Comme annoncé il y a quelques années, en 2016, la consultation des contenus web sur le mobile vient de dépasser celle des autres terminaux et notamment les PC, ouvrant ainsi un nouveau champ d’enjeux pour les géants du net qui ne ardent pas à s’adapter.
Ce mouvement d’adaptation se fera par une série d’innovations axées essentiellement sur des offres en mesure de capter l’utilisateur en lui proposant des contenus conformes à ses attentes, en le maintenant le plus longtemps possible dans le monde virtuel de ces géants et en lui garantissant un rapide débit de téléchargement. Inutile de dire que l’actualité de presse constitue un ‘’met de choix’’ des utilisateurs que vont s’arracher les grandes multinationales de l’internet, principalement Facebook et Apple.
C’est ainsi que le réseau social le plus fréquenté du cyberespace, Facebook a eu l’idée de lancer dès 2015, son fameux Facebook Instant articles qui met à la disposition des utilisateurs d’iPhone un accès aux articles de presse avec comme objectif, explique le site français www.economiematin.fr « de conserver l'internaute sur son application avec un chargement de l'information la plus rapide possible.» Depuis avril 2015 aux Etats Unis et novembre de la même année en France, les utilisateurs « commençaient à voir fleurir des Instant Articles dans leur fil d'actualité, ces articles de presse au format natif Facebook, destinés à une consultation rapide et optimisée sur mobile », note le site zdnet.fr, ajoutant, que, limité « un temps au seul parc iOS, Instant Articles est désormais déployé également sur les plateformes Android ». Dans un papier mis en ligne le 16 février dernier le site www.telos-eu.com, traite de la question sous le titre ‘’Quand Facebook devient distributeur de presse’’ et fait remarquer que depuis « mai 2015, le puissant réseau social propose aux journaux des Etats-Unis et d’Europe la formule ‘’Instant Article’’ ». Le site explique le modèle économique proposé aux partenaires de presse par Facebook qui, écrit-il, « leur rétrocède 70% des recettes publicitaires résultant de cette diffusion mais les médias peuvent aussi décider de commercialiser eux-mêmes ces pages ».
On apprend également que des médias prestigieux ont déja adhéré à Instant articles de Facebook, à l’instar « des titres prestigieux comme le New York Times ou le Guardian » écrit le site poursuivant que pour ce qui concerne la France, « Libération, Le Parisien ou 20 Minutes ont aussi adopté Instant Articles ». L’auteur de l’article avance que le «dispositif présente pour eux l’avantage d’accroître considérablement la diffusion du contenu des journaux et de leur apporter des recettes supplémentaires bien utiles.»
L’autre géant, Apple n’est pas en reste dans cette course aux contenus de presse, puisqu’il a présenté lui aussi, l’année dernière son application News qui permet à l’utilisateur d’accéder à « une sélection personnalisée d'articles de médias partenaires », souligne le site du quotidien économique français latribune.fr qui précise que « News va plus loin que Newstand, le kiosque numérique, lancé en 2011, qu'il remplace ». Apple a, de son côté, été à la recherche de partenaires dans les milieux de l’information de presse ; « Comme Facebook, Apple a présenté une première liste de médias partenaires, qui incarnent le gratin de la presse anglophone : le quotidien britannique The Guardian, le spécialiste de sports américain ESPN, la chaîne d’information CNN, le quotidien américain New York Times mais aussi des acteurs issus du Web comme le groupe Vox Media ou le site de divertissements et d’infos Buzzfeed », souligne le site www.lemonde.fr
La nouveauté du service de la firme à la pomme, selon latribune.fr est qu’il « va héberger directement les articles qu'un algorithme aura sélectionnés en fonction des goûts et des habitudes de lecture de chacun ». Ce qui revient à dire que depuis son iPhone, l’internaute aura la possibilité de lire un article dans sa totalité, depuis l’application, et donc, conclut le site « sans fréquenter le site ou l'application du média en question » note le site du quotidien économique français.
A partir de là, de nombreux analystes commencent à se poser la question sur la pertinence de ce modèle et sur ses impacts sur le modèle économique de la presse. « Les réseaux sociaux comme Facebook s’imposent petit à petit comme des intermédiaires entre les médias et leurs lecteurs. C’est ce que souligne le rapport annuel du Reuters Institute britannique », rapporte le site du quotidien français lemonde.fr précisant que les rédacteurs de ce rapport se sont appuyés « sur un sondage conduit auprès de 20 000 personnes dans 12 pays d’Europe plus les Etats-Unis, le Japonet le Brésil » pour découvrir que « 41 % des sondés ont utilisé Facebook au cours de la semaine écoulée pour trouver, lire, partager ou commenter de l’information, soit une hausse de 6 points en un an ».
Certains estiment que ce nouveau partenariat peut être utile pour le développement du modèle d’affaire de al presse, notamment écrite. « L’avantage de participer aux plates-formes des autres est l’accès à une distribution potentiellement beaucoup plus vaste que celle que nous pourrions espérer atteindre à court terme via nos propres offres numériques», indique le patron du New York Times Mark Thompson à un média spécialisé, cité par le site lemonde.fr
Les avis sont pourtant partagés, certains soulevant même de sérieuses problématiques de fons liées au partenariat imposé par les réseaux sociaux à la presse. « Le contrôle des données sur les habitudes des lecteurs est aussi un point sensible », note lemonde.fr soulevant en filigrane des inquiétudes relatives à la protection de la vie privée. Il cite à l’appui des passages d’un essai annexé au rapport du Reuters Institue, rédigé par Emily Bell, directrice du Tow Center for Digital Journalism, dans lesquels elle constate : « Qu’une organisation comme le New York Times, si soucieux du contrôle de sa marque, choisisse ce chemin, montre à quel point le changement des usages force les entreprises les plus déterminées à faire des compromis »
Samy YACINE
Menaces sur la liberté de la presse ?
Certains analystes vont jusqu’à se poser la question pour savoir si ce nouveau partenariat n’impactera pas l’indépendance des choix éditoriaux, et in fine, la pratique démocratique, socle de base du travail journalistique. Le site www.telos-eu.com a consacré un long papier à cette question dans lequel il traite du rôle des géants de l’internet et relève : « en dépit de leur souhait d’apparaître comme d’honnêtes courtiers, ils ne se privent pas de censurer les contenus qui leur semblent déplacés ou dangereux, sans qu’aucune autorité extérieure puisse intervenir ou même donner son avis et sans que les usagers en soient informés ».
Google pas loin !
Dans la course à l’offre des contenus de presse, le géant de la recherche sur internet, Google a trouvé le bon filon. « Accelerated Mobiles Pages, le nouvel outil créé par Google, permet de lire plus rapidement les journaux en ligne sur smartphones et tablettes », note le site de la radio française www.rfi.frn reprenant une information de l’agence Reuters. L’innovation de Google semble être tombée à pic puisque des études indiquent que les mobinautes ne sont pas disposés à patienter plus de 8 secondes pour l’ouverture d’une page. « Au moment où la lecture de la presse passe de plus en plus par le mobile, c'est un outil crucial dont les journaux ont le plus grand besoin, souligne ce même site précisant qu’un « téléchargement trop lent fait fuir les internautes. Au bout de 8 secondes d'attente, ils passent à autre chose ».
