Théâtre : "Istirahet El Mouharridjine", met à nu la pratique de la torture durant l’occupation française

Publié par Dk News le 26-12-2018, 16h29 | 17

La pièce de théâtre "Istirahet El Mouharridjine" (la récréation des clowns), une mise à nu de la pratique de la torture durant l’occupation française, est entrée en compétition du 13e Festival national du théâtre professionnel (Fntp) lors d'une représentation donnée mardi à Alger.

Accueilli au Théâtre national Mahieddine-Bachtarzi (Tna), le spectacle, mis en scène par Ahmed El Agoune sur un texte adapté par Ahmed Hamoumi du roman éponyme de Noureddine Abba, restitue la cruauté de l’occupant français, qui a atteint son paroxysme en transformant des clowns, de personnages censés divertir, en tortionnaires criminels.

D’une durée de près d’une heure de temps, les faits se déroulent dans une caserne où un groupe de soldats français, déguisés en clowns, préparent un spectacle pour asseoir de nouveaux rapports avec la populations algérienne, visant à les "dédiaboliser" et à leur donner un visage plus humain.

Théâtre dans le théâtre: alors que les soldats sont en plein répétition dans un de leurs locaux réservés aux pratiques tortionnaires, une information sur le dépôt d'une bombe dans un lieu inconnu encore et fréquenté par les français, leur parvient.

Rachid dit "Red Sun", un chimiste se faisant passer pour un plombier, se fait arrêter en possession d’une bouteille de vin qu’il venait de piéger et emmené à la caserne où il subira les question des mains des "clowns".

Les comédiens Kacem Berzouk, Fethi Mebarki, Mustapha Bouri, Abderrachid Moussini, Meriem Bouri, Alae Belarbi, Ali Hartani et Mohamed Khalil Djebbari, ont brillamment servi le spectacle, occupant l’ensemble de l’espace scénique dans un jeu concluant où le mouvement a fait corps avec des dialogues au rythme soutenu.

La scénographie, œuvre de Halim Rahmouni , a bien restitué les atmosphères des geôles de l’occupant, avec un éclairage feutré, des pantalons suggérant des portes de prison et quelques accessoires de décor (bureaux, chaises ) pour la mise en situation.

La bande son, signée Adel Lamamra, a été judicieusement conçue pour évoquer le bruit d’une bombe dont le compte à rebours est enclenché, avec un fond et des lignes mélodiques inspirant la peur et l'angoisse.

Présent en nombre, le public a longtemps applaudi les comédiens, séduit par cette approche singulière de la torture, un sujet qui reste douloureux. Prévu jusqu’au 31 décembre, le 13e Fntp se poursuit avec le spectacle en compétition, "Calédonia" produit par le théâtre régional de Batna.