Bordj Bou Arreridj -Journée en plein air à Bordj Ghedir: Le patrimoine matériel et immatériel de la région à l’honneur

Publié par Mouad B. le 04-05-2014, 16h06 | 211

À l’heure de la surconsommation de l’individualité, de l’artificiel et de la citadinité, parler de la nature, de l’histoire, du partage et retour aux sources, cela peut sembler déplacé, voire dérangeant. Et pourtant, cette pratique vieille comme le monde semble de plus en plus retrouver ses lettres de noblesse grâce à des associations qui veillent en plus à la préservation de ce patrimoine à son épanouissement et son encrage dans la nouvelle génération.

L’organisation annuelle d’une randonnée en plein air sur ces sites est le moyen le plus radical, le plus simple et le plus sûr d’assurer un nettoyage complet de l’organisme, de l’âme de tout ce qui pourra éloigner l’homme de sa vraie nature, de son histoire et surtout de soi-même.

La science, la modernisation et la technologie, malgré les belles avancées qu’elles opèrent, ce dans bien des domaines, ne pourra jamais égaler l’intelligence du corps et la nature, dans leurs capacités d’autorégulation et de réparation. Et si le retour aux sources a eu tant de mal à retrouver sa place (car il la retrouve, et plus vite que l’on ne peut l’imaginer) c’est parce que tout ce qui est simple semble compliqué à réaliser. Et le retour à soi-même est d’une simplicité… enfantine ! Encore faut-il qu’il soit réalisé dans de bonnes conditions, encadré par des professionnels.

C’est dans ce but que l’association Chawatra de Bordj Ghedir, 30 kilomètres du chef lieu de la wilaya de Bordj Bou Arreridj en collaboration avec plusieurs autres associations locales dont la ligue des activités en plein air, a organisé, samedi dernier, une sortie pédestre à des centaines de personnes venues des quatre coins du pays.

Les participants ne s'y sont pas trompés. Ils ont ovationné avec chaleur, pendant toute une journée, musiciens, danseurs, cavaliers, cuisiniers, compteurs,  et passé dans la gaieté une fort belle journée. Il faut féliciter chaleureusement les organisateurs qui, de l'avis unanime, ont organisé cette journée de maîtresse façon et remercier le public d'être venu si nombreux découvrir la beauté naturelle de la région, son histoire et sa richesse humaine.

L'histoire de Bordj Ghedir remonte bien loin dans le temps. Les découvertes en 1959 et 1962 de deux bassins taillés sont venues renforcer cette thèse. Pendant l'occupation romaine Bordj Ghedir a constitué une attraction particulière compte tenu de sa position privilégiée entre plusieurs montagne, donc difficile d'accès et par conséquent inattaquable. C'était un carrefour qui donnait l'accès à Sitifis (Sétif), Cuicul (Djemila), Timgad et Lambèse (à coté de Batna). 

En 202 Septime Severe craignant l'invasion de pillards, construisit de nombreux Castellum (Poste fortifié, forteresse, ville fortifiée en latin) dans la plaine de Sitifis aux endroits présentant un intérêt stratégique, il y'en eu une quinzaine. L'un d'eux le «Castellum Cellense» fut établi sur l'actuel territoire de Bordj Ghedir, on parle alors de Lemellef, pour d'autre Lemelé. Des recherches ont permis de trouver des documents évoquant Castel Lemelé, on pense qu'il s'agit probablement de Bordj Ghedir. 
Un évêché existait, et on y trouva les autels de Castus et de Florus. D'ailleurs le nom de Lemelé (quelquefois écrit Lémélé) est évoqué dans l'assassinat des diacres Donatus et Primus (tous deux numides), ceux-ci ont été massacrés sur l'autel même de la basilique. 

On trouve les traces de Jacobus à Bordj Ghedir qui y a été en tant qu'évêque, celui-ci chassé par les vandales a été arrêté aux environs de Constantine et tué à Lambèse. La région a connu le passage puis l’installation de diverses vagues civilisationnelles. Les Hammadides, les Almohades, les Vandales, mais aussi les Ottomans et enfin les Français ont conquis cette région et s’y sont finalement installés en raison notamment de ses terres fertiles.

Mohamed El Mokrani, figure historique, s’est illustré pendant la période coloniale pour s’être insurgé, avec l’appui des habitants de la région contre la présence française.Cette révolte fut très sévèrement réprimée et donna lieu à de nombreuses déportations vers la Nouvelle-Calédonie, où une communauté algérienne existe encore aujourd’hui. 

Pendant la guerre d'Algérie, Bordj-Bou-Arreridj faisait partie de la Wilaya III  Bordj Ghedir a été le théâtre de grandes batailles pendant la guerre d'Algérie.Les vestiges que l’on trouve un peu partout, témoignent de l’importance de Bordj Ghedir à travers l’histoire de l’humanité.

« Cette région mérite certainement plus d’attention de la part des autorités », note Khallil Zouaoui, un habitant de la région et président de l’association Chawtra. Cette région est méconnue du grand public, et par conséquent peu visitée. C’est dans ce but que nous avons organisé cette journée », a-t-il ajouté.

Néanmoins, l’on déplore le manque d’infrastructures hôtelières, l’inexistence d’auberges, de campings, sans compter l’absence de moyens d’accès pour une meilleure exploitation de ces espaces.