Santé

Couches pour bébés Alerte sur des «risques» liés à des substances toxiques

Publié par DK NEWS le 05-04-2020, 12h49 | 4
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Dans ce contexte, les autorités sanitaires ont saisi l’Agence de sécurité sanitaire française Anses pour étudier la sécurité de ces produits. Cette expertise2 est la première évaluation de ce type, effectuée par une agence de sécurité sanitaire au niveau international. L’enjeu est loin d’être anodin quand on sait que la majorité des bébés en France porte des couches à usage unique, ce qui représente entre 3 800 et 4 800 couches utilisées au cours des trois premières années de leur vie.

Première étude effectuée par une agence de sécurité sanitaire au niveau international
Pour son évaluation, l'Anses a utilisé les analyses du Service commun des laboratoires (SCL qui dépend de la répression des fraudes DGCCRF) et de l'Institut national de la consommation (qui édite la revue 60 millions de consommateurs). L'agence sanitaire a évalué les risques potentiels "dans des conditions d'usage réalistes". "On calcule une quantité absorbée en fonction du temps de port de couche, du nombre de couches portées par les bébés, jusqu'à 36 mois, et on compare à des valeurs toxicologiques de référence pour chacune des substances", explique Gérard Lasfargues, le directeur général délégué de l'Anses3.
Les résultats ont mis en évidence la présence de différentes substances chimiques dangereuses dans les couches jetables qui peuvent notamment migrer dans l’urine et entrer en contact prolongé avec la peau des bébés.

Une liste de substances chimiques qui étonne
La liste complète des substances détectées au moins une fois, dans les couches pour bébé à usage unique vendues en France laisse pantois :

Dans des broyats de couches entières :
des composés organiques volatils (naphtalène, styrène, toluène, dichlorobenzènes, p-isopropyltoluène, xylènes, chlorobenzène) ;
des pesticides (hexachlorobenzène, quintozène et son métabolite la pentachloroaniline, le glyphosate et son métabolite l’AMPA) ;
du formaldéhyde ;
des dioxines, furanes et PCB-DL, des substances parfumantes (alcool benzylique, salicylate de benzyle, coumarine, l’hydroxyisohexyl 3-cyclohexène carboxaldéhyde (lyral®), le butylphényl méthyle propional (lilial®), limonène, linalol, alpha-isométhyle ionone).
Dans des broyats de parties de couches :
des dioxines, furanes (dans le voile externe, le voile interne et les autres parties, sauf le coussin absorbant) ;
des HAP dans les élastiques (benzo[b]fluoranthène, benzo[a]anthracène, indéno[1,2,3-c,d]pyrène, benzo[g,h,i]pérylène).
Certaines de ces substances sont ajoutées intentionnellement, telles que des substances parfumantes qui peuvent entraîner des allergies cutanées. D’autres substances identifiées peuvent provenir de matières premières contaminées ou de procédés de fabrication (PCB-DL, furanes et dioxines, HAP).

Des dépassements de seuils pour plusieurs substances
Sur la base de ces données, l’Anses a réalisé une évaluation de risques afin de déterminer si les concentrations des différentes substances identifiées pouvaient présenter un risque pour la santé des bébés. Cette expertise a mis en évidence des dépassements de seuils sanitaires pour plusieurs substances, dans des conditions d’usage réalistes. Il s’agit de :
Des substances parfumantes (butylphényl méthyle propional ou lilial®, hydroxyisohexyl 3-cyclohexène carboxaldéhyde ou lyral®),
Certains hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP), parfois cancérigènes ;
Le PCB-126,
La somme des PCB-DL
La somme des dioxines, furanes et PCB-DL.
L’Anses note que, parmi les pesticides trouvés dans ces produits, la majorité d’entre eux sont aujourd'hui interdits dans l’Union européenne (lindane et quintozène depuis 2000, hexachlorobenzène depuis 2004), hormis le glyphosate qui est autorisé en France et dans l’Union européenne.
Selon l'avis de l'Anses, il n'existe "aucune donnée épidémiologique permettant de mettre en évidence une association entre des effets sanitaires et le port de couches". En clair, pas de preuves que les couches jetables portées par 95% des bébés de France soient néfastes. Malgré tout, "on ne peut pas exclure un risque (...) puisqu'on observe un dépassement des seuils sanitaires pour un certain nombre de substances", explique à l'AFP Gérard Lasfargues, le directeur général délégué de l'Anses.

Les procédés de fabrication pointés du doigt
L’Anses a comparé les concentrations des substances retrouvées dans les couches pour bébé avec celles retrouvées dans les protections intimes, du fait de la similarité de composition et des substances chimiques identifiées dans ces produits. Résultat : les concentrations pour la majorité des dioxines/furanes retrouvées dans les broyats de couches sont supérieurs à celles retrouvées dans les protections intimes. Les concentrations en pesticides sont du même ordre de grandeur. Les concentrations en HAP et en substances parfumantes sont supérieures à celles retrouvées dans les protections intimes.
Selon l’Anses, ces résultats traduisent une contamination qui ne peut être liée qu’à une contamination environnementale des matières premières (ces chiffres sont très largement supérieure à celle observée dans l’alimentation) et traduisent plus vraisemblablement des contaminations liées aux procédés de fabrication des couches.

Comment choisir les couches pour bébé ?
Il n’est pas possible d’avoir de résultat par produits via le rapport de l’Anses. Son avis repose sur des analyses de 23 couches "parmi les plus utilisées", mais il ne cite aucune marque, les données ayant été anonymisées. Selon Gérald Lasfargues, "la contamination concerne tous types de couches, y compris les couches dites écologiques".
En attendant que les mesures demandées par les ministères débouchent sur du concret (au-delà d’un "engagement", ne pourrait-on pas envisager des mesures contraignantes ?), ces derniers incitent les parents qui le souhaitent à "orienter leurs achats de couches jetables pour bébés en tenant compte des indications relatives au procédé de fabrication, qui sont portées sur les emballages, telles que : absence de traitement par des agents chlorés, absence de parfums dans ces produits, qualité des matières premières".
Encore faut-il que ces indications figurent sur les emballages… comme le reconnaissent les ministres qui "appellent les professionnels à la plus grande transparence en améliorant l’information des consommateurs sur la composition et le mode de fabrication des produits".
Matthieu Schuler, directeur de l'évaluation des risques sanitaires de l'Anses, juge qu'il "existe déjà certains éléments d’informations sur les paquets de couches qui peuvent aiguiller le consommateur dans ses choix. Comme le fait qu’elles soient blanchies au chlore ou non, le mode de culture du coton utilisé, la présence de parfum... D'autre part, certaines marques affichent déjà la composition des couches sur leurs paquets et/ou sur leur site Internet..." 

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