Pérou : Approbation parlementaire d'un vote sur la destitution du président Pedro Pablo Kuczynski

Publié par DKNews le 17-12-2017, 16h57 | 33

Le Parlement péruvien a approuvé la tenue d'un vote sur la destitution, "pour incapacité morale", du président de centre droit Pedro Pablo Kuczynski, accusé par l'opposition de corruption dans le cadre du scandale du géant du BTP Odebrecht, qui éclabousse toute la région. 

Sur 118 parlementaires présents (sur 130), 93 ont approuvé vendredi la tenue d'un débat, qui se tiendra le 21 décembre, et qui avait été sollicité par un groupe de parlementaires d'opposition. 
Ce dernier était parvenu à réunir les 26 signatures nécessaires pour en demander la tenue afin de déclarer "l'incapacité morale permanente du président" et "la vacance de la présidence de la République". 

Pour que le président soit destitué, il faudrait le vote favorable des deux tiers du Parlement, contrôlé par l'opposition, soit 87 voix. Dans ce cas, son premier vice-président, Martin Vizcarra, prendrait sa place. 

Pour les analystes, le vote de vendredi est de mauvais augure pour l'avenir du président. 
"La seule marge de man£uvre que garde le président avant jeudi est de convaincre quelques parlementaires de ne pas voter la destitution", a déclaré à l'AFP l'analyste politique peruvien, Luis Benavente. Jeudi, l'opposition avait exigé la démission du chef de l'Etat, au lendemain des révélations du groupe de BTP brésilien Odebrecht, qui a reconnu avoir payé près de cinq millions de dollars à des entreprises de conseil directement liées à Pedro Pablo Kuczynski entre 2004 et 2013. 
Dans la soirée, le président a refusé de quitter ses fonctions. 

"Je ne courrai pas, je ne me cacherai pas et je n'ai aucune raison de le faire", a-t-il assuré dans un discours télévisé, promettant de coopérer à l'enquête. 

Ancien banquier de Wall Street âgé de 79 ans, M. Kuczynksi avait nié dans un premier temps tout lien avec Odebrecht, avant d'être démenti par l'entreprise elle-même. 

"Cela montre l'absence de vérité chez le président, ce qui constitue une incapacité morale", est-il écrit dans le texte signé par des parlementaires de différents partis d'opposition, dont le puissant Fuerza Popular dirigé par Keiko Fujimori, fille de l'ancien chef de l'Etat Alberto Fujimori (1990-2000). 

Le gigantesque scandale de corruption Odebrecht a touché, outre le Brésil et le Pérou, des pays comme l'Equateur, le Mexique, le Panama et le Venezuela. 

Mercredi, le vice-président équatorien Jorge Glas s'est vu infliger six ans de prison pour avoir perçu pour plusieurs millions de dollars de pots-de-vin du groupe brésilien. L'ex-président péruvien Ollanta Humala (2011-2016) est en détention provisoire, accusé d'avoir reçu trois millions de dollars au cours de sa campagne électorale. 

Odebrecht a accepté l'année dernière de payer une amende record de 3,5 milliards de dollars aux autorités brésiliennes, suisses et américaines, après avoir reconnu avoir versé environ 788 millions de dollars à des hauts fonctionnaires et à des partis politiques de divers pays pour obtenir des contrats.