Usages des nouvelles technologies : Quelles limites à l’addiction ?

Publié par Par Samy yacine le 04-05-2014, 15h03 | 2649

Le développement de l’usage des nouvelles technologies, de l’internet et des jeux vidéo  engendrent des comportements de dépendance poussée, notamment auprès des jeunes usagers, plus exposés aux méfaits de tels abus.

Ce sont les jeux vidéo qui font l’actualité cette semaine, non pas pour des performances ludiques ou marketing mais pour les histoires vécues par des jeunes poussés à l’extrême dans leur comportement de consommateur. Il y a cette histoire rapportée par le site 01net.com d’un jeune norvégien d’à peine 14 ans qui a sombré pendant 13 jours dans un coma après avoir passé près de 16 heures aux manettes d’un jeu vidéo.

« Henrik Eide Dahl, jeune Norvégien de 14 ans, a joué pendant 16 heures d’affilée à Call of Duty, dans le cadre d’une LAN partie sur le réseau de son école », relate le site qui ajoute que  « Pour tenir le coup, il a ingurgité par moins de quatre litres de boissons énergétiques. »Au bout de cet effort, le corps du jeune homme n’ayant pas pu supporter l’épreuve, il a été transporté dans un état critique par hélicoptère, avant de sombrer dans un coma duquel il se relèvera plusieurs jours plus tard.

 « Après avoir passé 13 jours à l’hôpital, le jeune garçon doit continuer à prendre des médicaments pour contrôler sa pression sanguine. Son état devrait à termes revenir à la normal », souligne 01net.com qui reprend les propos du médecin traitant du jeune homme qui a déclaré aux journalistes : « Sa vie a été sévèrement mise en danger. Le système nerveux central, le système cardiovasculaire, les poumons et les reins ont été touchés ».

Durant la même période, le site rapporte l’autre histoire, celle d’un jeune australien de 28 ans  qui vient « d’établir un nouveau record de jeu non stop sur Call of Duty Black Ops II en enchaînant 135 heures et 50 minutes de bataille en ligne », ajoutant un peu plus loin que « le record précédent était fixé à 120 heures et 7 minutes. » Pour tenir le coup le jeune australien  « a toutefois pu dormir un peu, puisque le règlement accorde 10 minutes de pause par heure de jeu, ces pauses pouvant être épargnées et cumulées toute en même temps. » Pour parvenir à son rêve,  battre ce record, le jeune joueur a déclaré à un journal local avoir enduré des souffrances, du genre :

« Je souffrais de violentes crampes aux mains et j’ai utilisé beaucoup de bandages. J’ai même essayé de rembourrer ma manette ». Le thème de l’addiction des jeunes aux nouvelles technologies fait débat dans la communauté des experts et au sein des milieux de la presse spécialisée qui s’inquiètent de l’intrusion des nouvelles technologies dans  des recoins de plus en plus intimes de la vie  personnelle des usagers leur faisant adopter des comportements addictifs.

Le site  www.notretemps.com évoque ainsi un récent événement organisé dans la capitale française qui a vu des productions audiovisuelles, notamment des séries télé  se pencher sur le phénomène de l’intrusion des nouvelles technologies dans la vie de l’homme moderne. Ainsi la série télévisée suédoise,  "Real Humans", qui aborde le thème   de l'impact des nouvelles technologies et dont le créateur Lars Lundström, cité par le site notretemps.com souligne : "Aujourd'hui nous avons le sentiment que les technologies de l'information, les ordinateurs, internet, sont difficiles à contrôler, vivent presque leur propre vie. C'est quelque chose qui n'existait pas il y a 15 ans" ajoutant pour conclure son propos : «c'est à la fois un rêve et un cauchemar". Les inquiétudes et appréhensions suscitées par l’omniprésence  d’un monde hyper connecté sont par ailleurs le thème dominant d’une autre œuvre audiovisuelle,

