Des hommes armés ont pris d'assaut mercredi matin un temple hindou-sikh du centre de Kaboul, dont les forces de sécurité tentent de reprendre le contrôle, a annoncé le ministère de l'Intérieur afghan.
"Vers 7H45 (03H15 GMT), plusieurs assaillants sont entrés dans un temple hindou-sikh", a déclaré Tariq Arian, le porte-parole du ministère. "Les gens sont coincés à l'intérieur du bâtiment et (les forces de sécurité) tentent de les secourir", a-t-il ajouté. Selon une représentante de la communauté hindou-sikh au parlement "il y a environ 150 personnes dans le temple" où des familles du quartier viennent régulièrement prier le matin quand d'autres y vivent. "Certaines personnes à l'intérieur du temple se cachent et leurs téléphones sont éteints", a raconté Anarkali Kaur Honaryar qui s'est dite "très préoccupée".
Les talibans ont nié tout lien avec cet assaut. "L'attaque n'a rien à voir avec nous", a déclaré sur Twitter leur porte-parole Zabihullah Mujahid. Des assauts similaires ont été revendiqués dans le passé par le groupe terroriste autoproclamé "Etat islamique" (EI/Daech), présent en Afghanistan depuis 2015.
La dernière attaque majeure remonte à la semaine dernière, lorsqu'au moins 24 policiers et soldats ont été tués par des talibans dans le Sud de l'Afghanistan.
L'EI a de son côté multiplié les attentats dans la capitale afghane, souvent contre les minorités religieuses. Début mars, il a revendiqué une attaque contre un rassemblement politique de la minorité hazara, dont les membres sont très majoritairement chiites.
Une trentaine de personnes avaient alors été tuées. Cette attaque intervient à un moment critique pour l'Afghanistan, confronté à une crise politique interne, une offensive des talibans, ainsi qu'au nouveau coronavirus.
Les Etats-Unis ont signé le 29 février à Doha un accord historique avec les talibans, qui prévoit un retrait des troupes étrangères d'Afghanistan sous quatorze mois en échange de garanties des insurgés. Parmi celles, les talibans se sont engagés à lutter contre des groupes extrémistes comme l'EI afin d'éviter que l'Afghanistan ne leur serve de sanctuaire.
La réduction de l'aide américaine n'aura pas d'impact sur les secteurs clés (Ghani)
Le président Afghan Mohammad Ashraf Ghani a estimé mardi qu'une réduction d'un milliard de dollars de l'aide américaine à l'Afghanistan ne devrait pas avoir d'impact sur les secteurs clés du pays.
"Les gouvernements ont toujours des plans pour des circonstances prudentielles. On a aussi des plans de base pour les situations inattendues", a-t-il dit lors d'un discours télévisé, assurant que "nous allons essayer de combler ce vide à l'aide de ressources alternatives". Le 18 février dernier, la Commission électorale afghane a proclamé M. Ghani vainqueur de l'élection présidentielle près de cinq mois après le vote, mais son rival Abdullah Abdullah en a contesté le résultat. Les deux hommes ont prêté serment chacun de leur côté le 9 mars.
Après des entretiens avec des dirigeants afghans lors d'une visite lundi en Afghanistan, le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo a déclaré que Washington allait réduire d'un milliard de dollars son aide à l'Afghanistan cette ann ée en raison de l'échec des responsables afghans à former un gouvernement inclusif. Lors de ses entretiens dans la capitale afghane, Kaboul, M. Pompeo n'a pas réussi à convaincre MM. Ghani et Abdullah de former un gouvernement d'union. M. Ghani a cependant noté que les Etats-Unis n'avaient pas suspendu leur aide à l'Afghanistan, mais qu'ils l'avaient rendue conditionnelle. "Nous poursuivrons nos efforts pour résoudre ce problème par le biais des négociations", a-t-il dit.
Après sa visite à Kaboul, le chef de la diplomatie américaine a effectué un bref séjour à Doha, au Qatar, où il a rencontré le chef politique des talibans afghans.