Conflit Comité olympique-Fédérations : Le sport algérien grand perdant

Publié par DKNews le 25-12-2017, 16h30 | 27

La relation entre le Comité olympique et sportif   algérien (COA) et plusieurs Fédérations sportives nationales s'est   détériorée en 2017 au lendemain de la clôture du processus de   renouvellement des instances lesquelles ont contesté les "conditions" ayant   permis à Mustapha Berraf d'être réélu pour un nouveau mandat quadriennal   (2017-2020) à la tête du COA.  

Mustapha Berraf avait décidé de se présenter à sa propre succession, un   objectif atteint après avoir récolté 80 voix contre 45 pour son concurrent   Abdelhakim Dib, nouveau président de la Fédération algérienne d'athlétisme,   lors de l'Assemblée générale élective (AGE) tenue le 27 mai dernier. 

Le conflit s'est déclenché après la réélection haut la main de Berraf pour   un nouveau mandat, lorsqu'une quarantaine de présidents de fédération ont   contesté à travers une lettre la régularité du scrutin, exprimant leur   mécontentement des «conditions» ayant entouré le déroulement de l'AGE qui a   porté Berraf à la tête de l'instance olympique. 

Comme première réaction, les présidents des fédérations de natation,   d'haltérophilie, de cyclisme, de tennis de table, de badminton et de   basket-ball, élus membres du Bureau exécutif du COA, ont décidé de se   retirer, laissant ce dernier à moitié vide. Ils ont été imités quelques   semaines plus tard par l'ex-président de la Fédération algérienne de boxe,   Nabil Sadi qui a regretté l'»instabilité» prévalant au sein de l'instance   olympique. 

Pourtant, ce sont ces mêmes présidents de fédération qui avaient   «chaleureusement» félicité l'ancien basketteur international juste après sa   reconduction. Quatre présidents de fédération ont alors demandé une   audience «particulière» au patron du Comité international olympique (CIO)   Thomas Bach, afin de lui rapporter ce qu'ils ont qualifié de «mascarade   électorale».  
 
Le CIO conforte Berraf et déboute les contestataires  

Mais la réaction du CIO ne s’est pas fait attendre, validant l’élection de   Berraf et appelant les acteurs du sport national au «calme», à la   «sérénité» et à restaurer un climat «de confiance et de respect mutuel dans   le seul intérêt du sport et des athlètes algériens, conformément à la   Charte olympique». 

Le CIO a, dans ce cadre, affirmé «ne pas reconnaître une quelconque   légitimité à un collectif de fédérations auto-proclamé qui agit en dehors   de toute institution et structure sportive dûment établie et reconnue»,   constatant que cette «démarche interv(enait) a posteriori» et confirmant sa   «position initiale» par rapport à l'élection de Berraf à la tête du COA, vu   l'absence «de preuves significatives tangibles». 

L'instance de Thomas Bach a rappelé le principe «fondamental» de   l'autonomie du mouvement olympique et les règles de la Charte olympique en   la matière, appelant le COA à «préserver (son) autonomie» et à «résister à   toutes les pressions, y compris, mais sans s'y restreindre, les pressions   politiques, juridiques, religieuses ou économiques qui pourraient   (l')empêcher de se conformer à la Charte olympique».   Cette franche position affichée par la plus haute instance du sport   mondial n'a rien changé au climat malsain qui règne à ce jour au sein de la   famille du sport algérien.

Au contraire, la situation a empiré au fil du   temps. Les contestataires ont alors déposé un recours au niveau du Tribunal   arbitral de résolution des litiges sportifs (TARLS) qui a, lui aussi,   validé la réélection de Berraf. Ce dernier a multiplié les appels à la   sagesse pour l'»intérêt du sport national», souhaitant tenir une réunion   avec le ministre de la Jeunesse et des Sports, El Hadi Ould Ali, «pour   remettre les choses dans l'ordre». 

Le ministre a, de son côté, affirmé que le conflit opposant les   fédérations sportives nationales au COA était «interne», soulignant que son   département n'avait «aucune relation» avec ces «perturbations».   El Hadi Ould Ali a néanmoins eu une réunion de travail avec les   «frondeurs», leur promettant qu'il fasse part de leurs doléances au   Gouvernement. Il s'est engagé aussi à ce que le MJS «ne ménage aucun effort   pour circonscrire cette crise et assurer le retour de la sérénité au sein   du mouvement sportif national». 
 
Morceli et Boulmerka tirent la sonnette d'alarme 

Dans une de ses sorties, le ministre du secteur a également invité   Mustapha Berraf à «faire preuve de sagesse et à plier bagage pour éviter au   sport national cette situation de blocage qui l’expose à un avenir   incertain». Conscients des répercussions négatives de cette situation sur le sport   algérien, plusieurs grandes figures du mouvement sportif national, à leur   tête les anciens champions olympiques du 1500m Nouredine Morceli et Hassiba   Boulmerka ont appelé les différents acteurs «à la raison et à la sagesse»   dans l'espoir de faire bouger le secteur du «point mort» dans lequel il   patauge et amorcer le plus vite possible un nouveau départ. 

«Je veux bien mener une action de réconciliation générale entre tous les   acteurs du sport national. La situation actuelle n'arrange aucune partie et   le plus grand perdant sont le sport et les sportifs. Il est temps d'ouvrir   une nouvelle page dans l'intérêt de tout le monde», a déclaré Morceli à   l'APS.    Même son de cloche chez Boulmerka qui a montré son mécontentement face à   ce «blocage» pénalisant en premier lieu les sportifs à la veille de   rendez-vous importants. 

«Les pouvoirs publics ont beaucoup investi pour soutenir le sport en   Algérie. Le facteur temps est très important dans la préparation des   athlètes et je vous assure que nous en avons perdu énormément. Le moment   est venu pour mettre le sport au-dessus de toute autre considération»,   avait lâché la médaillée d'or aux JO-1992 de Barcelone, à l'occasion du   Forum «femme et sport» de septembre dernier.     

Même si la rupture entre les parties au conflit a fermé la porte à toute   possibilité de dialogue en vue de dissiper les points de discorde, la   famille sportive algérienne est appelée à retrouver vite son homogénéité et   sa solidarité pour réussir ses objectifs et ce, à quelques mois seulement   d'importantes échéances internationales,   comme les Jeux africains de la jeunesse prévus à Alger et les Jeux   méditerranéens à Tarragone (Espagne).