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Salah benkobbi: Une génération pas comme les autres

Publié par O. Larbi le 20-05-2014, 18h38 | 510
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Salah Benkobbi, membre fondateur de l’UGEMA, Saïd Bouhadja du BP du parti du FLN, Lakhdar Bey de l’ONED étaient les hôtes de DK News pour marquer la date du 19 mai, Journée nationale des étudiants algériens.

De l’amazigh Jugurtha à la jeunesse instruite de 1954, le lien est évident dès que Saïd Benkobbi brosse à grands traits les longues périodes de l’histoire de l’Algérie et des hommes qui l’ont marquée.
Jugurtha parce qu’il a, dans l’opposition à Rome, réussi à unifier les peuples de Numidie contre l’envahisseur ; Tarek car il a porté la civilisation la plus avancée de l’époque de l’Islam au cœur de l’Europe.

De l’Algérie qui a fait appel aux Ottomans et aux frères Barberousse, il loue la vision stratégique qui fonde en quelque sorte le monde arabo-musulman sur un territoire unifié de l’Atlantique au Bosphore.
Face à la conquête française, il met en évidence deux visions de la guerre :

celle des conseillers les plus écoutés du dey Hussein qui croyaient pouvoir battre les Français sur la terre ferme et celle d’Ahmed Bey du Titteri présent à Alger parce qu’il venait y remettre l’impôt exigé par les autorités ottomanes. 

L’autre information que peu d’experts de la conquête coloniale mettent en évidence est que l’acte de «reddition du dey ne s’appliquait qu’à la province d’Alger» et non pas à toute l’Algérie ; mais les généraux de l’armée formée par Napoléon Bonaparte ont trahi les accords et se sont lancé dans une guerre de colonisation et de francisation : le maréchal Clauzel proposait même une loi pour décréter l’Algérie «terre française» et affirmait contre toute réalité qu’elle n’était habitée que par «2 millions dont 1 pouvait être sacrifié et l’autre renouer avec son passé chrétien».

A ce propos, Hamdane Khodja fils du trésorier du dey lui fit une réponse cinglante : «Si l’on répartit l’impôt collecté et comptabilisé par mon père on voit que la participation est celle de 9 millions d’habitants». Il ajoute que la Mitidja appartenait à sa famille. Evoquant le cheikh Mahieddine auprès duquel une délégation avait été envoyée pour prendre la direction de la résistance, il apprend à l’assistance que celui-ci proposa de mettre l’Algérie sous la protection du roi du Maroc, Abderrahmane.

Celui-ci accepta, installa des armées à Tlemcen mais ne mena aucun combat : il quitte Tlemcen au bout de 6 mois.Aux demandes d’une nouvelle délégation, Mahieddine proposa que son fils Abdelkader, âgé de 23 ans prenne la direction des combats de reconquête de la souveraineté nationale.

«  Il ne cessa le combat que lorsque les Algériens furent convaincus qu’il n’y avait pas d’autre issue que la fin des combats. Les 5 années passées dans les prisons de France ont été un long calvaire pour l’Emir et ses compagnons d’infortune.» Entre  1851 et la 1re Guerre mondiale, les Algériens ont organisé des révoltes armées sur des territoires limités. C’est avec l’ENA (Benkobbi observe que chaque innovation politique algérienne fait référence aux peuples du Nord de l’Afrique) que le peuple algérien s’arme de nouvelles démarches et organisations politiques qui aboutiront au 1er novembre 1954, après le 8 mai 45, le PPA- MTLD et les autres partis.

A propos de la grève des étudiants et lycéens, il dira qu’il avait été chargé d’en informer le comité directeur qui se trouvait en France, mais que lors de la communication téléphonique, le message codé n’a pas été compris par son interlocuteur au bout du fil, si bien que l’Ugema se trouva mise devant un fait accompli qui mettait en danger ses dirigeants en Europe où ils devenaient des suspects pour les pouvoirs en place et des cibles pour les messalistes majoritaires en France et dans d’autres pays européens.
Bélaïd Abdessalam dépêché par la direction de l’Ugema aplanit le malentendu avec l’aide de Benyoucef  Benkhedda et Abane Ramdane.

Prenant la parole après Salah Benkobbi qui livra une leçon d’histoire vivante dans laquelle il n’oublia pas de mettre en relief  l’apport des amis du peuple algérien parmi la population européenne, Saïd Bouhadja confirma que les maquis ont accueilli les étudiants et les lycéens  avec joie, car ils mettaient fin à la fable de la jeunesse instruite qui préférait les études au combat pour l’indépendance.Cette génération restera à jamais dans l’éternelle jeunesse.

Salah Benkobbi a occupé de nombreux postes de responsabilité après l’indépendance. Il fut notamment ambassadeur en Mauritanie, et en Libye, représentant de l’Algérie à l’Unesco. La conférence a été suivie d’une collation après que le dirigeant de l’ONED, Lakhdar Bey ait offert une médaille de reconnaissance à ce témoin capital de l’Histoire contemporaine. Dans son livre Une génération pas comme les autres,  Salah Benkobbi fait l’histoire de la naissance de l’Ugema et des événements qui l’ont révélée au monde. C’est le meilleur ouvrage d’histoire sur le sujet.

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