Hi-Tech

Succès de la messagerie Snapchat : L’empire de l’insouciance ?

Publié par Samy YACINE le 17-06-2016, 17h58 | 120
|

Lancée il y a à peine quelques années, durant l’été 2011,  l’application Snapchat que beaucoup voyaient comme une mode d’adolescents qui n’allait pas faire long feu commence à prendre de l’ampleur, se permettant même le luxe de dépasser Twitter et de faire un pied de nez à Facebook, qui reste tout de même maître des réseaux sociaux.

Les indicateurs de fréquentation fournis cette semaine par la presse spécialisée confirme l’avancée de l’application  en nombre d’utilisateurs et devrait « dépasser pour la première fois cette année aux Etats-Unis celui des réseaux Twitter et Pinterest, estime ce mercredi la société de recherche eMarketer », rapporte le site du quotidien d’information gratuit www.20minutes.fr qui précise, sur la base de données publiées par l’agence Bloomberg que  « Snapchat serait déjà devant Twitter au niveau mondial (150 millions d’utilisateurs contre 140 millions) », et qu’elle  « devrait voir sa base d’utilisateurs américains grimper de 27,2 % à 58,6 millions cette année ».

L’attrait de cette application dont les messages s’autodétruisent après quelques secondes se confirme chaque jour un peu plus surtout auprès des publics les plus jeunes. « Les 18-24 ans représentent 34 % de la base d’utilisateurs de Snapchat aux Etats-Unis et les 25-34 ans 27 %, mais c’est chez les moins de 12 ans que la croissance du service est la plus forte, avec un bond de 42,9 % attendu cette année », lit-on sur le site 20minutes.fr qui se fait l’écho de certaines indications  fournies  cette semaine, selon lesquelles  Snapchat se placerait ainsi juste devant Twitter qui enregistre 56,8 millions d’utilisateurs, « tandis que Pinterest, qui permet d’épingler des photos sur certains centres d’intérêt, devrait émarger à 54,6 millions ».

Avec tout cela,  Snapchat restera encore derrière l’application  phare de Facebook, Messenger dont le nombre d’utilisateurs dépassera les 105 millions en 2016 et devrait atteindre plus de 139 millions à l’horizon 2020.

L’application  bâtit sons succès par l’attrait du monde politique soucieux de conquérir les plus jeunes, à l’instar des hommes politiques américains qui passent tous leurs messages sur Snapchat pour s’adresser aux jeunes publics.

« Cory Booker a fait de son smartphone une extension de son corps. Même le visage dégoulinant de sueur après un jogging, en train de fredonner du David Guetta dans sa voiture ou encore à la sortie d'un vote au Sénat, cet élu démocrate de l'État du New Jersey a souvent le bras tendu vers le ciel, les yeux fixés sur la caméra de son téléphone pour tout documenter de sa vie », explique le site du quotidien économique français lesechos.fr, dans un long papier  de sa correspondante à San Francisco  mis en ligne le 10 juin dernier, sous le titre ‘’ Snapchat, le péril jeune de Facebook’’, dans lequel il revient sur la pratique de cette application par les hommes politiques américains.   

    Outre cet ancien maire de  Newark (Etat du New Jersey), d’autres hommes politiques à l’instar du président Obama, des candidats à la prochaine présidentielle, empruntent ce canal pour toucher les jeunes. Quelques jours après cet élu, « la Maison-Blanche ouvrait un compte Snapchat au président Barack Obama. Les candidats à la primaire démocrate, Bernie Sanders et Hillary Clinton, ont également pris d'assaut le réseau social », note lesechos.fr

Prise comme un phénomène nouveau dans l’usage des médias numérique par les jeunes, l’application Snapchat a fait l’objet de nombreuses études en sciences sociales pour tenter de décortiquer ce ‘’mystère’’.

Pour Cathy Boyle, analyste chez eMarketer, cité par le site 20minutes.fr, Snapchat a su surfer sur une nouvelle tendance comportementale des jeunes : « Snapchat exploite un changement clé dans le comportement du consommateur : le désir pour une communication intime entre deux personnes ou à destination de quelques-unes. Ce désir est particulièrement fort chez les Millennials (la génération née entre le début des années 1980 et celui des années 2000, ndlr) et les plus jeunes consommateurs qui n’ont pas de liens forts avec les réseaux sociaux traditionnels », explique-t-il.

