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Entres usages et mésusages de l’intelligence artificielle : Où mettre le curseur ?

Publié par S. Oulebsir le 04-02-2024, 16h15 | 31
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Bien qu’apparue comme domaine de recherche juste après la seconde guerre mondiale, l’intelligence artificielle connait un développement prodigieux avec l’apparition d’outils algorithmiques de plus en plus  performants, stimulés par des capacités de  calculs   en constante augmentation et des bases de données de plus en plus gigantesques, capables d’absorber un flux  inimaginable , il y a peu, de données issues du cyberespace.    

L’annonce, il y a quelques mois du lancement d’un nouveau produit de l’intelligence artificielle, en l’occurrence le ChatGPT, a ouvert la voie à tous les possibles dans le domaine de la mobilisation des outils numériques, en même temps qu’elle a permis d’ouvrir les yeux sur les nécessaires frontières à instaurer entre les usages de l’intelligence artificielle, au service du renforcement de l’humain, de son confort et de son progrès, et les mésusages qui pourraient conduire à la fragilisation, voire pour certains, à la disparition de l’Homme.

Fruit de la pensée cybernétique, en vogue dans les années 1930, à l’origine d’une interdisciplinarité féconde pour la recherche scientifique, la notion d’intelligence artificielle a été adoubée par la ‘’Dartmouth Summer Research Project on Artificial Intelligence’’, une conférence scientifique organisée en 1956 sur le campus du Dartmouth College (nord-est des Etats Unis) par le mathématicien Marvin Minsky et l’informaticien John McCarthy.

Depuis, la notion a fait du chemin, et est devenue un fait scientifique indiscutable, une réalité intégrée dans la vie des organisations, des entreprises et des citoyens ordinaires.

Sorties des terrains de la recherche, l’intelligence artificielle est devenue un outil pour le développement des activités dans des segments de plus en plus nombreux de la vie.

Ses usages gagnent du terrain et se consolident au fur et à mesure de l’évolution des outils et technologies mobilisés.

 

Du machine learning au Deep learning

Dans une première phase de machine learning, l’intelligence artificielle a consisté à laisser agir les machines selon un référentiel fourni par l’humain : « Le Machine Learning ou apprentissage automatique est un domaine scientifique, et plus particulièrement une sous-catégorie de l’intelligence artificielle.

Elle consiste à laisser des algorithmes découvrir des « patterns », à savoir des motifs récurrents, dans les ensembles de données.

Ces données peuvent être des chiffres, des mots, des images, des statistiques… », lit-on dans un papier du site https://datascientest.com/machine-learning-tout-savoir, daté du 18 novembre dernier. De la sont nées de multiples applications en usage dans le quotidien, telles que la reconnaissance faciale ou vocale, l’envoi des émails et le tri des spam ainsi que les analyses prédictives dans les domaines de la finance ou de la santé. Avec les technologies du deep learning, les références de l’humain ne sont plus requises, car « Les algorithmes du Deep Learning traitent l’information reçue de façon similaire à ce que feraient nos réseaux de neurones en réponse aux signaux nerveux qui leur sont destinés. En fonction du type et de la fréquence des messages reçus, certains réseaux de neurones vont se développer quantitativement et qualitativement alors que d’autres vont régresser », explique le même sitehttps://datascientest.com/quelle-difference-entre-le-machine-learning-et-deep-learning, dans un autre article mis en ligne le 6 juillet 2023.

Il faut savoir que chez Google, par exemple, les outils de deep mind seront en action dans pas moins de 1200 projets d’ici 2025.Les possibilités d’usages des nouveaux produits de ChatGPT ont ravivé le débat sur les limites éthiques de ces nouvelles technologies accentuant le fossé entre les tenants de prophéties révolutionnaires au bénéfice de l’être humain et ceux plus sceptiques, animés par des soucis éthiques et moraux et dont certains n’hésitent pas à brandir le spectre de la fin de l’homme.

Il est vrai que le potentiel d’innovation est énorme avec ces technologies boostées par les apports du big data et portées par de jeunes pousses attirant de plus en plus de financements ; de 559 millions de dollars en 2012, à 3,7 milliards en 2015 puis 5 milliards en 2016, d’après l’article de Benoit Georges paru en 2019 et mis en ligne sur https://www.cairn.info/revue-constructif-2019-3-page-5.htm&wt.src=pdf.

 

Un potentiel au service de l’humain

Le potentiel d’usages de l’intelligence artificielle parait sans limites et est permis pour servir tous les secteurs d’activités au bénéfice du progrès et de la prospérité de l’humain.

Les militaires ont été les premiers à saisir l’enjeu des retombées des technologies de l’intelligence artificielle, pour des raisons historiques liées à la forte implication de l’armée américaine dans la recherche et l’innovation dans les domaines de l’internet et du numérique.

Cependant, le bon usage de l’intelligence artificielle augure des progrès illimités dans d’autres domaines d’activités, pour ne citer que la médecine et l’éducation.

« Des solutions sont d'ores et déjà opérationnelles dans un grand nombre d'hôpitaux comme des logiciels d'aide à la lecture de clichés dans les services de radiologie, logiciels qui opèrent un premier tri avant l'indispensable contrôle du radiologue, avance le site de l’hebdomadaire français www.lepoint.fr, dans un papier inséré le 16 octobre dernier, en précisant que « c'est en cancérologie que l'apport de l'IA pourrait être déterminant.

