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Soudan : Les habitants du Darfour se prononcent sur le statut administratif de la région instable du Soudan

Publié par DK News le 11-04-2016, 16h18 | 29
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Les habitants du Darfour dans l'ouest du Soudan ont commencé à voter lundi dans le cadre d'un référendum, prévu sur trois jours, pour se prononcer sur le statut administratif de cette région instable de l'ouest du Soudan.

Les électeurs ont jusqu'à mercredi soir pour se rendre dans les bureaux de vote «protégés par des policiers armés et dont les murs sont couverts d'affiches appelant à une participation massive», selon les médias.

Il est indiqué qu'au total, 1 400 bureaux de vote ont été installés dans 65 localités dans le cadre du référendum devant donner une visibilité sur le statut administratif de cette région ravagée par des conflits.

«Tous les bureaux de vote ont ouvert et aucun problème n'a été relevé», a indiqué Omar Ali Jomaa, chef de la commission électorale. Dans un camp de déplacés situé aux portes de la ville d'El Fasher, capitale de la province du Darfour Nord, un centre de soin accueille les électeurs.

«J'ai voté pour une seule région (capable) de résoudre les problèmes du Darfour», confie Fathiya Adam Hassan, une habitante du camp âgée de 38 ans, citée par l'AFP.En cherchant son nom sur la liste électorale affichée devant les portes du centre de santé, Samia Haroun ne cache pas son soutien pour le maintien d'un système à cinq Etats, également plébiscité par le parti au pouvoir, le Congrès national. «Je veux cinq Etats, je veux que ce choix l'emporte», lance l'électrice.

Malgré la persistance des combats au Darfour, le président soudanais Omar el-Béchir avait souhaité le maintien de cette consultation populaire, boycottée par les principaux groupes rebelles du Darfour. Pour le chef de l'Etat, ce vote fait partie des termes de l'accord de paix de 2011 signé avec une alliance de factions rebelles qui sont en faveur d'une région unique dotée d'une large autonomie.

Mais les groupes rebelles, qui ont refusé de signer ce traité, estiment que le résultat du scrutin serait «dénué de sens, en raison des troubles, beaucoup de personnes, dont les déplacés, ne pourront pas voter». La commission chargée du référendum soutient elle que l'intérêt pour le scrutin est important avec «3.583.105 inscrits sur 4.588.300 qui avaient la possibilité de le faire».

Un chiffre impossible à vérifier de sources indépendantes, notamment à cause d'un accès limité de la presse au Darfour.Les électeurs doivent décider s'ils veulent conserver l'organisation administrative actuelle du Darfour, divisé en cinq Etats, ou les fusionner en une seule et même région.

La première option est soutenue par le président al Béchir, visé depuis 2009 par un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) pour des accusations de «crime de guerre, crimes contre l'humanité et génocide» au Darfour.

Selon les observateurs, celle option risque de renforcer davantage le contrôle du pouvoir sur cette région d'environ 500.000 km2 dont le sous-sol recèle d'importantes richesses (pétrole, uranium et cuivre).

Les insurgés qui s'opposent au gouvernement soudanais depuis 2003 sont partisans de l'unification du Darfour, mais ils ont décidé de boycotter le référendum qu'ils jugent inéquitable. Ils estiment que les combats ne sont pas propices à l'organisation d'une consultation. Depuis mi-janvier, les combats entre les forces loyales au gouvernement soudanais et l'Armée de libération du Soudan (ALS) du chef rebelle Minni Minnawi, ont repris dans la région montagneuse de Jebel Marra, fief du groupe rebelle.Pour lui, comme pour Jibril Bilal, porte-parole du Mouvement pour la justice et l'égalité (JEM), la priorité est le retour des déplacés dans leurs villages.

D'après le Bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires (Ocha), quelque 38 000 personnes auraient fui vers l'Etat du Darfour-Nord. Dans le Darfour centre, le nombre de déplacés est estimé à quelque 50 000 personnes. Selon l'ONU, ces derniers se trouvent dans une situation humanitaire désespérée. La commission d'organisation du référendum a décidé de ne pas accepter l'inscription des habitants originaires du Darfour et vivant à l'extérieur de la région, ce qui exclut de fait plusieurs millions de votants.

La façon dont le scrutin va se dérouler dans les camps de déplacés est jugée incertaine. Beaucoup sont gardés par des forces de maintien de la paix internationales.Le Darfour, où vivent de nombreux groupes ethniques, formait une région unique jusqu'en 1994, date à laquelle le gouvernement l'a divisé en trois Etats: Darfour-Nord, Sud et Ouest. Deux Etats supplémentaires ont été créés en 2012.

En 2003, des groupes armés d'origine non arabe, estimant que leur région était marginalisée par le gouvernement du Soudan se sont rebellés. Depuis, le conflit a fait 300.000 morts selon l'ONU -10.000 selon Khartoum- et plus d'un million de déplacés. Les violences s'y poursuivent mais à une moindre échelle.

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