Washington annonce de nouvelles sanctions, Téhéran appelle l'ONU à réagir

Publié par Dk News le 06-11-2018, 16h38 | 12

Les Etats-Unis ont annoncé lundi l'adoption de nouvelles sanctions contre Téhéran ciblant les secteurs pétrolier et financier iraniens, alors que le président iranien Hassan Rohani a assuré que Téhéran affrontera ses mesures "illégales et injustes".

L'administration de Donald Trump a rétabli les dernières sanctions levées dans le cadre de l'accord de 2015 sur le nucléaire iranien afin d'amener Téhéran à renégocier un "meilleur accord" et "plus complet" de son programme nucléaire, de son arsenal de missiles et de son rôle jugé "déstabilisateur" au Moyen-Orient.

Outre les sanctions qui ont visé les exportations pétrolières iraniennes, Washington a placé 50 banques iraniennes sur la "liste noire" des Etats-Unis, ainsi que plus de 700 personnes et navires des secteurs iraniens du transport maritime et de l'énergie, une compagnie aérienne iranienne et plus de 65 de ses avions.

L'administration américaine a décidé aussi de déconnecter l'Iran du circuit bancaire international Swift, considéré comme l'ossature du système financier mondial.

Les Etats-Unis ont réaffirmé lundi leur "détermination" à ramener à "zéro" les exportations iraniennes de brut dans le monde dans un délai de six mois, menaçant ainsi tous les Etats qui veulent contourner ses sanctions d'une "punition immédiate".

"Tant que l'Iran n'aura pas pris un virage à 180 degrés, nous exercerons une pression implacable", a menacé lundi le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo dans une conférence conjointe avec le secrétaire au Trésor Steven Mnuchin.

Après l'annonce de ces sanctions, Téhéran a adressé lundi une lettre au secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, appelant à une "réponse collective" de la communauté internationale aux mesures imposées par les Etats-Unis.

Dénonçant un comportement "irresponsable", l'ambassadeur d'Iran auprès de l'ONU, Gholamali Khoshroo a souligné que "les Nations unies devraient tenir les Etats-Unis pour responsables de la remise en vigueur des sanctions contre Téhéran, qui violent une résolution de l'ONU".

Dans la lettre adressée au secrétaire général de l'ONU, l'ambassadeur iranien a réclamé à la "communauté internationale de donner une réponse collective afin de défendre la primauté du droit, de protéger le multilatéralisme et de ne pas permettre de torpiller la diplomatie".

Les Etats-Unis "isolés" au sein de la communauté internationale

Auparavant, le président iranien, Hassan Rohani, a assuré, dans un discours télévisé, que Téhéran va "contourner avec fierté ces sanctions illégales et injustes".

"Nous sommes en situation de guerre économique et nous affrontons une tentative d'intimidation. Je ne pense pas que dans l'histoire américaine il y ait eu jusqu'à présent quelqu'un à la Maison Blanche qui contrevienne à ce point au droit et aux conventions internationales", a-t-il dénoncé.

Malgré les sanctions adoptées et les menaces proférées par les Etats Unis, de nombreux experts internationaux estiment que Washington est "isolée" sur le plan international et que l'Iran va résister à ces mesures grâce aux liens noués notamment avec les grandes puissances mondiales (Russie, Chine, Inde) et l'Union européenne.

Selon les mêmes observateurs, l'annonce des Etats-Unis d'"autoriser" huit pays, parmi lesquels la Chine, l'Inde, le Japon et l'Italie, à continuer d'acheter temporairement du pétrole iranien, malgré les sanctions prises, est une "preuve" que Washington ne pourra pas empêcher l'Iran à exporter son pétrole et à commercer avec le reste du monde.

Contrairement à la période d'avant 2015, les pays Européens et les autres grandes puissances mondiales ont décidé de préserver et de défendre l'accord sur le nucléaire qu'ils jugent indispensable à la sécurité mondiale. Ces pays ont convenu aussi d'aider l'Iran à mieux contourner les sanctions américaines, à travers plusieurs dispositifs.

"Nous allons faire tout le nécessaire pour préserver et élargir la coopération économique, commerciale et financière avec l'Iran en dépit des nouvelles sanctions américaines", a réagi lundi le ministère russe des Affaires étrangères.