Culture

Interview Amine GOUTALI : « le principe de mon travail repose sur le maintien en l’état des galets amassés »

Publié par Djamel BOUDAA le 14-12-2021, 17h06 | 57
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L’artiste Amine Goutali, dont la première exposition est prévue samedi prochain à Alger, a choisi comme matériau les galets pour en faire des œuvres d’art. Ses thèmes de prédilection sont la musique et la mer. 

DK News - Comment est née chez vous l'idée de travailler avec des galets ?

llAG - Je pourrais affirmer que, dans un premier temps, l’idée a presque subitement surgi, dans le sens où j’étais à mille lieues de penser qu’un jour je m’adonnerai à ce qu’on peut appeler, d’une manière ou d’une autre, un art. Mais avec le temps, j’ai fini par constater et m’en convaincre que ce n’est ni plus ni moins, la résultante d’un long processus mental qui a commencé depuis longtemps mais sans que je n’en prenne conscience. C’est ainsi qu’au bout, je me suis retrouvé à composer des galets pour en faire des tableaux artistiques.  J’ai commencé réellement à matérialiser ce projet lors du confinement sanitaire partiel dans le cadre du dispositif de prévention et de lutte contre la Covid-19. Rappelons que le confinement à domicile a poussé de nombreuses personnes à pratiquer diverses activités pour conjurer un tant soit peu l’impact psychologique de la pandémie.      

DK News - Comment choisissez-vous ces galets?

llAG - A vrai dire, le choix ne se pose pas. Nos plages regorgent de ce que je peux appeler un matériau de qualité. A mon grand bonheur, chaque jour que Dieu fait, je longe les rivages en quête de ces pierres « précieuses » qui s’offrent à moi dans toute leur splendeur. Toutes ou presque colorées, empreintes d’une multitude de motifs que seule dame nature sait en fabriquer dans des formes diverses. Je crois que j’ai la chance d’habiter dans une ville côtière, à Aïn-Taya, précisément, à 32 km à l’est d’Alger, et surtout dans un immeuble surplombant la mer. Ce qui naturellement me permet d’alimenter mes travaux par une variété de galets tous aussi beaux les uns que les autres.

DK News - Est-ce que vous les traitez avant de les utiliser ?                                                                                                                      

llAG - Pour des raisons esthétiques mais aussi dans un souci écologique, le principe de mon travail repose sur le maintien en l’état des galets amassés. Le recours au traitement de quelle que nature qu’il soit du matériau altère l’essence même des œuvres telles que je les conçois. Cela dit, au nom de la liberté propre à l’art, rien n’empêche d’adopter une autre forme esthétique, quitte à tailler la pierre ou à la colorer

DK News - Est-ce que vous dessinez un tableau ou l'imaginez et puis après vous chercher les galets?

llAG - Il y a différentes manières de concevoir l’idée présidant à la réalisation de l’œuvre pour peu que le sens ou le message soit auparavant établi.

En ce qui me concerne, je laisse libre cours à mon imagination dans l’espoir de trouver une accroche intéressante. Ce qui n’est pas évident, à tous les coups, la muse n’étant pas toujours au rendez-vous. Contrairement à nombre d’artistes-peintres qui abordent leur sujet sur la base de croquis, je préfère intervenir de façon abstraite qui consiste à réfléchir, parfois dans le moindre détail, les éléments de l’œuvre. Ce qui, par ailleurs, ne m’empêche pas de mettre pêle-mêle sur la table une poignée de pierres dans l’espoir d’en tirer quelque chose d’intéressant.

DK News - Quels sont les thèmes de vos œuvres ?

llAG- Ce ne sont pas les thèmes qui viennent à manquer. Il suffit de voir autour de soi pour constater que notre vie se présente dans une multitude de thèmes dans lesquels l’élément subjectif tient une place centrale. Dans mes travaux, l’accent est notamment mis sur la musique et particulièrement le patrimoine musical auquel j’ai consacrée plusieurs réalisations dont des hommages aux grands chantres et musiciens tels El Hadj M’hamed El Anka, Dahmane Benachour, Mohamed Lamari, Amar Ezzahi, Ali Debbah (Alilou le percussionniste) ou encore à des grandes figures de la chanson rai, à l’image de Khaled et le célèbre trompettiste témouchentois, Messaoud Bellemou.

