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Refugiés et réseaux sociaux : Les nouveaux compagnons de la traversée

Publié par Samy YACINE le 17-10-2015, 10h11 | 88
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Le drame des refugiés qui affluent sur les rivages et frontières de l’Europe apporte son lot d’information sur les bénéfices rendus par les nouvelles technologies à ses «exilés» des temps modernes.

Au plan de la symbolique des images ont accompagné ce malheur des temps modernes, à l’instar de celle de ce jeune enfant syrien, Aylan Kurdi, découvert mort sur une plage turque qui a alimenté la toile et suscité beaucoup de compassion et de sympathie avec les réfugiés.

« Après la photo d’Aylan Kurdi mort échoué sur une plage turque et celle du père de famille syrien en larmes à Kos, voici le cliché de deux réfugiés syriens s’embrassant sous une tente sur le quai d’une gare», relate le site www.ladepeche.fr pour qui cette image, «devenue virale sur les réseaux sociaux… n’en finit pas de susciter l’émotion des internautes ». Prise par un photographe hongrois venue voir de ses propres yeux, dit-il autre chose que ce que relaient les medias, la photo a vite fait le buzz sur les réseaux sociaux, notamment après été relayée sur Facebook par un photographe grec. Pour le site, le geste du photographe était sa façon de montrer « un moment de tendresse, semblant oublier le temps d’un instant la misère, l’errance et l’angoisse de l’incertitude. »

Au-delà de cette anecdote, l’usage des nouvelles technologies par les réfugiés constitue un véritable terrain d’enquête de nombreux médias internationaux qui se sont intéressés au quotidien de ces millions de personnes contraintes à l’exil et notamment à l’aide que leur procurent les nouveaux outils numériques de communication.

Sur http://laplumedauphine.fr, un papier mis en ligne le 24 septembre dernier, sous le titre : «Le Smartphone, la bouée de secours des migrants ?», relate l’importance du téléphone portable dans le périple accompli par les réfugiés, depuis notamment la Syrie ; un pays où, souligne ce site, il y aurait 87 Smartphones pour 100 habitants et duquel est arrivé une jeune refugiée, Imane, rencontrée par un journaliste du site du quotidien gratuit 20minutes.fr à Paris ; « « J’ai pris mon fils, nos passeports et mon portable », confie-t-elle affirmant que le téléphone a été sa boussole durant son périple. « Je n’ai pas utilisé d’application de géo localisation, mais j’ai appelé des amis qui étaient déjà arrivés en Algérie. Cela nous a permis de nous rejoindre là-bas pour venir en Europe » ajoute-telle au quotidien gratuit français.

Sur le site de la radio française rfi.fr, Tarek, avocat en Irak avant de se décider à franchir les frontières de l‘Europe, le besoin est clair : « Nous ne manquons pas de nourriture. Le problème c’est d’avoir des téléphones portables pour rassurer nos familles » a-t-il fait savoir sur la chaîne de télé France 24. L’importance du Smartphone et de la connexion internet est illustrée ainsi, par ce jeune avocat : « Quand nous prenons un taxi pour avancer nous savons grâce aux GPS des téléphones s’il s’agit de la bonne route ».

Pour le New York Times qui a interrogé ce phénomène il est certain que le viatique du refugié, durant le périple est ainsi constitué : «Les essentiels du migrant du XXIème siècle: nourriture, abri et smartphone». L’importance du Smartphone s’explique par la capacité de connexion qu’il offre, et qui s’avère vitale pour le refugié tant pour s’informer, s’orienter, avancer etdonner de ses nouvelles. « Whatsapp, Skype, Facebook, Google maps, Google traduction, les migrants utilisent toutes les fonctionnalités pour rassurer leurs familles, se repérer ou traduire les panneaux routiers », souligne laplumedauphine.fr, allant même jusqu’à considérer que « Les smartphones font même de l’ombre aux passeurs. En effet, des groupes Facebook tels que «Voyage de malheur» ont été créés pour aider à voyager et à rejoindre l’Europe sans passeurs».

