Sécurité gazière: l’Europe "n’est pas très claire" sur ses objectifs d’approvisionnement

Publié par DKNews le 31-01-2018, 19h38 | 63

L’Europe qui veut sécuriser ses approvisionnements en gaz continue d’imposer des conditions "inacceptables" aux fournisseurs au nom de la libéralisation du marché européen, a indiqué à Houston le P-dg de Sonatrach, Abdelmoumen Ould Kaddour.

"L’Europe n’est pas très claire, un jour ils sont pour des relations à long terme pour pouvoir assurer la sécurité de l’approvisionnement et un autre jour ils demandent à libérer le marché", a déclaré M. Ould Kaddour à l’APS en réponse à une question sur une déclaration d'une responsable du  département d'Etat américain, Sandra oudkirk, qui a indiqué lundi que son pays souhaitait lancer un partenariat avec l'Algérie pour assurer la sécurité des approvisionnements de l'Europe.

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M. Ould Kaddour a expliqué que les pays européens ont commencé à parler de la nécessité de sécuriser l’arrivée du gaz algérien en Europe depuis le conflit gazier russo-ukrainien qui a remis sur le devant de la scène énergétique la dépendance gazière du continent face à la Russie.

Or, pour l’Algérie "ils mettent des conditions inacceptables, il faut qu’ils sachent ce qu’ils veulent exactement", a ajouté M. Ould Kaddour dont le groupe est appelé à renégocier avec ses clients européens des contrats de livraison arrivant à terme.

"Ils ne veulent plus de contrats à long terme, il veulent un marché libre: acheter du gaz quand ils sont en situation de difficulté par rapport à  l’approvisionnement de la Russie. Mais quand la situation est plus favorable ils ne veulent plus de notre gaz ", a-t-il relevé.

Face à cette situation, "Sonatrach n’est pas restée les bras croisés et a anticipé la mise en place d'une stratégie commerciale pour diversifier ses  débouchés", a-t-il expliqué.

"L’investissement dans les méthaniers coûte cher mais permettra au groupe de placer son gaz ailleurs qu’en Europe", a souligné M. Ould Kaddour. "On n’est pas resté sur le même schéma. On a d’autre possibilités qui nous permettent de voir ailleurs", a -t-il relevé.

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Pour autant, le patron de Sonatrach a fait savoir que certains contrats à long terme son toujours en vigueur. Mieux encore, "nous avons la possibilité de continuer avec certains clients européens sur le long terme", a-t-il dit.

Sonatrach a besoin de maintenir 10% des parts de marché européen, a indiqué Salah Mekmouche, vice-président amont de Sonatrach lors du forum  algéro-américan sur l'énergie.

Le responsable de Sonatrach a évoqué de nouveaux débouchés pour le groupe en Asie comme la Corée du Sud, qui constituent les premiers résultats du groupe dans sa quête vers des marchés valorisants.

Sonatrach, deuxième plus grand fournisseur de l’Europe en gaz après Gazprom, alimente le continent via trois gazoducs transcontinentaux avec  deux (Pedro Duran Farell et Medgaz) reliant l’Algérie à l’Espagne et un troisième (Enrico Mattei) reliant l’Algérie à l’Italie via la Tunisie.