La même importance est portée également à la mer. Je dirais que c’est même le centre de mon univers artistique que je tente d’exprimer qui par un pêcheur arborant sa canne ou travaillant son filet, qui un autre dans les fonds de la grande bleue traque le poisson. L’autre thème qui me tient le plus à cœur est la Guerre de Libération Nationale que j’essaye de raconter à travers des scènes de batailles, de tortures mais aussi et surtout par la liesse de l’indépendance et recouvrement de la souveraineté nationale.

Il en va de même pour les scènes de vie, elles semblent ordinaires à première vue, mais qui, après maturation, elles donnent lieu à des représentations portées sur des valeurs.

DK News - Pourquoi ne pensez-vous pas reprendre un conte connu mais en l’illustrant avec des images des œuvres en galet?

llAG- Plus encore que dans mes travaux, la littérature a de tout temps occupé mon esprit et mon temps. Etant lecteur assidu, notamment d’auteurs algériens, il est tout à fait normal que des scènes de romans soient représentées dans mes œuvres, à l’image du tableau représentant deux pêcheurs en train de ramender leurs filets et dont je me suis inspiré en lisant le roman de Merzak Bagtache intitulé « El Babor ». 

DK News -  Est-ce que vous racontez une histoire à travers vos œuvres?

llAG - A vrai dire, le but n’est pas de raconter une histoire, même si j’admets que parfois certaines histoires ne me laissent pas insensible, comme celle de Hizia à laquelle d’ailleurs j’ai consacré un tableau et qui est parmi mes préférés.

DK News- Vos œuvres ne sont pas encadrées?

llAG - Les supports utilisés ne sont pas très complexes. Je travaille sur du contreplaqué que je peins à l’occasion, en fonction de l’œuvre escomptée. 

DK News- Pensez-vous faire des œuvres avec les pierres de décoration vendues dans le commerce ?

llAG - Non, ce n’est pas l’approche esthétique sur laquelle repose mon travail.

DK News- Comment arrivez-vous à donner une touche artistique à vos œuvres?

llAG - Je dirais qu’en travaillant plus, j’arrive à améliorer mes rendus. Mais cela demande du temps et surtout de la régularité.

DK News- Avez-vous déjà exposé ?

llAG - Actuellement, je prépare ma première exposition prévue samedi prochain au Centre culturel universitaire de la rue Khelifa Boukhalfa à Alger.

DK News -Vous faites ce travail depuis quand ?

llAG - Depuis février dernier.

DK News - Est-ce que vous vendez vos œuvres car une œuvre peut plaire à quelqu'un et il veut l'acquérir?

llAG - J’en ai vendu quelques-unes mais je n’en fais pas pour autant un gagne-pain.

DK News - Comment réagissent les gens quand ils voient vos tableaux ?

llAG - Je dirais que c’est suite aux échos favorables à mes travaux que j’ai décidé  d‘emprunter cette voie artistique dont j’ignore encore l’aboutissement. 

DK News -Avez-vous animé des ateliers, écrit un livre sur votre travail ?

llAG - Rien de tel pour l’instant. Le seul espace de promotion que j’utilise depuis le début ce sont les réseaux sociaux, Facebook et Instagram principalement. 

DK News - C'est une technique bien à vous ou bien y a-t-il des personnes qui l'utilisent ?

llAG - Je n’ai pas inventé la roue. Je crois que chacun de nous a, à une période de sa vie, composé des représentations avec des galets. Allez à la page et vous pourrez voir notamment des enfants maniant les pierres.  Par ailleurs, et grâce à Internet, j’ai découvert de vrais orfèvres en la matière. D’ailleurs, c’est en découvrant les chefs- d’œuvre du sculpteur syrien Nizar Ali Badr que je me suis mis sérieusement à la tâche.

DK News - A part cette technique, travaillez-vous avec d'autres techniques, la peinture par exemple ?

llAG - Je suis plutôt dans la photographie.

DK News- Quels sont vos projets ?

llAG - Hormis l’exposition sur laquelle je travaille actuellement, aucun projet concret n’est en perspective. En même temps, je continue à travailler comme je le fais presque tous les jours pour créer d’autres œuvres et les partager avec mes amis et tous les passionnés des belles choses. 

 

 

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