Les nouvelles ne sont vraiment pas bonnes pour le réseau social favori des branchés, Twitter, en proie à des difficultés, que l’on pourrait même qualifier d’’existentielles’’.
Au nombre des indices de ‘’mauvaise santé’’, les analystes en retiennent beaucoup, mais principalement deux.
« Alors que les analystes, pourtant peu optimistes, attendaient tout de même une très légère hausse du nombre d'utilisateurs, Twitter a annoncé sa première panne de croissance », rapporte le site du quotidien économique français www.latribune.fr, ajoutant qu’à la différence de « ses rivaux Facebook, Messenger, Instagram ou Snapchat, qui ne cessent de progresser, l'oiseau bleu est resté bloqué à 320 millions d'utilisateurs actifs. Comme au trimestre précédent. Pis : il égare même deux millions de fidèles si on exclut les utilisateurs qui bénéficient d'un service allégé par SMS, soit 305 millions contre 307 millions il y a trois mois ». Cette mauvaise passe en matière de fréquentation est suivie d’un autre score peu reluisant, sur le plan financier où, « le réseau social a également annoncé un objectif de chiffre d'affaires pour le premier trimestre 2016 inférieur aux attentes, entre 595 millions et 610 millions de dollars, alors que le consensus s'établissait à 627 millions », toujours selon latribune.fr qui note que cela survient «alors qu'il n'a toujours pas dégagé le moindre euro de bénéfices depuis sa création. En 2015, la perte nette s'est encore élevée à 521 millions de dollars. »
Depuis quelques semaines déjà, la presse spécialisée se faisait l’écho de rumeurs d’achat de Twitter au motif de ses mauvaises performances. Une situation aggravée par un départ ‘’en série’’ de cadres, et notamment cette vague annoncée fin janvier par le patron de la société Jack Dorsey qui, selon le site www.lesechos.fr « a préféré prendre les devants et annoncer ces quatre départs, soit presque la moitié de l’équipe de direction, alors que la presse américaine en faisait état dès ce week-end et que l’officialisation ne devait avoir lieu que dans le courant de la semaine. » Jack Dorsey s’est déclaré « triste de devoir annoncer qu’Alex Roetter, Skip Schipper, Katie Stanton et Kevin Weil ont choisi de quitter l’entreprise », mais a bien tenu à «rendre hommage à leur travail et leurs qualités », souligne ce même site.
Pour rappel, la société a rappelé en octobre dernier Jack Dorsey, un des patrons fondateurs à qui a été confiée la mission de redresser la barre, ou pour reprendre le site latribune.fr, procéder à « la "facebookisation" de Twitter », car d’après le journaliste de ce site, « l'oiseau bleu s'est rendu à l'évidence : le fonctionnement actuel du réseau social, trop élitiste et complexe, ne lui permet plus d'attirer de nouveaux utilisateurs ». Le nouveau patron a donc commencé par faire le diagnostic pour aboutir à l’idée qu’il est impératif, selon lesechos.fr de « renoncer à une partie de sa singularité et de son identité (le direct et le temps réel) pour s'ouvrir à un public plus large. Parallèlement, il doit aussi mieux monétiser son audience et se rapprocher des marques, comme le fait Facebook, pour engranger toujours plus de revenus publicitaires.»
D’emblée, Jack Dorsey, avait donné un signal fort en proposant ce que le site français www.zdnet.fr a nommé comme une ‘’révolution culturelle’’ ; alors que la marque de Twitter était réputée par l’usage de textes limité à 140 caractères, le nouveau patron aurait donc proposé de porter cette « limite à 10.000 caractères ou environ 2.000 mots », d’après zdnet.fr. Le projet qui verrait le jour fin mars prochain est donc porté à bras le corps par Jack Dorsey qui tient à rappeler que cette limitation n’est pas née avec Twitter mais qu’elle s’est imposée bien après le lancement du réseau social.
L’analyste du site zdnet.fr voit trois principales raisons à la levée de cette ‘’barrière’’, et notamment pour d’abord permettre un élargissement de la base des utilisateurs. « La limitation de 140 caractères a été au départ une des marques de fabrique, un facteur de différenciation, écrit ce site qui voit cependant qu’avec le temps, et « en raison d’une croissance insuffisante de la base d’utilisateurs, cette différence semble davantage être perçue comme un frein majeur », d’où l’idée ajoute-t-il que « faire sauter la limite des 140 caractères pourrait donc inciter certains internautes, effrayés par cette contrainte, cette barrière psychologique, à finalement s'inscrire sur le réseau social et à l'utiliser plus régulièrement ».
L’autre raison pouvant justifier une telle mesure tient au souhait de Twitter de mieux ‘’rentabiliser’’ ses usagers pour se défaire d’une des faiblesses soulignées par les observateurs. « L'oiseau bleu multiplie ainsi les fonctions afin de pousser ses utilisateurs à rester plus longtemps sur son service : outils de sondage, Moments et son format magazine, nouvelle organisation des tweets, ouverture des messages privés... », note le journaliste de zdnet.fr qui considère qu’en supprimant « le verrou des 140 caractères, Twitter permet à ses membres de plus s'épancher et donc de doper le temps passé sur le réseau social ».
Enfin, la suppression de la limite des 140 caractères est également un levier pour ‘’draguer’’ le monde des entreprises à la recherche de nouvelles sources de revenus. « Il y a moins d'un mois, le groupe annonçait un nouveau produit publicitaire : les tweets sponsorisés pourront être insérés et apparaître dans des tweets consultés en dehors de la plate-forme, par des internautes non-inscrits. De quoi toucher 500 millions de personnes par mois, affirme l'oiseau bleu », fait remarquer ce site.
Samy YACINE
Un bon potentiel, tout de même !
Pour le journaliste du quotidien français lefigaro.fr, la société Twitter n’est pas dans une situation désespérée ; « Malmené, Twitter n'en reste pas moins une société attrayante pour les investisseurs », écrit-il, se basant sur une analyse de la chaine économique Bloomberg selon laquelle, « son chiffre d'affaires, parmi les sociétés de cette envergure, progresse bien plus fortement que la moyenne... Ses revenus devraient passer de 2,2 milliards de dollars en 2015 à plus de 3 milliards cette année ». Twitter a fait son entrée en bourse en novembre 2013, et depuis a toujours été objet de spéculations sur un possible rachat. « L'un des scénarios le plus souvent mentionné verrait Google racheter le réseau social », avance lefigaro.fr qui note que ces « deux entreprises ont renoué une collaboration étroite au cours des derniers mois ».
Les algorithmes en renfort !
Dans le sillage des multiples innovations introduites par Twitter, le recours aux algorithmes s’assimile pour beaucoup d’observateurs à de la ‘’facebookisation’’. La plus grande innovation est celle qui a vu introduire des algorithmes pour travailler l’ordre d’affichage des tweets. « Jusqu'à présent, écrit le site latribune.fr, Twitter fonctionnait de manière anté-chronologique : l'utilisateur voyait d'abord les tous derniers tweets. Désormais, il verra en haut de sa page "les tweets les plus intéressants", ceux qui sont susceptibles de lui plaire en fonction d'une série de paramètres déterminés par l'algorithme. Par ailleurs, Twitter a également mie en fonction une nouvelle extension appelée ‘’Pendant votre absence’’ et qui a pour tâche, ajoute ce site de sélectionner, « quelques tweets "intéressants" que vous avez raté lorsque vous étiez déconnecté ».
