L’action de l’immigration algérienne en France durant la guerre de libération nationale a été "un tournant décisif" et "d’un apport important pour le front interne", a souligné mardi à Tizi-Ouzou Abdelkader Bakhouche, un des membres du premier commando de la fédération de France du FLN (FFFLN).
S’exprimant lors d’une rencontre au musée local du Moudjahid à l’occasion du 62ème anniversaire des évènements du 25 août 1958 marquée par une série d’attentats commis en France, M. Bakhouche a considéré que ces actions étaient "l’expression d’un tournant décisif dans l’évolution de la guerre de libération nationale." Ce tournant, a-t-il expliqué, a été "amorcé par la structuration de la communauté algérienne immigrée à travers le territoire français, estimée à l’époque à quelque 300 000 personnes, dans les rangs de la FFFLN.
Ce qui apportait, en plus des hommes, un apport financier important pour les besoins de la guerre, que ce soit l’armement, la logistique ou la diplomatie." Revenant sur la création d’un corps paramilitaire par la FFFLN en 1957 sur le territoire français, M. Bak houche a indiqué que c’était "une décision bien réfléchie qui s’inscrivait dans la stratégie globale de la révolution et qui visait à transporter la guerre sur le territoire ennemi et desserrer l’étau sur le front interne." "L'objectif était l’instauration d’un climat de peur en France, de sorte même à obliger les autorités coloniales à maintenir le maximum de contingents en métropole, mais aussi d’influer sur l’opinion française pour provoquer une fracture en son sein," a souligné le moudjahid Abdelkader Bakhouche.
S’agissant des actions menées par les commandos de la FFFLN durant cette nuit du 24 au 25 aout 1958 dans plusieurs villes françaises, il a dénombré 283 actions menées de Brest (Nord-ouest de la France) à Marseille (Sud) qui ont visé des installations économiques, des responsables politiques et sécuritaires, policiers et militaires, ainsi que des harkis, notoirement connus.
Ces actions, a-t-il souligné, décidées par le Comité de coordination et d’exécution (CCE), "ont été menées par les combattants de la FFFLN avec une discipline minutieuse et inégalée qui a secoué les autorités coloniales et l’opinion française qui découvre une autre facette du drame algérien." M.
Bakhouche fera remarquer, par ailleurs, que depuis leur création, les commandos de la FFFLN se sont singularisés pa r leurs attaques contre les installations économiques, les personnalités politiques et sécuritaires ainsi que les harkis, mais ne s’est jamais attaqué aux civils français.
"C’était un point d’honneur face à la propagande coloniale qui nous présentait comme terroristes," a-t-il précisé.
Pour sa part, Ouali Aït-Ahmed, moudjahid chargé de l’écriture de l’Histoire au bureau local de l’Organisation des moudjahidines (ONM), a souligné que "l’ouverture de ce second front du FLN en France participait de la stratégie d’ensemble de la guerre de libération nationale initiée et non un plan improvisé pour le seul but de desserrer l’étau sur l’intérieur."