrent potentiellement la voie «au développement de stratégies de contrôle du paludisme autopropagées», a déclaré dans un communiqué l'Institut de recherche sur le paludisme du Johns Bloomberg School of Public Health, don't les chercheurs ont participé à ces deux études.

«L'avantage de cette solution est qu'il y a moins besoin d'appliquer continuellement des mesures de contrôle du paludisme tels qu'insecticides et moustiquaires». L'une de ces études, menée par les chercheurs du centre Johns Hopkins et par ceux du centre Sibao Wang de l'Académie chinoise des sciences, a identifié une souche de bactérie bénéfique appelée Serratia AS1, qui colonise de manière stable le tube digestif du moustique, où se développent les parasites du paludisme.

Contrairement à d'autres bactéries du moustique, cette souche se transmet facilement du mâle à la femelle durant la période de reproduction, ainsi que de la mère a ses larves.

«Altérer génétiquement cette bactérie pour produire cinq protéines anti-paludisme puissantes a permis de réprimer fortement le développement du paludisme chez les moustiques colonisés, réduisant le niveau d'une forme larvaire du parasite de plus de 90% par rapport aux moustiques dépourvus de la bactérie modifiée», selon les comptes rendus scientifiques.

D'autres expériences ont montré que la bactérie modifiée Serratia AS1 n'avait pas un effet significatif sur la durée de vie ou la fertilité du moustique. «La capacité de la Serratia AS1 à se propager facilement d'un moustique à l'autre signifie qu'elle pourrait un jour constituer un moyen efficace de cibler les moustiques à grande échelle», ont estimé les chercheurs.

«Peut-être qu'un jour elle pourrait offrir un outil efficace à ajouter aux programmes d'élimination du paludisme», selon la première étude. Dans la seconde étude, une équipe du centre John Hopkins a apporté de légères modifications à l'ADN de moustiques anophèles transmetteurs du paludisme pour renforcer l'activité des gènes immunitaires chez les insectes.

«Cette immunité renforcée a rendu les moustiques plus résistants à l'infection des parasites du paludisme, réduisant ainsi la probabilité qu'ils transmettent ces parasites à l'être humain», selon le rapport. Un élément imprévu est que cette modification génétique a également altéré le mélange normal d'espèces bactériennes dans le tube digestif des insectes, les rendant plus «attractifs» et augmentant la probabilité qu'ils transmettent leurs gènes.

Les chercheurs ont estimé par ailleurs estimé que «ces nouvelles découvertes pourraient conduire au développement de bactéries et de moustiques susceptibles d'être libérés dans la population sauvage de moustiques pour qu'ils se propagent naturellement et réduisent la transmission du paludisme à l'être humain dans les régions endémiques».

«Ces stratégies sont conçues pour être complémentaires et seraient utilisées en conjonction avec d'autres mesures telles que moustiquaires et insecticides pour réduire la transmission de la maladie», ont-ils dit.