Ukraine-crise : L'Ukraine lance un «dialogue national» sans les séparatistes malgré les appels de Moscou

Publié par Dknews le 14-05-2014, 15h40 | 33

Un «dialogue national» encouragé par les Occidentaux doit s'ouvrir mercredi en Ukraine où les nouvelles autorités veulent éviter une sécession de l'Est en proie à des violences, mais sans les militants séparatistes de la région malgré les appels répétés de Moscou en ce sens.

Les Occidentaux et l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) s'efforcent depuis plusieurs jours de renouer le fil du dialogue entre les Ukrainiens, dont le pays est menacé de partition après un double référendum d»indépendance» dans le Donbass (Est).
Une table ronde pour l'«unité nationale» est prévue à 13H30 GMT avec les représentants du gouvernement, députés et élites régionales selon Kiev.

Les discussions, auxquelles doivent notamment participer le Premier ministre Arseni Iatseniouk, deux anciens chefs de l'Etat ukrainien et des candidats à la présidentielle prévue le 25 mai, seront menées par le médiateur et ancien diplomate allemand Wolfgang Ischinger.

Les chefs du mouvement séparatiste qui a proclamé la «souveraineté» de deux régions de l'Est ukrainien à l'issue d'un référendum dimanche ne sont pas invités à la table ronde, malgré les appels répétés de Moscou en ce sens.

«Evidemment, les gens comme (Pavlo) Goubarev (gouverneur autoproclamée de Donetsk, ndlr) ne sont pas invités. Pour participer à des tables rondes, ils doivent d'abord déposer leurs armes et évacuer les bâtiments occupés», a déclaré à l'AFP Serguiï Sobolev, un haut responsable parlementaire du parti de Ioulia Timochenko, candidate à la présidentielle ukrainienne.

Ce sont les partis pro-russes, Parti des régions (ex-formation du président déchu Viktor Ianoukovitch) et les communistes qui «vont représenter les séparatistes», a-t-il lancé.

Les Occidentaux favorables aux négociations

La chancelière allemande Angela Merkel a estimé mardi que les «tables rondes» devaient être les plus larges et les plus représentatives possibles, mais que la violence n'y aurait pas sa place.
«Je pense que la possibilité de tables rondes (...) offre une bonne occasion» de tenter de trouver une issue à la situation, a-t-elle déclaré.Pour le ministre allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, qui s'est rendu mardi à Kiev puis à Odessa (sud), «ce n'est bien sûr qu'un début».

Les efforts diplomatiques en cours «restent une entreprise difficile», a admis le diplomate qui a déjà effectué trois visites en Ukraine. «Tout le monde n'est pas prêt à entrer dans un dialogue», a-t-il déclaré, soulignat que «certains tiennent à la violence».De son côté, la Russie semble réticente, laissant entendre que les conditions pour le «dialogue» n'étaient pas réunies.

Tout en jugeant «extrêmement important» de mettre en oeuvre le plus vite possible la feuille de route proposée par l'OSCE, Moscou a une nouvelle fois exigé mardi que Kiev mette fin à l'opération militaire en cours dans l'est ukrainien.«Nous exigeons que Kiev arrête immédiatement son expédition punitive et retire ses troupes», a déclaré le ministère des Affaires étrangères.

Regain de violences dans l'Est

Le dialogue s'annonce encore plus difficile après l'annonce mardi de la mort violente de sept militaires ukrainiens près de Kramatorsk, dans la région de Donetsk (Est de l'Ukraine).Les soldats sont tombés dans une «embuscade» tendue «cyniquement et traîtreusement» par plus de 30 rebelles qui les ont attaqués au lance-roquette, selon le ministère de la Défense.Des combats entre militants séparatistes et soldats ukrainiens se déroulent presque chaque nuit dans la zone de Slaviansk.

Le Premier ministre polonais Donald Tusk a plaidé mardi pour la «mobilisation de toute l'UE et de l'Otan face au risque ou à la menace d'une chute de l'Etat ukrainien ou à tout le moins d'une partition très douloureuse».

L'UE doit «se concentrer sur le type d'aide qui permettrait à l'Ukraine de tenir des élections le 25 mai», a-t-il estimé. La Russie a affirmé pour sa part que les militants séparatistes en Ukraine respecteront la feuille de route de l'OSCE si Kiev arrête son opération militaire dans l'est du pays. Elle a en outre accusé Kiev mardi de refuser un dialogue «réel» avec les séparatistes, soulignant que la question des droits de ces régions devait être réglée avant la présidentielle anticipée du 25 mai.

Après la perte en mars dernier de la Crimée qui a été rattachée à la Russie à l'issue d'un référendum, l'Ukraine a fait un nouveau pas vers la partition avec la tenue dans deux régions de l'Est d'un double référendum d'indépendance, dénoncé comme «illégal» par Kiev et par les Occidentaux.