Santé

Prolapsus : 5 idées reçues sur la descente d'organes

Publié par DK NEWS le 23-10-2021, 15h39 | 26
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Le prolapsus est un problème fréquent, mais encore tabou. On démêle le vrai du faux sur la descente
d'organes et surtout, on fait le point sur les solutions avec le Pr Aubert Agostini, gynécologue obstétricien
à l'hôpital de la Conception (APHM) à Marseille.  

QU'EST-CE QU'UN PROLAPSUS ?
S'ill était un objet, le périnée serait un hamac. Une sorte de filet, entre la vulve et l'anus, fait de muscles et de ligaments, sur lequel reposent la vessie, l'utérus et le rectum. Quand ce maillage très serré montre des signes de faiblesse, il ne fait plus correctement son travail. Et un ou plusieurs des organes du bassin qu'il est censé soutenir peuvent glisser anormalement vers le bas, vers l'entrée du vagin. C'est le prolapsus génital, ou descente d'organes. Au début, les femmes ne s'en rendent même pas compte, mais quand la gêne est là, il ne faut surtout pas hésiter à consulter un gynécologue malgré l'embarras ou la peur. Car, oui, il existe bien des solutions.
Au début (stade 1), on ne voit pas grand-chose et on ne sent rien, les organes (utérus, vessie, parfois rectum) sont juste légèrement affaissés.
Au stade 2, une boule peut affleurer au niveau de la vulve lors de la toilette. La femme aura alors du mal à introduire un tampon, mais les rapports sexuels sont rarement affectés. Des douleurs dans le bas du dos ou une sensation de pesanteur dans le bas-ventre sont possibles. Quel que soit le stade, on peut agir !

STADE 1 : ON SURVEILLE ET ON RÉÉDUQUE
"Au stade 1 ou 2, une rééducation périnéale permet de tonifier le périnée (muscle situé entre le vagin et l'anus) afin de créer un véritable tissu de soutien et de freiner l'évolution", affirme Sandrine Galliac Alanbari, kinésithérapeute spécialiste en rééducation périnéale. Attention : la rééducation ne corrige pas le prolapsus. Autrement dit, elle ne fait pas remonter les organes. Mais en redonnant du tonus au périnée, elle peut "éviter que cela ne s'aggrave", améliorer le confort, diminuer la pénible sensation de pesanteur dans le bas-ventre. Ce qui n'est déjà pas si mal.
>> Combien de séances ? Ce travail s'accompagne d'un exercice du souffle, qui doit être redirigé vers le haut et non vers le bas, pour limiter la pression s'exerçant sur les viscères. Compter une quinzaine de séances d'une demi-heure. Prescrites par un médecin, elles sont prises en charge à 60 %, avec un éventuel complément de la mutuelle. Une surveillance est ensuite nécessaire, ainsi que quelques précautions : lutter contre la constipation, éviter les activités sportives qui entraînent des hyper-pressions abdominales ou des impacts sur le sol (certains abdos, tennis, danse, jogging, saut à la corde...).

PROLAPSUS MODÉRÉ : LE PESSAIRE
Le pessaire est un dispositif intra-vaginal, un cube ou d'un anneau, le plus souvent en silicone, introduit dans le vagin pour remonter et maintenir les organes en place. Pour qu'il ne glisse pas, qu'il ne blesse pas non plus, "il faut trouver la forme qui correspond très précisément à l'anatomie de la patiente" explique le Pr Aubert Agostini, gynécologue obstétricien à l'hôpital de la Conception (APHM) à Marseille. Le pessaire doit être changé régulièrement. C'est une bonne option dans l'attente d'une chirurgie, ou en cas de refus ou d'impossibilité de se faire opérer.

STADE 2 : ON OPÈRE
Si la gêne de la patiente est très élevée, il reste la chirurgie. "L'opération se fait soit par les voies naturelles, soit par cœlioscopie". Quatre petites incisions suffisent alors à introduire la caméra et les instruments. Une technique mini-invasive qui diminue la durée d'hospitalisation, et réduit la douleur, une fois sortie du bloc. L'idée est toujours la même : compenser la défaillance du plancher pelvien. Des sortes de bandelettes permettent de remonter les organes qui s'affaissent, et de les maintenir en bonne position. Quand une incontinence urinaire apparaît après l'opération, ce qui est un risque, elle sera traitée dans un second temps.

COMMENT PRÉVENIR LA DESCENTE D'ORGANES ?
Il y a certains facteurs de risque sur lesquels on ne peut rien. On ne peut pas, par exemple, empêcher un accouchement "difficile". Mais l'adoption de mesures hygiénodiététiques peut, en préservant le périnée, limiter le risque. Dans un avis rendu le 9 juin 2021, la Haute Autorité de santé (HAS) recommande ainsi "une perte de poids si nécessaire, une alimentationéquilibrée et de l'activité physique." Le Pr Agostini précise : "Ce qu'il faut surtout éviter, c'est de faire le “yo-yo”, c'est-à-dire des modifications pondérales importantes répétées etrapides." Une constipation chronique doit aussi être traitée, notamment en adoptant une alimentation plus riche en fibres, en consommant au moins 5 fruits et légumes par jour.

1/5 - Seules les femmes ménopausées sont concernées
FAUX. C'est un fait, après la ménopause, le périnée perd en élasticité et en tonicité. La faute au manque d'œstrogènes. "Mais les jeunes mamans peuvent aussi connaître une descente d'organes, notamment quand l'accouchement par voie naturelle a été difficile", explique le Pr Aubert Agostini, gynécologue obstétricien.
L'utilisation de forceps, ou le passage d'un gros bébé peuvent ainsi mettre le périnée à rude épreuve. Tout comme "la toux ou la constipation, dès lors qu'elles sont chroniques, une variation brutale de poids, certains sports à impact comme la course à pied, ou le port répété de lourdes charges."

2/5 - C'est dangereux pour la santé
FAUX. "On peut très bien vivre avec un prolapsus, rassure le Pr Agostini. Les traitements proposés visent à rendre sa qualité de vie “ d'avant” à la patiente." La descente d'organes peut être inconfortable, mais elle est peu souvent douloureuse. Si elle est impressionnante, elle fait très rarement planer une menace sur la santé. "Il n'y a que dans les cas les plus évolués qu' il peut y avoir un retentissement sur les fonctions urinaire ou digestive."

3/5 - Le prolapsus peut être totalement silencieux
VRAI. C'est souvent le cas au début, lorsqu'il est modéré. Quand il s'aggrave, il peut provoquer une sensation de pesanteur dans le bas-ventre puisque les organes appuient simplement sur la paroi vaginale. Il peut aussi se voir, dans les cas les plus sérieux, quand une "boule" sort de la vulve. L'effort physique augmente les symptômes. L'examen gynécologique permettra de repérer l'organe concerné par le glissement, et l'importance de ce dernier.

4/5 - La chirurgie n'est qu'une option
VRAI. La preuve, seules 10 à 20 % des femmes ayant un prolapsus demandent un traitement chirurgical. Si la patiente ressent peu de symptômes et qu'il n'existe pas d'impact sur la qualité de vie, ce qui est souvent le cas, aucune raison de l'opérer ! "L'information complète de la patiente en amont est essentielle, insiste notre expert. Elle doit par exemple savoir que si la chirurgie est très efficace, il y a un risque de récidive."

5/5 - Prolapsus rime forcément avec incontinence urinaire
FAUX. "Ces deux pathologies peuvent être associées, mais elles sont complètement différentes. Et si une femme peut souffrir d'incontinence urinaire sans prolapsus, l'inverse est aussi vrai."

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