Les commerçants des Voûtes d'Alger appellent au règlement de leur litige avec la Régie foncière

Publié par DK News le 26-12-2018, 18h09 | 97

Les commerçants des Voûtes d’Alger ont appelé  mercredi le wali d’Alger, Abdelkader Zoukh, à intervenir pour mettre fin à  ce qu'ils considèrent comme des ''dépassements" de la Régie foncière de la  ville d’Alger (RFVA) qui a procédé à la fermeture de certains de leurs  locaux.

"Nous demandons l’intervention du wali d’Alger contre les dépassements de  cet établissement public (sous tutelle de la wilaya d'Alger), notamment en  ce qui concerne la fermeture abusive des voûtes sans aucune ordonnance  judiciaire", à indiqué le représentant de ces commerçants, Benaoudia  Bouziane, lors d’une conférence de presse, tenue au siège de l’Union  générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA)

Il a appelé, par ailleurs, à l’ouverture des "portes du dialogue" entre  cette Régie foncière et les 300 commerçants de ces voûtes lesquelles se  trouvent en face du Port d'Alger.

Ces commerçants, qui exerçaient dans ces voûtes depuis une cinquantaine  d’années, réclament l’annulation du contrat actuel les liant à l’agence  foncière qu’ils ont qualifié de "précaire" et "non conforme" au code du  Commerce, selon les propos de leur délégué. 

Ils demandent son replacement par un contrat de location en bonne et due  forme et définissant les droits et devoirs des deux parties. 

"Un éventuel nouveau contrat devrait être basé sur le code de Commerce et  le code de Procédure civile ainsi que sur une tarification d’un loyer  raisonnable similaire aux tarifs pratiqués au niveau des autres commerces  de la capitale", ont-ils proposé. 

D’après les protestataires ayant intervenu leur de cette rencontre, le  différend qui oppose les deux parties est lié essentiellement au coût du  loyer et au contrat "précaire" que la Régie foncière veut leur imposer. 

Pour le premier point, ils considèrent que les tarifs appliqués  actuellement sont "exagérés" par rapport à ceux définis par la loi de  finances de 1999 qui régit toujours ces prix. 

"Les tarifs sont fixés par la loi de finances à 55 DA le m2/ trimestre. 

Or, la Régie foncière nous impose une tarification de 238 DA le m2/mois", a  affirmé leur porte-parole. 

Il a considéré à ce propos que cette augmentation ne repose sur aucun  texte réglementaire, en arguant que les redevances d’occupation du domaine  public sont calculées en principe sur la base d’un tarif fixé par un arrêté  ou décret officiel publié au Journal officiel. 

Il a ajouté dans ce contexte qu’aucune loi de finances n’a changé ou  modifié les prix des loyers des Voûtes d’Alger depuis 1999.

Pour le deuxième point, relatif à la convention les liant à la Régie  foncière, M. Benaoudia a expliqué que "cette convention stipule que les  commerçants sont obligés d’obtempérer en évacuant les lieux si jamais la  Régie foncière demande la restitution des voûtes et ce, sans aucune  justification ni aucune indemnisation". 

Pire, a-t-il ajouté, ce contrant comporte même un article qui stipule que  "le commerçant s’abstient et s’interdit d’avoir recours à la justice pour  demander ses droits". 

Selon lui, "en clair, la Régie se positionne au-dessus de la loi".  Un autre commerçant a dénoncé, lors de cette rencontre, "l’opacité totale"  sur le devenir des voûtes du port d’Alger et des projets concernant la  zone.

"Il existe, semble-t-il, un cahier des charges qui définit la vocation de  cette zone. On en parle depuis 20 ans mais on n’a rien vu", a-t-il relevé  en demandant à ce que ce cahier des charges soit porté à la connaissance  des commerçants des voutes.

"Nous demandons à ce qu’il y ait plus de transparence dans l’attribution  des voutes et le respect des décisions de justice concernant les litiges  opposant les commerçants des voûtes à l’Agence foncière de la ville  d’Alger", a-t-il réclamé.

Selon lui, les voûtes du port d'Alger représentent un "patrimoine  architectural unique" en Algérie.

Construites de 1860 à 1866 par une société britannique, ces voûtes  "supportent deux principaux boulevards d’Alger et comportent 360 magasins  et logements", a-t-il fait savoir. 

Actuellement, plus d’une cinquantaine de ces voûtes ont été fermées alors  que d’autres ont été scellées après que leurs occupants en furent délogés,  a-t-il ajouté.

Il a tenu à préciser que ces voûtes étaient sous la tutelle de  l’Entreprise portuaire d’Alger puis confiées à la Régie foncière de la  ville d’Alger en 2008.

Le transfert  de ce patrimoine du domaine public maritime vers la wilaya,  c'est-à-dire vers le domaine privé de l’Etat, devrait, selon lui, permettre  à ces voûtes d'être régies par le code de commerce.