"Black Mirror", série anglaise primée lors de  l'International Emmy Award de la distinction de meilleure mini-série en 2012. Sa thématique est centrée, selon le même site sur  « les possibles dérives des nouvelles technologies sur la politique, la société et les relations humaines, dans un monde dominé par la "sur-technologie" et la "sur-connexion" » Présent à cette manifestation, le journaliste français, spécialiste des séries de télévision, Pierre Langlais considère, sur les pages sur du site notretemps.com que   « La frontière fragile entre l'humain et la machine est un thème fort du moment », ajoutant que l’ « on commence à se rendre compte des dangers de notre addiction aux nouvelles technologies et des déraillements que cela peut entraîner ».

Parmi les études scientifiques menées sur un aspect de ce phénomène, le site www.atlantico.fr relate les résultats d’un travail de recherche effectué en Grande Bretagne par le ‘’Lighting Research Center’’ qui découvre ainsi que  « 95% des 18-29 ans utiliseraient leur smartphone avant de se coucher » et que logiquement,  « 60% des personnes interrogées connaîtraient des difficultés à trouver le sommeil. » Partant notamment du constat que  « 25% des gens ne mettent pas leur smartphone sur silencieux durant la nuit, et 10% des personnes interrogées sont régulièrement réveillées par un SMS, un email ou un appel »,  les chercheurs parviennent à  démontrer l’impact de ces comportements à la limite de l’addiction sur les troubles  du sommeil. 

Ce site se fait par la même l’écho d’une autre étude, américaine, publiée en septembre dernier qui fait ressortir quant à elle que « les personnes qui reçoivent et envoient chaque jour une grande quantité de SMS peuvent souffrir de troubles du sommeil, ainsi que de problèmes relationnels. » Pour mener à bien son enquête, le Docteur Karla Murdock travaillant à l’université de Virginie a organisé des entretiens  avec des étudiants de première année sur la base de questions tournant autour de « leurs habitudes d'utilisations des textos, leur bien-être et leur sommeil. » Après quoi elle se rend compte que ceux parmi ces étudiants qui sont les plus consommateurs de SMS « ont également des troubles du sommeil et rencontrent des problèmes pour résoudre leurs relations conflictuelles. »

Les résultats de l’enquête ayant permis au docteur Murdock d’établir une corrélation « entre l'utilisation excessive des SMS et les troubles du sommeil, mais aussi entre l'utilisation excessive des SMS et les périodes de stress.» Mais les nouvelles technologies drainent derrière elle un business considérable, dont le plus important est certainement celui des jeux vidéo ; selon de récentes indications publiées par le site 01net.com, en enregistrant  « une croissance de près de 19% pour l’année 2013, le jeu vidéo est un des secteurs les plus dynamiques de l’économie numérique ». Le site se réfère ainsi à une      étude prévisionnelle du cabinet d’études spécialisé Gartner qui  « prévoit que les jeux vidéo devraient générer 93 milliards de dollars cette année. »

Cet engouement commercial et marketing pour les   jeux vidéo,  engendre d’autres recherches en rapport avec le comportement des consommateurs, notamment les jeunes publics. Ainsi, cette innovation de deux chercheurs de l’université américaine de Stanford, qui, selon ce que rapporte le site 0net.com « ont équipé une manette de Xbox 360 de capteurs capables de mesurer la pulsation cardiaque, la vitesse de respiration et la pression sanguine », le tout dans le but de savoir « quand un joueur est excité et que ses artères se dilatent ou quand il a peur et qu’elles rétrécissent. »
L’objectif escompté par les industriels des jeux vidéo est bien entendu d’anticiper les comportements et réactions des joueurs pour adapter leurs produits et parvenir ainsi faire jouer plus et plus longtemps les jeunes consommateurs.

Le site 01net.com anticipe de son côté  que  « cette technologie pourrait être adapté à des appareils mobiles qui permettraient de détecter quand un conducteur s’endort ou s’énerve trop au volant » ; et pourquoi pas à repérer les signes de l’addiction.