Les études sur l'intérêt de l'utilisation de l'IA pullulent et beaucoup d'entre elles se concentrent sur l'aide au diagnostic. »

De la même manière, le système éducatif est également appelé à tirer profit de ces nouvelles innovations qui, d’après l’Unesco, « peuvent aider les élèves les plus marginalisés, celles et ceux qui sont en situation de handicap, ou qui appartiennent à des minorités linguistiques et culturelles.

Elles peuvent contribuer à personnaliser l’apprentissage et à créer des systèmes éducatifs plus flexibles. Et elles peuvent servir à surmonter des obstacles géographiques et temporels, afin de créer un enseignement immersif », lit-on dans un paragraphe de son intitulé ‘’L’école à l’heure de l’intelligence artificielle’’, publié fin 2023.

 

Du fondement des appréhensions

Malgré tout cela, les progrès de l’intelligence artificielle sont lestés par des questionnements sur de possibles égarements, source de nombreuses craintes.

D’abord celle de voir la machine se substituer à l’homme nourrie par le mythe de la ‘’singularité technologique’’, cher à de nombreux auteurs et chercheurs, et qui, d’après ce qu’explique l’encyclopédie en ligne Wikipédia, correspond à une étape où « le progrès ne serait plus l’œuvre que d’intelligences artificielles qui s’auto-amélioreraient, de nouvelles générations de plus en plus intelligentes apparaissant de plus en plus rapidement dans une « explosion d'intelligence », débouchant sur une puissante superintelligence qui dépasserait qualitativement de loin l'intelligence humaine».

Cette étape est même fixée dans les écrits de certains auteurs, comme l’auteur de science-fiction américain Vernor Vinge qui la situe vers 2035.

Chercheur au MIT, Ray Kurzweil, proche des thèses transhumantes, voit également comme inéluctable la suprématie de la machine sur l’homme : « Si l’on en croit Ray Kurzweil, la « singularité technologique » est proche : 2045.

A l’échelle d’une civilisation, elle est même imminente, puisqu’elle se produira dans moins d’une génération » trouve-t-on dans un papier du site du quotidien français https://www.lemonde.fr, intitulé ‘’ 2045, l’odyssée de la singularité’’, publié le 13 août 2017.

Un autre point de fixation des craintes suscitées par l’intelligence se focalise sur le fonctionnement des algorithmes qui évoluent dans la plus totale opacité.

Avec l’évolution des outils du deep learning, et le recul des interventions humaines, il va sans dire que cette opacité ira crescendo, et renforcera le bien fondé de de ces appréhensions.

« En effet, les résultats obtenus par ces algorithmes ne sont pas auditables la majeure partie du temps, sont couverts par des droits de propriété intellectuelle (le plus souvent indirectement) et par le secret des affaires, explique le site du média françaishttps://www.usine-digitale.fr/, dans son papier du 9 septembre 2020 en ajoutant que « Les algorithmes sont souvent établis sur des corrélations et des inférences plutôt que sur des causalités, empêchant de comprendre logiquement les résultats ainsi réalisés.»

Les États ne sont pas ne reste face à cette dynamique technologiques qui semble, comme l’ensemble du monde numérique et du cyberespace leur poser un sérieux problème de souveraineté sur leur traditionnel territoire westphalien.

Les Etats Unis puis la Chine, ayant vite saisi les enjeux de l’intelligence artificielle ont mis en place des stratégies nationales portées par des politiques publiques destinées à leur assurer une place de choix en matière de recherche et d’innovation.

D’après des indications fournies par l’OCDE, en novembre dernier, « les Etats-Unis et la Chine sont actuellement les deux plus gros pays investisseurs en capital-risque dans des start-up d'IA ».

D’autres pays ou groupements de pays tentent pour leur part d’imposer des limites éthiques aux usages de l’intelligence artificielle.

Ainsi en est-il de l’Europe ballotée entre l’ambition de stimuler l’innovation et le besoin de faire valoir ses valeurs et le respect de la personne humaine.

Après d’intenses débats et des échanges houleux entre les tenants de l’avancée technologique et les adeptes de valeurs et de sécurité, les États membres de l'Union européenne sont parvenus, ce vendredi 2 février, à un accord pour mettre en place une législation inédite au niveau international destinée réguler l'intelligence artificielle (IA).

Avant cela le Royaume britannique est allé de la Déclaration de Bletchley Parc, signée par 29 pays le 2 novembre dernier.

Tenue dans le même manoir qui a vu naitre les prouesses informatiques des années 1940, d’Alan Turing, un des pères fondateurs de l’informatique moderne, cette rencontre a servi à décliner une vision partagée des risques de glissements de l’intelligence artificielle et à souligner l’importance de la coopération internationale pour la mobilisation de ressources appropriées pour ‘’un développement sûr’’ de l’intelligence artificielle.

Avant cela, Rome, la capitale italienne avait reçu le 28 février 2020 des représentants des sociétés Microsoft et IBM, venus signer avec le gouvernement italien, sous l’égide de l’Académie pontificale pour la Vie, un ‘’Appel pour une éthique de l’IA’’ visant à assurer un développement de l’intelligence artificielle susceptible « de créer un futur dans lequel l’innovation numérique et le progrès technologique servent le génie et la créativité humaine et non leur remplacement progressif » lit-on sur le site https://www.cairn.info/revue-d-ethique-et-de-theologie-morale-2020-3-page-111.htm.

S.O

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