Crise dans le top management d’Airbus : Délestage dans le cockpit

Publié par Cherbal E-M le 18-12-2017, 16h45 | 36

Alors que le constructeur aéronautique européen croule sous les commandes, que ses équipes commerciales marquent de précieux points dans la bataille contre le concurrent américain Boeing, Airbus, rattrapé par de sombres affaires de corruption, voit son équipe dirigeante empêtrée dans une guerre de position avant finalement de se voir  ‘’décapitée’’ par le dernier conseil d’administration tenu jeudi 14 décembre. 

Les deux protagonistes de cette lutte acharnée qui range depuis ces derniers temps le top management du constructeur européen vont devoir  rendre le tablier, a sagement décidé le conseil d’administration qui a œuvré pour la stabilité du groupe ainsi que pour donner une meilleure visibilité à ses perspectives de développement.

Le Français Fabrice Brégier, numéro deux du groupe, en charge de la branche aviation commerciale d’Airbus, entré en conflit ouvert avec le patron du groupe devra finalement se résoudre à rendre le tablier en février prochain. 

Quant à l’Allemand Tom Enders,  patron du groupe, il s’abstiendra de demander un renouvellement de son mandat qui arrive à son terme en 2019. Un autre français, Guillaume Faury, âgé de 49 ans, jusqu’à présent  en charge d’Airbus Helicopters,  devra succéder  au  numéro, mais s’offre d’ores et déjà une belle place pour aspirer tenir les  commandes du groupe au printemps 2019.

Ainsi, après une réunion des plus secrètes, entourée de  bruits et de rumeurs sur le devenir du groupe, le conseil d’administration a tenté de ramener du calme dans la cockpit managérial d’Airbus en proie à une très forte crise de gouvernance mettant en opposition le patron allemand et son adjoint français sur fond d’affaires de corruption mais  avec des motivations De positionnement personnel à peine dissimulées. 

En agissant de la sorte, le conseil a traduit un souci  exprimé quelques jours auparavant par son président Denis Ranque qui a fait savoir à la presse que les membres du conseil étaient «également pleinement conscients de notre responsabilité vis-à-vis des 140 000 salariés du groupe et de la nécessité de veiller à la continuité de l’entreprise et à la bonne marche de ses opérations ».

Depuis quelques temps, les couteaux étaient ouvertement tirés entre le patron et son second à tel point que beaucoup d’observateurs disaient craindre pour le développement du groupe et pour ses perspectives commerciales. De peur d’être rattrapé par des poursuites pour faits de corruption, le patron Tom Enders a décidé de faire dans l’auto délation, pour pouvoir négocier un accord avec les autorités européennes. 

Il est admis dans le marché international de l’aéronautique, que les fabricants passent par des intermédiaires pour les aider à vendre moyennant commissions ; il leur est juste demandé d’en faire déclaration ; « Airbus aurait oublié de le faire pour certains contrats d’avions de ligne : 34 A320 à Turkish Airlines et 150 Airbus à la Chine, en 2010, pour une valeur totale de 18,2 milliards de dollars », rapporte le site du journal ouest-France.fr. 

D’où de sérieux risques de poursuites tant en Grande Bretagne qu’en France. L’allemand  Tom Enders, en proie à ces affaires reproche à son second un manque de soutien franc. Une petite raison supplémentaire pour  lui d’accentuer ses velléités d’en finir avec le français qu’il s’est promis de débarquer, de peur qu’il ne parvienne à lui succéder alors que lui appelle à de nouvelles têtes pour le développement du groupe. De son côté, l’adjoint français du groupe Fabrice Brégier s’est toujours accommodé d’une cohabitation avec son patron pour peu que les lignes soient bien tracées et respectées entre eux. 

« Or cette ligne jaune a été franchie par le patron allemand lorsque celui-ci, après avoir récupéré les pleins pouvoirs sur la finance, les ressources humaines et la communication, a aussi retiré à Fabrice Brégier la gestion du commercial. Eric Schulz, successeur du supervendeur John Leahy, rapportera ainsi directement à Tom Enders, et non plus à Fabrice Brégier », rapporte le site challenges.fr dans un papier daté du 13 décembre.

Un mode de fonctionnement que ne manquera pas de fustiger le président français Emmanuel Macron qui ne s’est pas privé  de laisser transparaitre  son absence de sympathie pour le patron   allemand.