Aide publique au développement de l’Afrique : La France peut mieux faire

Publié par Cherbal E-M. le 26-12-2017, 17h14 | 34

Les discours  ajutés, ciblés et bien dosés du président Macron sur l’Afrique semblent encore loin de produire un effet  sur le terrain, où il vient justement de se rendre pour une énième fois, toujours avec de beaux discours et encore pas de mesures concrètes.

Dans un texte mis sur un blog du site https://blogs.mediapart.fr, le 21 décembre dernier sous le titre ‘’Interrogations critiques sur la politique africaine d'Emmanuel Macron’’, on peut lire que  «  son discours d’Ouagadougou est empreint de lyrisme, affichant une volonté claire de conquérir l’auditoire et de plaire avec des envolées qui frisent un pathos romantique hors de propos.»

Depuis  son accession la présidence française, Macron semble avoir fait du territoire africain un terrain de prédilection pour l’expression de  ses choix diplomatiques, le plus souvent dictés par des considérations de sécurité de la France.

Pour l’heure, beaucoup de déplacements et de discours en Afrique, toujours la revendication réitérée de la suppression de la ‘’Françafrique’’, symbole  de la continuation de la l’approche colonialiste du continent, mais point de changement notable dans la politique extérieure de la France à l’égard du continent africain. 

« En somme, trop d’illusions gouvernent la vision présidentielle de la politique africaine, comme le fameux engagement, répété à l’envi mais jamais tenu, de porter à 0,55 % du revenu national brut 
l’aide publique au développement », note l’auteur du papier mis sur https://blogs.mediapart.fr qui rappelle que  « les promesses ne valent que pour ceux qui les reçoivent. » 

A côté des belles paroles et des promesses multiples de Macron, la réalité des chiffres et des politiques publiques de l’aide au développement en Afrique  laissent apparaitre un net désintéressement des pouvoirs publics français des problématiques de développement en Afrique, préférant miser sur le business et la sécurité.

Dans une contribution intitulée ‘’Les pays les plus pauvres sont les grands oubliés de l’aide française au développement’’, mise en ligne le 22 décembre sur lemonde.fr, deux anciens cadres français de la banque mondiale,  Olivier Lafourcade et Serge Michailof , s’en prennent à la politique d’aide publique au développement de la France qu’ils considèrent comme « une politique d’aide opaque et inadaptée, notamment en Afrique. » 

Les deux experts ont décortiqué le document officiel de l’AFD (agence française de développement), passé en revue l’ensemble des données de la politique d’aide au développement pour faire remarquer ceci : « on ne voit aucune information quant à la distribution des ressources affectées aux fameux  ‘’trois D’’ : défense, diplomatie et développement », ou encore que « ce document marque une contradiction frappante avec l’ambition du chef de l’Etat de promouvoir la simplicité, la clarté et la transparence dans la formulation et la conduite des politiques publiques. »

Parmi les critiques faites aux choix de la politique d’aide française, la préférence réservée au prêt fait, expliquent-t-il, « que les pays les plus pauvres, qui ne peuvent emprunter, sont les grands oubliés de notre aide. » 

Conséquence de tels choix, et alors que le niveau des aides publiques oscille entre 8 et 10 milliards d’euros, les montants alloués aux dons restent invariables depuis dix  ans, soit 200 millions d’euros. Avec des volumes aussi faibles, affirment les auteurs de la contribution,  « on ne peut guère espérer avoir un impact ou exercer un effet de levier permettant de mobiliser les ressources des institutions multilatérales et européennes sur des projets concrets, où nous pourrions apporter notre expertise et faciliter un ciblage efficace.»

Le choix des options sécuritaires est également clairement souligné comme facteur déterminant de la politique d’aide de la France ; ainsi, au plan des échanges bilatéraux avec les cinq pays du Sahel, la France mobilise quelques 80 millions d’euros par an, ce qui fait écrire aux deux experts français que cette somme « pitoyable de dons est à mettre en regard avec les 2,37 milliards correspondant à notre effort budgétaire total et avec les 650 à 700 millions que coûte la force ‘’Barkhane’’ chaque année. »

En conclusion de leur analyse, ils appellent à une refondation de la politique d’aide au développement, convaincus qu’ils sont, avancent-ils que « les grands choix stratégiques exprimés dans le document reflètent la poursuite du ‘’business as usual’’ et constituent des erreurs graves. »