Nigeria: Mobilisation internationale pour libérer les lycéennes enlevées par Boko Haram

Publié par Dknews le 12-05-2014, 16h35 | 23

La mobilisation internationale s'intensifie pour aider le Nigeria à retrouver plus de 200 lycéennes enlevées mi-avril par le groupe armé Boko Haram, auteur de violences meurtrières dans le pays.Le président nigérian Goodluck Jonathan a affirmé, dans un communiqué dimanche soir, qu'il était «très optimiste» à propos de l'opération de recherche en cours, grâce à l'appui logistique de la communauté internationale.

Des experts américains et britanniques entre autres sont déjà au Nigeria pour participer aux recherches. La Chine a aussi proposé de partager les informations recueillies par ses services de renseignements et ses satellites.

Les ministères belges des Affaires étrangères et de la Santé ont annoncé lundi l'envoi d'une équipe restreinte au Nigeria pour une mission exploratoire à la suite à des contacts bilatéraux établis avec les autorités nigérianes dans le cadre de cette affaire.La mission belge, précisent les autorités belges, explorera l'utilité du déploiement éventuel d'une unité de soutien médico-psychologique pour les familles des jeunes filles enlevées par Boko Haram ainsi que pour les jeunes filles elles-mêmes, une fois libérées.

L'Espagne a offert aux autorités nigérianes «les services d'une équipe de quatre policiers experts des réseaux africains, pour collaborer dans la recherche de 200 filles séquestrées par l'organisation terroriste Boko Haram», selon la vice-présidente du gouvernement espagnol Soraya Saenz de Santamaria,

De son côté, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a décidé d'envoyer son représentant spécial en Afrique de l'Ouest, Saïd Djinnit, à Abuja pour proposer l'aide des Nations unies.Une déclaration unanime du Conseil de sécurité affirme que ces exactions «peuvent constituer des crimes contre l'humanité» passibles de poursuites devant la justice internationale. Elle ne fait cependant pas explicitement référence à la Cour pénale internationale (CPI).

Les 15 pays membres du Conseil se disent prêts à «suivre de manière active la situation des jeunes filles enlevées et à envisager des mesures appropriées contre Boko Haram», une allusion apparente à d'éventuelles sanctions.La première dame des Etats-Unis Michelle Obama a dénoncé un enlèvement «insensé», commis par un «groupe terroriste déterminé à empêcher ces filles de recevoir une éducation», une tendance qu'elle a appelé à combattre.

L'ONU appelle à renforcer la coopération régionale contre le terrorisme

Le représentant spécial de l'ONU en Afrique de l'Ouest, Saïd Djinnit, a appelé à renforcer la coopération régionale contre «le terrorisme», suite à l'enlèvement de ces lycéennes.
«Nous avons réitéré notre ferme condamnation du terrorisme, de l'enlèvement» des lycéennes et «de la déclaration du leader de Boko Haram sur le sort qu'il veut (leur) réserver», a déclaré M. Djinnit, dans une déclaration vendredi dernier.

Le représentant spécial de l'ONU s'exprimait lors d'une conférence de presse après une rencontre à Dakar des chefs de mission de maintien de la paix de l'ONU en Afrique de l'Ouest. Saïd Djinnit a fait part de l'«indignation suscitée» par cet enlèvement, mené mi-avril par Boko Haram et qui, a-t-il indiqué, «illustre le fait que le terrorisme nous concerne tous».

«Nous appelons toute la région à renforcer la coopération pour faire face au terrorisme. Même si le terrorisme frappe le Nigeria individuellement, c'est un fléau qui affecte toute la région. La clef du succès (contre le phénomène), c'est la coopération régionale», a ajouté M. Djinnit.

Par ailleurs, le président français François Hollande a annoncé la tenue probable samedi à Paris d'un sommet de dirigeants africains sur la sécurité au Nigeria et dans sa région. «J'ai proposé, avec le président nigérian Goodluck Jonathan, une réunion des pays limitrophes du Nigeria», a-t-il déclaré dimanche à Bakou ..en marge d'un déplacement dans le Caucase.

Il s'agira d'évoquer les questions de sécurité, et notamment le groupe Boko Haram, a précisé l'entourage du président français.Le 14 avril, le groupe armé extrémiste Boko Haram, dont le nom signifie «l'éducation occidentale est un péché», avait attaqué un lycée de Chibok, dans le nord-est du Nigeria, et enlevé 276 adolescentes, dont 223 sont toujours captives, selon la police. Le groupe a revendiqué l'enlèvement des lycéennes, menaçant de les vendre comme «esclaves» et de les «marier» de force.

Une vidéo diffusée lundi par le groupe d'insurgés obtenue par l'agence AFP, montrait une centaine de jeunes femmes présentées comme les lycéennes enlevées mi-avril dans le nord-est du Nigeria, dans laquelle Boko Haram exige la libération de prisonniers du groupe en échange de celle des jeunes filles. «Nous ne les libérerons qu'après que vous ayez libéré nos frères» emprisonnés par les autorités nigérianes, a dit le chef présumé de Boko Haram, Abubakar Shekau.

L'insurrection menée par Boko Haram, qui dure depuis cinq ans, a fait des milliers de morts (plus de 1.500 depuis début 2014) au Nigeria, pays le plus peuplé et première économie d'Afrique. Les violences se concentrent dans le Nord-Est, où l'armée mène une vaste opération depuis un an contre les insurgés.