En promettant, comme le rapporte le journal Daily Mail, de mettre à la disposition de chaque refugié une connexion à Internet, le patron de Facebook Mark Zuckerberg, certainement animé par des ressorts marketing, semble en tout cas avoir compris l’importance vitale de cet accès pour la survie des migrants et la réussite de leur périple

« Je me suis un peu renseigné sur Facebook avant de partir. Je me suis fait voler mon portable en route, après, c’était plus compliqué », explique Jamel, cet autre refugié syrien rencontré à Paris par le site 20minutes.fr qui a relevé que sur le réseau social de Zuckerberg , «des plateformes d’entraide balisent la route vers l’Europe et recensent les meilleurs points de passage, les contacts des passeurs fiables ou ceux à éviter, les cartes ferroviaires ou routières des pays européens, les politiques d’asile, etc. »

L’accès des migrants à la connexion internet leur offre ainsi la possibilité d’aller chercher de l’aide et de la solidarité sur des espaces ouverts à cet effet dans de nombreux pays par des volontaires et autres actifs du mouvement associatif intéressé de venir en aide aux réfugiés

La journaliste de laplumedauphine.fr cite comme exemple deux initiatives, « »CALM» (Comme A La Maison) une plateforme créée par l’association SINGA ou encore de «Welcome Refugees» en Allemagne », dont le but ultime est de «mettre en relation particuliers et réfugiés statutaires à la recherche d’un hébergement. » En Turquie, la communauté des refugiés syriens s’organise autour de l’application Gherbetna qui vise à «leur facilité la vie», en leur procurant, explique laplumedauphine.fr, « offres d’emplois, bons plans pour apprendre le turc, conseils sur les démarches administratives … »

Samy YACINE


La caverne de Mark Zuckerberg

Avant de se lancer dans l’aventure du départ vers l’Europe, beaucoup de refugié effectue leur «e enquête de terrain» sur Facebook où ils vont puiser les bons plans et les bonne astuces. Sur http://8e-etage.fr, on retrouve quelques témoignages recueillis par le Washington Post de ces usages de migrants sur le réseau social. « Quelqu’un peut-il me dire combien ça me coûterait d’aller jusqu’en Allemagne ? Et si quelqu’un a le numéro d’un passeur expérimenté, je lui serais reconnaissant de me le communiquer ». Un exemple de message posté sur Facebook par un candidat irakien à l’exil vers l’Europe. « Des messages semblables, il y en a par dizaines sur les réseaux sociaux, et notamment sur Facebook », souligne ce site qui avance que ces « migrants y trouvent des informations pour bien préparer leur départ sous forme de cartes, de conseils, de contacts de passeurs, voire même parfois ceux d’autres personnes dans une situation similaire. »

La chaîne de télévision américaine Fox News a repris pour sa part, un témoignage d’un autre migrant, syrien, confortant le recours comme ultime aide aux réseaux sociaux :«Sur les réseaux sociaux, j’ai regardé où aller, qui était le meilleur passeur, et de quoi j’avais besoin pour le voyage », indique-t-il.

Les migrants ne sont les seuls à fréquenter les réseaux sociaux, puisque les passeurs aussi s’y mettent pour «vendre leurs services». «Mon numéro est visible sur tous les groupes Facebook, et de plus en plus de monde me contacte » Déclare au Washington Post ce passeur activant en Turquie.


Vision étriquée !

La possession d’un Smartphone par les candidats à l’exil vers l’Europe peut aussi valoir un retour négatif. Comme cette réflexion d’un député d’extrême droite autrichienne qui a aidé à assimiler cette possession à une «richesse futile». Il a en effet posté sur son blog Facebook, des images de la visite d’un officiel allemand dans un camp de refugié, accompagnées de ce commentaire, repris par laplumedauphine.fr : « Visite de la Ministre de l’intérieur allemande dans un camp de réfugiés à Linz: trouvez le nouvel Iphone». Ce qui a provoqué des commentaires sur les réseaux sociaux assimilant le Smartphone à un signe de richesse qui rendrait inutile toute quête de migration vers l’Europe. Comme quoi, un migrant est encore conçu comme un «pauvre et gueux», alors que selon « une étude de l’Office fédéral des migrants et des réfugiés, 78% des migrants arrivés en Allemagne entre janvier 2013 et septembre 2014 viennent de la classe moyenne voire supérieure », rapporte ce même site.

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