Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a dénoncé la politique de «deux poids, deux mesures» de la France lors de ses interventions militaires en Libye et au Mali, révélant à ce sujet les propos tenus par l'ex-chef de la diplomatie française Laurent Fabius au moment des faits.
S'exprimant dans un entretien exclusif accordé à des médias français, dont la chaîne d'information continue Russia Today, Sergueï Lavrov a fait part d'une déclaration qu'il a jugée «déroutante» qu'il lui avait été faite par Laurent Fabius, alors ministre français des Affaires étrangères, s'agissant de l’intervention française au Mali en 2013.
Tout en affirmant que cette déclaration était restée jusque-là «secrète», le chef de la diplomatie russe a indiqué qu'il avait été sollicité en 2013 par Laurent Fabius pour «ne pas s'opposer à une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU autorisant la France à lutter contre les groupes terroristes» dans le nord du Mali. «La France voulait que son contingent au Mali obtienne l’approbation du Conseil de sécurité de l’ONU pour lutter contre cette menace terroriste.
Laurent Fabius m’a appelé et m’a demandé de ne pas nous y opposer. Mais, il faut garder à l’esprit, lui ai-je dis, que vous allez réprimer les activités des gens que vous avez armés en Libye.
Il a ri et m’a répondu : «c’est la vie», a confié Sergueï Lavrov dénonçant cette perception de la «politique».
Le chef de la diplomatie russe a critiqué, dans ce contexte, l'intervention militaire française en Libye en 2011, déplorant que celle-ci avait démontré «évidemment, le principe du deux poids, deux mesures».
Le chef de la diplomatie russe était revenu aussi sur les «bavures commises» par l’Otan lors de ses interventions armées dans divers pays, notamment en Serbie.
«Compte tenu du fait que nous sommes Européens, membres de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), je commencerai dès l’année 1999, quand l’OTAN a bombardé la Yougoslavie. Là encore, aucune distinction n’a été faite qu’il s’agisse d’objets civils ou à double usage», a-t-il souligné.
Et d'ajouter : «Ils (les pays de l'OTAN) ont bombardé le ministère de la Défense et l’Etat-major général, mais je dois rappeler qu’ils ont aussi bombardé un pont ferroviaire au moment où un train de passagers le traversait».
En mars 2011, à l'instigation de la ,France, le Conseil de sécurité avait adopté une résolution d'instauration d'une zone d'exclusion aérienne en Libye sous prétexte de protéger les civils libyens, mais ce texte avait été exploité par les forces de l'OTAN, selon la diplomatie russe, pour «semer le chaos» et «provoquer un changement de régime».
En janvier 2013, la France avait également mené une intervention au Mali, avec l'appui de l'ONU, pour déloger les terroristes présents dans le Nord du pays et stopper leur progression vers le Sud, notamment Bamako, la capitale.