La conférence d'Alger trace les contours de la lutte contre l'immigration irrégulière

Publié par Dk News le 23-11-2018, 16h10 | 7

L'encouragement de l'investissement, la création de l'emploi, la mise en œuvre de l’Agenda 2063 de l'Union africaine (UA), étaient parmi les principaux axes développés lors de la 2eme conférence internationale des ONG africaines membres de l’Ecosoc de l'ONU tenue à Alger sur le thème "Engager l'Afrique face à la crise migratoire", destinée à tracer les contours d'un dispositif africain pour la lutte contre le fléau migratoire.

Adoptées au termes de trois jours de travaux qui ont pris fin mercredi, en présence de 300 participants, venus d'une trentaine de pays d'Afrique, les recommandations ont notamment mis l'accent sur la nécessité de créer "les conditions politiques et sociales" permettant de lutter contre la migration irrégulière, la fuite des compétences ainsi que des capitaux.

Le Parlement africain de la société civile a recommandé, à l'instar des ONG africaines, au titre des conclusions de la conférence, "l’encouragement des investissements ciblés, destinés au développement et la création d’emploi, l’innovation et l’industrialisation inclusive durable au profit des jeunes et femmes".

Renouvelant leur attachement à l’Union africaine (UA) considérée comme "l’incarnation de l’idéal de la société civile et le socle de la solidarité", les participants à la conférence d’Alger ont convenu d’agir ensemble en tant que force de proposition et de partenaire incontournable dans l’édification de l’Afrique.

Ils se sont également engagés à "participer activement à la mise en œuvre de l’Agenda 2063 de l'UA et de s’investir totalement et sans relâche au renforcement des liens d’amitié et de solidarité entre les acteurs de la société civile africaine".

Durant les trois jours de travaux, les représentants des ONG africaines ont été également unanimes sur le fait que la solution à la crise migratoire doit émaner des Africains, rejetant les solutions proposées par l'Union européenne basées sur la création de centre de rétention de migrants clandestins, de fermeture des frontières et de mesures d'expulsion "souvent au mépris des droits les plus élémentaires".

Des chercheurs et spécialistes de plusieurs pays africains ont, pour leur part, souligné que les migrants africains ne constituent pas une menace pour l'Europe, dénonçant les tentatives de certains milieux à faire croire que ces populations en détresse sont "un danger" et "une source d'inquiétude".

Sur un total de 36 millions d'immigrés africains, recensés par l'ONU, ils sont 29 millions d'africains à émigrer à l'intérieur du continent, alors que ceux qui ont dépassé les frontières africaines ne dépasse pas les 7 millions (20 %), dont 5,5 millions sont des compétences exploitées en Europe (médecins, ingénieurs, étudiants et autres travailleurs professionnels), a-t-on fait savoir.

Pour ces chercheurs, la solution à toutes les crises du continent africain doit commencer par l'élément humain en accordant la priorité au développement local (accès à l'alimentation, la santé, l'éducation et la formation), à travers la mobilisation des fonds et d'aides dans un esprit de solidarité et respect des droits de l'Homme.

Combattre la pauvreté et lancer des projets pour l'Afrique

Les intervenants ont plaidé, dans ce contexte, pour l'intensification des programmes d'éradication de la pauvreté, de mécanismes de prévention contre la violence et la radicalisation, ainsi que de dispositifs de lutte contre les changements climatiques et les maladies, dans un esprit de dialogue et de règlement pacifique des conflits.

Le président du Parlement africain de la société civile, Jean Claude D. Kessé, avait soutenu, à l'ouverture des travaux de cette conférence, que rien ne doit entamer "la volonté des jeunes Africains à vouloir aller vers un monde qu'ils croient meilleur", préconisant la coordination entre tous les peuples pour le développement du continent.

Pour sa part, le président du Comité d'organisation de cette rencontre, Ali Sahel, s'est dit convaincu que la lutte contre le phénomène de l'immigration clandestine ne peut envisagé que dans le cadre d'une approche globale et intégrée favorisant le développement économique et social, ainsi que la lutte contre la pauvreté au sein du continent africain".

Cette conférence intervient, souligne-t-on, dans un contexte particulier où l'Afrique fait face à de nombreux défis que sont la lutte contre la pauvreté, le chômage, les inégalités sociales, le réchauffement climatique, les migrations irrégulières et la fuite des élites et des capitaux.

Le directeur du centre des opérations chargé du dossier de la migration au ministère de l’Intérieur et des collectivités locales, Hassan Kacimi, a, quant à lui, assuré que "l’Algérie est entrain de déployer d’importants efforts dans ce cadre de la coopération avec les pays africains et de la région pour aider au règlement de cette crise en tenant compte des spécificités, du respect des droits de l’Homme et des conventions internationales".

Ainsi, la tenue de la 2ème édition de la conférence internationale des ONG africaines, co-organisée par le Parlement africain de la société civile et l’Association nationale d’échanges entre jeunes (ANEJ) du 19 au 21 novembre, a permis d'enclencher un large débat entre les différents acteurs africains, d'échanger des idées et de se lancer dans de futurs projets dans un esprit fraternel, responsable et constructif.

Les représentants des ONG africaines ont mis à profit la conférence d'Alger pour lancer un appel aux bailleurs de fonds, les invitant à contribuer à la création d'un fonds africain destiné à soutenir les initiatives de la société civile et proposer une série de mesures devant permettre la résolution de cette crise migratoire qui a fait couler beaucoup d'encre.

La nécessité d'associer les acteurs de la société civile africaine dans le processus de prise de décision engageant l'avenir de leurs Etats, a été également revendiquée lors des assises d'Alger.