Le Continent africain doit se doter d’un cadre légal régional lui permettant d’instaurer un système d’identification électronique en vue de sécuriser son économie numérique qui est en plein essor, ont indiqué mercredi à Tunis des experts africains dans le domaine des TIC.
«L’économie numérique commence à prendre forme au niveau du continent d’où la nécessité d’asseoir ce cadre de confiance numérique au niveau de la régionarabe et africaine», a indiqué à l’APS, Mohamed Ben Amor, secrétaire général de l’Organisation arabe des technologies de l’information et de la communication (OATIC) basée à Tunis.
Cet expert s’exprimait en marge d’un atelier sur l’identification électronique et services de confiance dans les régions arabe et africaine organisé dans le cadre du Salon international des technologies de l’information et de la communication dédié à l’Afrique (SITIC Africa) qui se teint du 31 mai au 2 juin au Palais des exposition de Kram à Tunis.
«L’objectif de cet atelier est de sensibiliser les Etats arabes et africains pour avoir une même vision et une approche régionale dans tout ce qui concerne l’économie numérique», a-t-il expliqué. Si dans l’économie traditionnelle les personnes physiques sont identifiées et les transactions sont matérialisées, dans l’économie numérique tout se fait de manière électronique.
«Dans ce nouveau monde appelé communément cyber espace, il est nécessaire d’avoir un système qui permet d’identifier et d’authentifier ces personnes et ces transactions», explique M. Ben Amor. Donc, la certification électronique permet d’asseoir un climat de confiance qui permet aux personnes qui s’adonnent à ces transactions électroniques ou qui traitent dans ce nouveau model économique numérique d’avoir la certitude qu’il y a une certaine confiance établie au niveau de ce cyber space.
L’économie numérique représente une part de 5 à 10% du PIB dans l’ensemble des économies des pays arabe et africains. «10% du PIB est quelque chose de très important pour un pays», selon cet expert tunisien.
L’enjeu pour l’Afrique est de pouvoir animer cette économie numérique pour créer des champions en mesure de créer des applications et créer ainsi de la richesse au niveau du continent.
Or, l’instauration de ce climat de confiance commence d’abord par «la mis en place d’un cadre légal régional», estime pour sa part, Meriem Slimani, coordinatrice chargée de la standardisation et du développement au sein de l’Union africaine des télécommunications (UAT) basée à Nairobi au Kenya.
Cette experte algérienne a présenté lors de cet atelier la convention sur la cyber criminalité adoptée en 2014 par les pays membres l’Union africaine et dont le processus de ratification est en cours.
«La ratification de cette convention est importante pour sa mise en £uvre. C’est une convention qui touche aux transactions économiques, aux données personnelles etc.», a-t-elle souligné.
D’après elle, l’Afrique ne peut pas faire une transition vers l’économie numérique si elle ne met pas au préalable un environnement sécurisé. «Les risques sont énormes : perte d’argent, pertes de données personnelles. Toutes les applications sont sensibles comme les transactions financières, échange de données privées, des contrats...». Outre l’instauration d’un climat de confiance, ce cadre légal régional en matière d’économie numérique permettra aussi à l’Afrique de se positionner au niveau régional et international et défendre ses intérêts face aux autres groupes régionaux qui sont en avance.
«Aujourd’hui, les régions commencent à s’organiser. L’Union européenne a établi son cadre réglementaire pour la certification électronique en vue d’assurer cette homogénéité de ces opérations au niveau régional et aller défendre ses intérêts au niveau international», souligne à ce propos M. Ben Amor.
«Pour notre région, le travail n’a pas encore commencé. Nous sommes en train d’établir une certaine cohésion au sein de nos régions, de créer un cadre régional à travers lequel nous allons faciliter les transactions et aller ensuite discuter de manière forte dans les négociations qui se font à l’échelle internationale», a-t-il ajouté.