Aussi, le caractère éphémère des messages est il mis en avant comme un atout important pouvant expliquer le succès de l’application.  « Il n'y a pas de replay possible, ce qui force les utilisateurs à revenir régulièrement pour ne pas manquer un épisode », explique Ben Bajarin, analyste chez Creative Strategies, cité par lesechso.fr qui cite l’avis d’une autre experte danah boyd, spécialiste des adolescents et des médias sociaux chez Microsoft qui mise, de son côté sur le fait que Snapchat ne se contente pas seulement d’être un outil de distraction, mais parvient surtout  à capter l’attention. « Au lieu d'être encore une nouvelle distraction, Snapchat invite à se concentrer », affirme cette chercheuse, reprise par le site lesechos.fr

Le lancement en janvier 2015 de l’application Discover a ainsi été vue comme une belle réussite dans son entreprise de ‘’monétisation’’ de cette attention. Il s’agit d’un onglet dans lequel 21 éditeurs de presse traditionnels, triés sur le volet,  « produisent chacun un mini ‘’JT ‘’ composé de vidéos, d'animations, de graphiques et d'articles, qui disparaît chaque jour », explique lesechos.fr

Le succès a vite été au rendez vous puisque le nombre de vidéos vues avec cette application a explosé pour atteindre fin avril, plus de 10 milliards ; « soit 20% de plus que les chiffres de Facebook publiés en novembre... qui a pourtant onze fois plus d'utilisateurs actifs quotidiens », souligne lesechos.fr, avant d’ajouter : « Certes, les deux réseaux n'ont pas les mêmes méthodes de comptabilisation, mais la réussite de Snapchat irrite au plus haut point Mark Zuckerberg, le patron de Facebook ». C’est le moins que l’on puisse dire.

Mark Zuckerberg ne pèse pas

Au début de la généralisation du succès de l’application Snapchat, en 2012, le patron, de Facebook, Mark Zuckerberg, inquiet de voir quelqu’un brouter dans ses pâturages, contacte Evan Spiegel le jeune patron de l’application pour lui dire son admiration pour ce qu’il fait et lui proposer de prendre un pot pour en discuter et surtout « en savoir plus sur ta vision du produit », indique-t-il dans son message dans lequel il l’invite à passer au siège de Facebook. Pas impressionné par cette invitation, Evan Spiegel répond par un bref message dans lequel il lui indique : « Merci : je serais heureux de te rencontrer- je te dirai quand je suis dans le coin», rapporte le site lesechos.fr, ajoutant que  « ce sera finalement Marc Zuckerberg qui ira à sa rencontre lors d'un voyage à Los Angeles ».

Aux sources du succès

Le site www.20minutes.fr a consacré un long papier aux différentes recherches universitaires ayant traité de l’application Snapchat. Dans ce care, il cite  les travaux de Sophie Jehel, maître de conférences à Paris-VIII et spécialiste des questions relatives aux médias et aux jeunes qui estime : « L’objectif qu’il y a à se photographier ou filmer en permanence peut être intrigant pour les non-initiés. Mais cela correspond à des formes de sociabilité fusionnelle qui existent à l’adolescence ».

Sur un autre plan, l’université du Michigan (Usa) a réalisé une étude sur l’impact des utilisations interactives du Smartphone sur  l’humeur  de l’usager. Après avoir posé une série de six questions à 154 étudiants, âgés de 18 à 22 ans, elle a conclu « que Snapchat était considéré comme le mode de communication le plus ‘’enrichissant’’ », indique le site, ajoutant que  « les émotions associées aux interactions sur Snapchat sont plus positives que celles ayant lieu sur Facebook et via les autres modes de communication : SMS, e-mails, appels, Twitter… »

 

 

 

|
Haut de la page

CHRONIQUES

  • Walid B

    Grâce à des efforts inlassablement consentis et à une efficacité fièrement retrouvée, la diplomatie algérienne, sous l’impulsion de celui qui fut son artisan principal, en l’occurrence le président de la République Abdelaziz Bouteflika, occupe aujour

  • Boualem Branki

    La loi de finances 2016 n’est pas austère. Contrairement à ce qui a été pronostiqué par ‘’les experts’’, le dernier Conseil des ministres, présidé par le Président Bouteflika, a adopté en réalité une loi de finances qui prend en compte autant le ress

  • Walid B

    C'est dans le contexte d'un large mouvement de réformes sécuritaires et politiques, lancé en 2011, avec la levée de l'état d'urgence et la mise en chantier de plusieurs lois à portée politique, que ce processus sera couronné prochainement par le proj

  • Boualem Branki

    La solidité des institutions algériennes, la valorisation des acquis sociaux et leur développement, tels ont été les grands messages livrés hier lundi à Bechar par le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales Nouredine Bédoui.

  • DK NEWS

    Le gouvernement ne semble pas connaître de répit en cette période estivale. Les ministres sont tous sur le terrain pour préparer la rentrée sociale qui interviendra début septembre prochain.

  • Walid B

    Dans un contexte géopolitique régional et international marqué par des bouleversements de toutes sortes et des défis multiples, la consolidation du front interne s'impose comme unique voie pour faire face à toutes les menaces internes..

  • Walid B

    Après le Sud, le premier ministre Abdelmalek Sellal met le cap sur l'Ouest du pays où il est attendu aujourd'hui dans les wilayas d'Oran et de Mascara pour une visite de travail et d'inspection.