Pour soupçons d’emplois fictifs : Le Front National dans une mauvaise passe

Publié par Cherbel El-M le 17-12-2017, 16h59 | 35

Malgré le forcing des leaders de l’extrême droite française, et notamment des membres du clan Le Pen et de leur adeptes, et une campagne virulente pour discréditer l’action du parlement européenne puis de la justice française, le couperet judicaire est en train de tomber doucement mais sûrement sur le staff dirigeant du parti de l’extrême droite en France. 

« Le Front national est mis en examen par la justice française, qui le soupçonne d’avoir profité illégalement des fonds mis à disposition par le Parlement européen pour rémunérer ses collaborateurs », rapporte le site du quotidien lemonde.fr  qui s’est fait l’écho de cette nouvelle tournure judiciaire de l’affaire des eurodéputés du front national. 

Depuis 2014, ces eurodéputés employaient près d’une soixantaine d’attachés parlementaires, comme le leur permet la réglementation européennes qui les paye directement jusqu’à concurrence de 24000 euros par député. Mais voilà qu’en 2015, des soupçons naissent au sujet de l’emploi réel  de 29 de ces assistants parlementaires, laissant penser que ces derniers,  « occupant par ailleurs des postes stratégiques au sein du FN ou directement auprès de Marine Le Pen, (ils) ne seraient embauchés à l’Assemblée européenne que pour en percevoir les indemnités, en travaillant pour le FN plutôt que sur les dossiers européens », note lemonde.fr. 

Le parlement européen confie alors le dossier à l’Office européen de lutte anti-fraude (OLAF) qui fouinera pendant plusieurs mois dans les agendas et emplois du temps de ces attachés parlementaires. A la suite de quoi, croit savoir lemonde.fr, les enquêteurs découvrent que « l’une des assistantes bruxelloises de Marine Le Pen, Catherine Griset, n’avait jamais eu de bail à Bruxelles en cinq ans et que ses apparitions au Parlement étaient rarissimes ; ou qu’un autre de ses assistants, Thierry Légier, occupait en parallèle la fonction de garde du corps », écrit-il.

C’est ainsi que cet organisme adresse des titres de perception   à six eurodéputés du Front national, dont Marine et Jean Marie Le Pen les sommant de rembourser les sommes indument perçues. Pour recouvrer ces sommes et devant le défaut de paiement de Marine Le Pen,  ses indemnités parlementaires seront ponctionnées d’office, jusqu’en juin 2017, avec son mandat d’eurodéputée. 

La défense du Front National évoquera plus tard une ‘’irrégularité’’ du fait de devoir payer sur la seule base d’une enquête administrative de l’OLAF. Pour le journaliste du site lemonde.fr il s’agit bien « d’une sanction administrative, qui relève du fonctionnement interne de l’assemblée européenne », ajoutant aussi que «l’utilisation indue des indemnités fait partie du domaine de compétence de l’OLAF, qui a le pouvoir de recouvrer les sommes indues.» Après la procédure administrative interne, le parlement européen porte l’affaire devant les tribunaux    en demandant à la justice française d’ouvrir une enquête. 

Ce que le parquet de Paris fera en décembre 2016 pour soupçons d’une ‘’escroquerie en bande organisée’’.  Des péréquations suivies de saisies de documents au siège du Front National à Paris conduisent les enquêteurs « à penser que le système ‘’frauduleux ‘’ était pensé en haut lieu depuis 2012, et connu de Marine Le Pen », souligne lemonde.fr.

Après avoir décliné les convocations des juges, Marine Le Pen,  contrainte de se présenter au tribunal à la fin des campagnes électorales de de 2017, se voit notifier, ainsi qu’un groupe d’autres cadres de son parti, une mise en examen pour « abus de confiance » et « complicité d’abus de confiance ».

Pour le trésorier du parti, il  n’y a « pas la moindre démonstration que le Front national ait recelé ou organisé quoi que ce soit ». L’encadrement du parti de l’extrême droite  a axé sa défense en plaçant l’affaire sur le terrain politique, en invoquant  « une persécution politique orchestrée par l’ancien président (social-démocrate) du Parlement européen Martin Schulz, avec la complicité de Manuel Valls, qui était encore premier ministre », relève lemonde.fr. D’autres cadres ont essayé de plaider une pratique généralisée de l’emploi des assistants parlementaires pour des missions partisanes, citant des  cas de leurs collègues ayant pratiqué cela.  

Droit dans ses bottes, Sébastien Chenu, porte-parole du FN  maintient que ces collaborateurs ont  bien travaillé ;  «Oui, ils sont politisés, oui ce sont des militants en dehors de leur travail. Ceci n’est ni interdit par le Parlement européen, ni par aucune loi », se défend-t-il.

Pour l’avocat du parlement européenne, Me Maisonneuve, l’affaire a trait à « de l’argent des contribuables et notamment des contribuables français qui, effectivement, a fait l’objet de ce qui est considéré aujourd’hui comme un détournement de fonds public au préjudice du Parlement.» A ses yeux, il est tout à fait légitime « que ces sommes soient restituées au Parlement européen.»