Le mouvement des "gilets jaunes", ou l'expression du ras-le-bol fiscal des Français

Publié par Dk News le 23-11-2018, 16h10 | 15

Le mouvement des "gilets jaunes", qui n'est pas prêt à céder, est l'expression du ras-le-bol des Français qui ne supportent plus l'acquittement jugé "excessif" des taxes et impôts à l'origine de l'érosion du leur pouvoir d'achat.

Devant une situation de fracture fiscale et un ras-le-bol sans cesse grandissant, le gouvernement d'Emmanuel Macron, un Président qui a engagé des réformes tous azimuts depuis son arrivée au pouvoir il y a 18 mois, court un grand risque, selon nombre d'observateurs.

Même le sobriquet lui étant attribué comme le "le Président des riches ou des plus riches" commence à bien prendre chez les Français en colère, notamment auprès des "gilets jaunes" qui ont demandé, au cours de leur mouvement, sa démission.

Le mouvement des "gilets jaunes", soutenu par plus de 70 % des Français, est né suite à la hausse des prix du carburants causée, selon eux, par une politique fiscale qui ne prend pas en compte la classe moyenne, rappelle-t-on.

Déjà, des appels se font entendre en faveur de la nécessité d'un débat national pour "redéfinir le système fiscal, sa cohérence et sa légitimité".

Selon les dernières données de la Commission européenne, la France se classe, concernant les taxes sur les revenus des ménages, en première place. Les prélèvements représentent 1,8 % du PIB, contre 1,6 pour le Royaume-Uni et 1,5 pour le Danemark, la Suède et la Grèce, tous trois à égalité. L’Allemagne est classée à la 15eplace avec 0,6 % du PIB.

Un sondage publié jeudi sur le rapport des Français aux impôts, réalisée par Ipsos pour Le Monde et la Fondation internationale de finances publiques, montre bien une profonde défiance des Français vis-à-vis du système fiscal dans sa globalité.

Même si une courte majorité des personnes interrogées (54 %) juge que le paiement de l’impôt est un "acte citoyen" au service de l’intérêt général, les trois quarts (73 %) des personnes interrogées estiment que l’accélération de la hausse du prix du diesel par rap- port à l’essence pour lutter contre le changement climatique est une "mauvaise chose".

Dans ce contexte, la fiscalité écologique imposée par le gouvernement est unanimement rejetée par les Français, selon les résultats du sondage. Il faut également ajouter à cela que les retraités et la classe moyenne, dans son ensemble, sont particulièrement remontés.

Les deux tiers (67 %) des sondés de cette catégorie de la population estiment que la politique fiscale du gouvernement creuse davantage les inégalités sociales, voire les aggrave.

Les retraités, notamment 94 % d'entre eux, pensent qu’on leur demande "plus d’efforts" qu’aux autres.

Ils sont également 76 % à estimer qu’on demande "plus d’efforts" aux classes moyennes et 73 % des sondés indiquent, en matière d'impôts, que le gouvernement demande "moins d’efforts aux catégories privilégiées".

Des observateurs estiment, à cet effet, que devant l'inquiétante fracture fiscale, qui peut engendrer une fracture sociale, le gouvernement sera obligé, dans les jours qui viennent, d'apporter une réponse "acceptable" pour les Français, quitte à faire "marche arrière" pour "mener à termes" les autres réformes, même si elles sont également contestées par les travailleurs.

En tout cas, les "gilets jaunes" n'abdiquent pas pour le moment, même si leur mouvement s'est quelque peu essoufflé au bout de six jours de mobilisation, mais ils donnent rendez-vous samedi prochain à Paris pour une autre démonstration de force.