Catalogne : Madrid planche sur la suspension d'autonomie et de possibles élections

Publié par DKnews le 20-10-2017, 17h29 | 34

Madrid planchait vendredi sur les mesures à   adopter en cas de suspension partielle de l'autonomie de la Catalogne pour   répondre au défi indépendantiste, un plan qui pourrait prévoir des   élections régionales dès janvier.

"Nous avons atteint une situation limite" en Catalogne, a déclaré vendredi   le chef du gouvernement Mariano Rajoy, à l'issue d'un sommet de l'Union   européenne à Bruxelles où il a précisé que les mesures seraient annoncées   samedi, après avoir assuré que son cabinet avait tout fait "pour ne pas   arriver à une situation difficile".

Quelques heures plus tôt, des centaines de Catalans avaient imaginé une   nouvelle manière de protester: retirer de l'argent. Objectif, selon eux,   dénoncer la "répression" de Madrid et le transfert de sièges sociaux de   banques hors de la région que le gouvernement a facilité en faisant en   masse des retraits symboliques ou importants, selon l'AFP.

Grâce à l'article 155 de la Constitution, Madrid pourrait assumer   directement des compétences dévolues à la région, un sujet très sensible en   Catalogne, où une grande partie des 7,5 millions d'habitants tient beaucoup   à l'autonomie. La liste des mesures sera votée au Sénat fin octobre avec le   soutien du Parti socialiste et des libéraux, au nom d'un "pacte national   pour l'unité".

Le Parti socialiste (PSOE) souhaite limiter au maximum l'intervention de   l'Etat. "Le prestige de notre Etat de droit est en jeu", a déclaré la   responsable socialiste Carmen Calvo, associée aux travaux sur le sujet.  D'autre part , le gouvernement et les socialistes ont confirmé qu'en tête   des priorités figurait l'organisation d'élections en Catalogne, en principe   une compétence du président régional, qui serait alors reprise par l'Etat.  

"La logique veut que ce processus débouche sur des élections", a déclaré le   porte-parole du gouvernement Inigo Mendez de Vigo, cité par la même source.  Ces élections anticipées pour renouveler le Parlement régional - dominé   depuis septembre 2015 par les indépendantistes qui avaient obtenu 47,8% des   suffrages - permettraient de laisser les Catalans s'exprimer. Selon le   quotidien en ligne eldiario.es, l'idée est qu'elles se tiennent en janvier.   Mme Calvo a confirmé cette information d'un simple "oui".

Les élections semblent dans tous les cas la voie privilégiée pour mettre   fin à une crise qui divise aussi profondément les Catalans. Des sources   gouvernementales avaient déclaré mercredi que si M. Puigdemont acceptait de   convoquer ces élections lui-même, Madrid renoncerait à l'application de   l'article 155.

Le numéro trois du parti conservateur au pouvoir, Fernando Martinez-Maillo,   a insisté vendredi sur le fait que jusqu'à la dernière minute il restait   "une marge" pour éviter la mise sous tutelle de la Catalogne.

Les indépendantistes accusent l'Etat espagnol de bafouer leurs droits, en   premier lieu "le droit de vote", alors qu'ils réclament depuis 2012 la   tenue d'un référendum d'autodétermination. Le 1er octobre, ils ont organisé   un référendum, interdit par Madrid, qu'ils disent avoir emporté avec 90%   des voix et une participation de 43%.

Lundi, deux figures de l'indépendantisme en Catalogne, Jordi Cuixart et   Jordi Sanchez, les dirigeants d'Omnium et de l'ANC, ont été placées en   détention pour sédition. La perspective d'une sécession inquiète cependant   les milieux d'affaires, qui font aussi pression sur M. Puigdemont. Près de   1.200 sociétés ont déjà transféré leur siège social hors de Catalogne.